#Corse [Euskal Herria] Corsica Libera : « Le pas décisif d’ETA »

Jeudi 20 octobre, dans un communiqué en ligne sur le site du journal Basque GARA, l’organisation politico-militaire ETA a annoncé « l’arrêt définif de son action armée ». Cela intervient plusieurs mois après son annonce d’un « cessez le feu permanent et vérifiable » et après le succès politique de la gauche patriotique (coalition BILDU) aux élections locales. La situation est historique. Les indépendantistes légaux ont pesé sur cette décision, pour réinvestir le champ politique et sortir de l’impasse militariste basque, c’est à dire une violence de plus en plus orientée vers la société basque elle-même, alors que des objectifs politiques sont déja atteints (institutions, langue). Alors que la répression frappe fort.  Ils en paient malgré tout le prix fort avec la condamnation à 10 années de prison de leur ex leader OTEGI. Mais ils sont sortis de l’isolement politque, par le haut. Peu avant ce communiqué, l’organe issu d’ETA qui servait d’organe de direction poltique a annoncé son autodissolution.

Ce communiqué s’inscrit dans la suite d’une importante Conférence internationale qui a eu lieu le 17 Octobre à San Sebastian, en présence des fameux médiateurs internationaux qui se penchent sur le conflit basque (parmis lesquels KOFI ANANE ancien secrétaire général de l’ONU  ! ). Les principaux acteurs politiques et sociaux basques étaient présents, malgré la bouderie officielle du Parti socialiste d’Euzkadi qui gouverne la communauté autonome. La conférence demandait publiquement en premier lieu cet abandon définitif de la violence politique. C’est chose faite. Comme le soulignent à la fois  ETA et cette conférence, c’est la « société basque  » qui devient un moteur de la résolution du conflit. L’organisation salue « la grande importance historique de la conférence , contenant les ingrédients pour une solution intégrale au conflit ». Elle lance un appel aux gournements espagnols et français pour ouvrir « un processus direct qui aura comme objectif la résolution des conséquences du conflit« . Comment cet appel sera entendu ?

Le gournement espagnol issu des prochaines éléctions générales devra s’asseoir à  la table de la solution politique et institutionnelle. Mais quelle que soit l’évolution  Statutaire , il faudra en passer par ce que les militants basques appellent « le droit de décider » (principe d’autodétermination du peuple basque). La relégalisation de toute la gauche Abertzale est aussi une étape inévitable. Les conséquences du conflit, ce qui était était appelé « la deuxième  table » lors du processus avorté de 2008,   concernent le désarmement et la questions des Etarras prisonniers : 140 en France, 600 en Espagne. La France devra emboiter le pas des mesures espagnoles en leur faveur, elle devra aussi avancer sur la reconnaissance « territoriale » des Basques en France.

Toutes ces perspectives et ces espoirs ont eu un écho en Corse. Après l’Irlande (IRA) et le Pays basque (ETA) , la Corse (FLNC) resterait le seul conflit national  armé non-réglé en Europe. Le Parlement européen s’est prononcé  en faveur d’un règlement de paix au pays basque, en soutenant la médiation internationale.

Le député européen nationaliste FRANCOIS ALFONSI (PNC-Europe écologie/Verts) a salué le pas de l’ETA : « Je n’imagine pas que la Corse reste en dehors de ce mouvement d’ensemble » a-t-il déclaré dans un communiqué.

Pour CORSICA LIBERA , PAUL-FELIX  BENEDETTI s’est exprimé sur RCFM sur cette annonce.  Il s’est félicté du processus de règlement basque et de son état d’avancement, tout en rappelant qu’avec une problématique plus simple, un tel processus n’est pas enclenché, en Corse d’abord, puis avec l’Etat français.

Car là aussi, bien que rien ne soit strictement comparable on le sait bien, les ingrédients existent. Ils sont malheureusement unilatéraux.  Du coté du courant patriotique,  des propositions sont depuis longtemps sur la table pour enclencher les choses : l’obtention du  droit de légiférer, la reconnaissance du peuple corse, de sa langue , de sa citoyenneté… Des choses que les Basques d’Espagne ont en main depuis des décennies…

Entre la Corse et l’Etat français , un pas décisif devra donc être franchi, car pratiquement rien n’a bougé depuis le Statut JOXE. Trente anni fà. Nous serons à même d’en juger lorsque le pouvoir français issu des urnes du printemps prochain devra répondre politiquement à des demandes fortes de l’Assemblée de corse qui reprennent des fondamentaux nationalistes : officialité de la langue, foncier et citoyenneté.

Pour la Corse aussi, comme dans les deux cas précédents, la question du recours à une médiation internationale est primordiale. CORSICA LIBERA s’était exprimé dans ce sens dans ses communications de son Assemblée générale et des Ghjurnate 2010.

Corsica Libera

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