Il y a loin d’un sondage à l’élection, mais, quelles que soient les marges d’incertitude, c’est manifestement un signe encourageant de voir Femu a Corsica sortir en tête avec 18% des voix au premier tour. Cette élection des 06 et 13 décembre 2015 sera un sprint de quelques semaines à peine. Son issue peut marquer durablement la vie politique en Corse.
Avec un total de 27% des voix au premier tour (18% pour Femu a Corsica, 8% pour Corsica Libera et 1% pour u Rinovu) les nationalistes retrouveraient grosso modo leur total de 2010 (18,4% pour Femu, 9,35% pour Corsica Libera, soit 27,75% au total). Cette stabilité à un haut niveau, atteint à la surprise générale il y a cinq ans, serait la confirmation de notre ancrage électoral, notamment pour Femu a Corsica à la suite de la victoire enregistrée à Bastia aux municipales. En fait on peut sans doute faire mieux car la campagne commence à peine et l’effet de mobilisation des très nombreux militants et sympathisants regroupés dans Femu peut largement améliorer le score final.
La droite « unie » dépassait difficilement les 21% en 2010 (21,34%), et atteignait à peine 25% en y ajoutant les centristes ou apparentés. Les sondages 2015 prédisent un score cumulé de 29%, avec un avantage pour Camille de Rocca Serra (16%) devant José Rossi (12%), la liste Debout la France apportant 1% en complément. Cela traduirait un redressement pour la droite insulaire déjà sensible aux élections cantonales de mars dernier. Mais il est de plus en plus évident que l’addition des listes et des voix entre les deux tours sera difficile à réaliser, tant les fossés se sont creusés, notamment dans le sud où le conflit au Conseil Général a laissé de profondes séquelles.
La gauche dépassait les 40% en mars 2010. Toutes listes confondues, Paul Giacobbi (12%), Dominique Bucchini (7%), Jean Zuccarelli (5%), Jean Charles Orsucci et Emmanuelle de Gentile (4% chacun), le total serait ramené à 32%. Et le regroupement de tous entre les deux tours est devenu plus qu’hypothétique tant le fossé apparaît infranchissable désormais entre zuccarellistes et giacobbistes, et même entre les différentes chapelles.
Toujours selon ce sondage, le Front National récupérerait 12%, et pourrait se maintenir entre les deux tours, obtenant pour la première fois depuis bien longtemps, des élus au sein de la future Assemblée.
Ce sondage n’est qu’indicatif, mais il doit nous mobiliser sur plusieurs plans. D’abord pour que Femu a Corsica obtienne le meilleur score possible car notre marge de progression est encore importante. Dans un climat électoral atone, nous pouvons trouver des courants porteurs comme cela avait été le cas en 2010, ce qui nous avait assuré 8% de progression entre les deux tours. C’est l’enjeu majeur du scrutin désormais. Les semaines qui viennent seront fondamentales.
Le potentiel des voix nationalistes pèse durablement un tiers de l’électorat corse. À ce niveau, le mouvement national est potentiellement en place pour accéder aux responsabilités. Depuis 2010, les conditions sont nouvelles puisque la décision d’arrêt de la clandestinité prise par le FLNC en juin 2014, parfaitement respectée depuis 18 mois, permet de facto la jonction entre des listes qui sont concurrentes au premier tour. Chacun affirme son intention de prendre en main les destinées de la Corse en participant à l’Exécutif. Il est clair pour tous que les rapprochements à envisager entre les listes nationalistes seront déterminants pour cela. Sommes-nous mûrs pour cette éventualité ? Le plus tôt sera bien sûr le mieux !