L’actu des blogs politiques : Edmond Simeoni : « Elections territoriales 2015 : Lettre aux écologistes »
« Cari amiche é amichi
Quand j’ai fait mes premiers pas, à Marseille, dans la contestation corse en 1960 –création d’une Association des étudiants corses des Bouches du Rhône-, à propos de l’affaire de l’Argentella, je ne savais pas avec nos 650 camarades étudiants insulaires que l’initiation serait politique et .. écologique . Cet aspect devait s’accentuer avec force jusqu’à aujourd’hui tant les deux domaines sont intriqués. Toute la Corse de l’île et de nombreux corses de la diaspora s’étaient mobilisés ; le succès fut au rendez-vous ; Paris renonça à sa base d’expérimentations nucléaires.
Nous tirâmes deux leçons; l’action est nécessaire face à l’arbitraire ; l’unité dans la lutte est primordiale. De retour dans l’île, comme médecin, en 1965, j’allais m’engager à fond dans le combat d’émancipation du peuple corse. En 1967, naissait l’ARC, à Vizzavona qui mena de luttes dures de terrain puis naquirent d’autres mouvements comme le FRC, le PPC etc… En 1972, nous ne savions pas, quand le journaliste Aimé Pietri dénonça la pollution du canal de Corse par la Montedison, avec ses boues rouges, toxiques, que la création, à Bastia, « d’un Collectif contre les boues rouges » était un précurseur dans ce type de combat car le concept d’écologie n’existait pas ; il regroupait des gens de toutes les opinions, de toute la société, depuis le pêcheurs jusqu’aux scientifiques, en passant par, les salariés, le commerçants, le hôteliers, les professions libérales, les agriculteurs et des défenseurs de la nature.
Un travail acharné d’information, dans toute la Corse, dans la diaspora, a abouti à une sensibilisation et à une mobilisation de l’île qui ont culminé avec l’occupation de la sous-préfecture de Bastia, en Février 1973 qui fut mise à sac ; un bateau pollueur le Scarlinu a été plastiqué en Italie ; José Stromboni et d’autres ont dénoncé, à Beyrouth, le colonialisme français. J’ai effectué 10 jours de prison à Bastia et ma détention a cessé avec la grève générale et une journée Isula Morta. Les aspects juridiques du problème ont été traités avec succès par Me Christian Huglo, mandaté par le département de la Corse, les Prud’homie des pêcheurs de Bastia et la Ville de Bastia. Le trust, la Montedison a été condamné et a cessé ses activités polluantes.
Les leçons étaient claires, évidentes : seule la lutte, unitaire, paie ; les manifestations publiques peuvent dégénérer gravement ; politique et écologie avaient désormais partie liée Puis ce furent des années de luttes ardentes jusqu’à Aléria 1975, la naissance du FLNC en 1976, la naissance du Comité Anti-Vaziu en en 1978 puis du Garde et de la Cuncolta ; les évènements de Bastelica Fesch, contre les barbouzes de Francia en 1980 ont secoué la Corse.
U Levante nait in Corti en 1988 ; il devient le chef de file, remarquable, de la contestation écologique organisée, efficace, d’une phalange qui comprendra au sein du Collectif Loi –Littoral jusqu’ 28 associations de défense de L’Environnement ; les derniers en date sont le Collectif du Pumonte, Zeru Frazu, l’Associu pè Arena. Nationalistes et écologistes travaillent de manière séparée mais convergente et même ensemble, sur de nombreux dossiers, à l’intérieur de Collectiffs comme contre l’Incinération ; la litanie des luttes récentes et victorieuses est impressionnante : abandon de l’Incinérateur rejet du Padduc précédent, Centrales désormais prévues au fuel léger puis au gaz……Le Levante, le Collectif Loi Littoral sont très efficaces contre l’urbanisation illégale ( annulation de permis, de 19 Plu par le TA de Bastia etc…) Nous avons été présents dans la lutte pour connaitre la vérité et obtenir les réparations sur Tchernobyl ; nous avons été très présents dans la lutte, dans la défense du site de Scandola ; de même, suite à la crise aigûe des Déchets , comme le Collectif du Pumonte, et avec le Collectif Zeru Frazu, récemment créé.
Désormais, les errements du Syvadec et de la CTC où nous avons multiplié en vain les mises en garde, sont connus en la matière et les choix deviennent enfin rationnels ( tri, compostage etc), avec l’abandon du TMB à Tallone. Le mouvement national a apporté, avec les écologistes, une contribution à la création et à l’adoption du nouveau Padduc. Mai les difficultés demeurent car l’Etat et le système de clientèle sont soit indifférents, soit rétifs à la protection de nos rivages ; l’hypothèque des déchets n’est pas levée et les échecs sont là avec la construction démentielle des résidences secondaires qui avoisinent le chiffre de 77.000 !!! une progression majeure depuis 1975 !!!! Avec ses luttes, le peuple corse centré la défense de son Patrimoine, aidé par les forces de progrès, les Associations, adossé à la création du PNRC, créé par François Giacobbi, encouragé par le concours très bénéfique du Conservatoire du Littoral que préside Nicolas Alfonsi, a obtenu ou arraché de nombreux organismes ou projets dédiés à la défense de l’Environnement : Parc marin de Bonifaziu, Aires marines protégées, Parc Marin du Cap Corse, Conservatoire de Scandola, Réserve de Biosphère à Galeria, en 1977., Piana et Portu classés au patrimoine mondial de l’humanité…. Les nationalistes et les écologistes, outre leur passé de lutte commun respectif, l’attachement aux valeurs de l’humanisme, veulent construire démocratiquement, sans violence, un Pays émancipé, développé, plus juste et plus solidaire, dans le cadre de l’Union Européenne et de la Méditerranée
Nos luttes nous ont opposé de tout temps à l’Etat centralisateur et au clanisme corse pour combattre leur politique néfaste à l’égard de la Corse. Aujourd’hui, nous avons l’occasion démocratique de défaire le clanisme, non soluble dans la démocratie, archaïque, inefficace et d’amener l’Etat au dialogue ; il suffit de construire publiquement une plateforme, un lieu de convergence des idées, de la soumettre au peuple et constituer un gouvernement régional large, sur la base d’un contrat de mandature.