Le dirigeant indépendantiste corse Jean-Guy Talamoni a réclamé jeudi à Ajaccio la libération des prisonniers « politiques » corses dès son élection à la présidence de l’Assemblée de Corse, et tendu la main « à tous les Corses », appelant à la « réconciliation » de la communauté.
« Demain, nous obtiendrons l’amnistie des prisonniers et des recherchés (…) et personne ne pourra s’opposer à cette volonté populaire », a déclaré M. Talamoni dans son discours d’installation à la présidence de l’assemblée.
Les nationalistes réclament la libération de 25 prisonniers que Paris refuse de qualifier de « politiques ».
Dans la foulée de la victoire dimanche des nationalistes corses au second tour des élections territoriales, M. Talamoni a obtenu jeudi les 24 voix des élus nationalistes sur les 51 sièges de l’Assemblée. Le candidat de la gauche, Paul-Marie Bartoli, a obtenu 12 voix et celui la droite, Camille de Rocca Serra, 11. Quatre élus ont voté blanc.
C’est la première fois, depuis la création de l’assemblée en 1982, qu’un nationaliste occupe cette fonction.
« En votant pour les nationalistes, le peuple corse a dit que la Corse n’était pas un morceau d’un autre pays mais une nation, avec sa langue, sa culture, sa tradition politique, sa manière d’être au monde », a ajouté M. Talamoni qui a prononcé tout son discours de neuf minutes en corse.
Il a ajouté que « le peuple corse a voulu qu’un indépendantiste soit président de cette assemblée, sanctuaire de la démocratie corse (…) et qu’un nationaliste soit président du Conseil exécutif ». Le maire de Bastia Gilles Simeoni devait être élu en fin d’après midi président de ce conseil, mini-gouvernement de la Corse.
M. Talamoni a affirmé que les nationalistes « tendaient la main à tous les Corses, mais aussi à ceux qui sont arrivés chez nous il y a peu et qui sont venus en amis pour partager notre destin ».
« Demain, tous ensemble, nous travaillerons au bien commun », a-t-il poursuivi, demandant aux adversaires des nationalistes « d’abandonner leur peur ».
« L’heure est venue de la réconciliation de notre communauté avec elle-même », a-t-il déclaré ajoutant que « la Corse appartient à tous les Corses et le gouvernement national, le premier depuis le 18è siècle, sera celui de tous ».
« Nous sommes arrivés ici avec tous ceux qui, comme nous, ont toujours combattu les autorités françaises sur la terre de Corse », a également déclaré M. Talamoni, évoquant notamment « tous ceux qui depuis 1768 n’ont cessé de combattre pour que la Corse demeure une nation ».
« Nous sommes arrivés ici avec les soldats de (Pascal) Paoli (ndlr: père de l’indépendance corse) tombés à U Borgu et à Pontenovu (ndlr: défaite des Paolistes contre les Français), nous sommes arrivés ici avec les militants du Front (de libération nationale de la Corse) morts pour la Corse », a-t-il dit.