(MEDIABASK) Les élections territoriales de 2015 ont consacré les nationalistes corses. Avec 35 % des suffrages et 24 sièges, passant à deux doigts de la majorité absolue. Rien d’étonnant pour l’indépendantiste Jean-Guy Talamoni. Quelques heures avant l’élection des deux nouveaux présidents, le candidat à la présidence de l’Assemblée voit dans cette victoire la logique d’un peuple corse rallié aux idées défendues par l’union « Pè a Corsica ».
Comment expliquez-vous votre victoire ?
Jean-Guy Talamoni : Elle vient de la jonction des deux courants historiques du nationalisme, pour simplifier les autonomistes d’un côté (Femu a Corsica, mené par Gilles Simeoni, ndlr.) et le courant clairement indépendantiste de l’autre (Corsica Libera, conduit par J-G. Talamoni ndlr.). L’heure de l’union était manifestement arrivée. En quelques heures, elle a déclenché un enthousiasme très important et, entre les deux tours, une véritable déferlante s’est abattue sur la classe politique qui était au pouvoir depuis des décennies. Nous sommes aujourd’hui en situation d’exercer le pouvoir dans la collectivité territoriale de Corse. Dans les heures à venir, l’exécutif sera élu et nous allons nous mettre immédiatement au travail au bénéfice de l’ensemble des Corses, non seulement des nationalistes.
Comment expliquez-vous que les élus corses issus des partis traditionnels de l’Hexagone aient accepté et voté des points que vous, nationalistes, défendez, comme l’officialisation de la langue corse, la réforme sur les résidents… Est-ce parce que ces points sont anticonstitutionnels, pas encore appliqués, ou sont-ils réellement acceptés ?
J-G. T : Je crois qu’au cours de la précédente mandature, nos idées sont devenues majoritaires au sein de la société corse, même si la majorité n’était pas nationaliste. Les élus de l’Assemblée qui n’étaient pas nationalistes ont simplement suivi leurs électeurs et les mouvements de la société. C’est pourquoi ils ont voté des orientations qui étaient les nôtres et que nous avons toujours défendues. Sur ce scrutin, les Corses sont allés au bout de leur logique. Ils ont confié aux nationalistes les rênes du pouvoir corse. Il est effectivement plus logique de voir des idées portées par les nationalistes mises en œuvre par les nationalistes eux-mêmes. Il n’y a rien de très surprenant dans tout cela. Si ce n’est l’ampleur de la victoire de dimanche soir (35,34 % des suffrages, soit 50 000 voix, ndlr.).