Francis Nadizi ne pouvant être tête de liste (Incompatibilité de fonction- Inspecteur de l’Education nationale). Dans les années 80, il était fonctionnaire à la collectivité corse, encarté RPR (futur UMP et Républicains aujourd’hui). Il s’était fendu alors d’une tribune libre dans le journal Kyrn, se disant pour l’indépendance de la Corse…
Société de proximité
Il a laissé sa place à Christophe Canioni (imprimeur à Bastia). Son frère aurait dû conduire la liste de Jean-François Baccarelli (celui-ci, que je connais, venait des rangs nationalistes avant de rejoindre l’écologie politique de droite, même s’il votait chaque fois pour le clan Zuccarelli au second tour ne pouvant se présenter pour mauvais comptes de campagne aux dernières élections municipales) mais avec ce changement de tête de la liste FN, la liste Baccarelli jette l‘éponge… Je connais Christophe Canioni, qui, il y a quatre ans, peu après son retour en Corse pour s’installer comme imprimeur, m‘avait commandé deux ouvrages (sur le nationalisme corse et le FLNC) pour sa maison d’édition « Anima corsa »… C’était avant son investissement progressif au sein de la mouvance Marine Le Pen. Je connais aussi Marie-Xavière Filippi (N° 2). Elle avait été membre de l’Associu di i Parenti Corsi a l’école annexe d’Ajaccio, durant les années où des enseignants et parents d’élèves de cette école se mobilisaient pour empêcher la mise en place d’une école bilingue au sein de l’Ecole annexe, ce qui suscitait certaines tensions. Elle avait finalement quitté la liste et l’APC, « pour ne pas se heurter avec la directrice de l’école» qui alors faisait campagne pour une liste contre l’APC et la filière bilingue avec d’autres parents et enseignants. Son père est un vieux militant de l’ARC et de l’UPC (autonomistes des années 70-90).
On voit ainsi très bien, (au travers de ces exemples) la difficulté de faire de la politique en Corse comme partout et les soucis qui peuvent naître d’une société de proximité (voire de porosité) où « tout le monde se connait ou connait quelqu’un qui connaît… ». Mais au-delà d’un quelconque jugement personnel sur les personnes, je ne peux comprendre leur implication dans un mouvement lepéniste qui de tous temps a toujours été opposé à nos revendications spécifiques et au mouvement nationaliste corse, demandant même dans les années 70-80 la « peine de mort pour les terroristes du FLNC ». Son leader d’alors en Corse n’hésitant pas, après avoir mené une guérilla contre tout ce qui se revendiquait d’une spécificité corse à la Région, (faisant entre-autres geler les crédits de l’università di Corti) et était même allé jusqu’à me menacer publiquement de mort (avec mes deux camarades élus à l’époque). A l’époque, le FN faisait alors, sans que cela pose de problèmes, partie de la majorité RPR/Radicaux de Gauche à l’Assemblée, tous ligués alors contre les nationalistes corses.
Le score prévisible du FN
En Décembre prochain, le FN de Corse réalisera sûrement un bon score, se rapprochant des scores du FN des années 70-80 (Entre 11 et 15 % à l‘époque). Il bénéficiera en premier lieu d’un vote idéologique (la grande France unie et indivisible, la loi française, l’ordre français, la priorité en tout aux Français..). Marine Le Pen ayant le vent en poupe en France, cette dynamique jouera aussi un rôle en Corse, au-delà de la composition de la liste FN, mais elle bénéficiera aussi des peurs engendrées par la « crise des migrants » et un racisme primaire anti-arabe, présent dans notre société, qui s’exprimera sûrement au plan électoral cette fois-ci.
Malheureusement au vu des diatribes et horreurs véhiculées sans retenue et sans vergogne sur les réseaux sociaux par certains irresponsables, ou « pseudos révolutionnaires virtuels», il est à craindre que même des électeurs nationalistes corses ne se laissent entraîner dans cette voie néfaste et porteuse de graves dangers pour l’avenir de la Corse et du peuple corse.
Le dilemme de l’électeur moyen
Comment faire la part des choses pour l’électeur moyen, sincère ou instrumentalisé par les uns et les autres pur ne pas être déboussolé voire manipulé par rapport à une telle situation sensible ? Entre les positions de ceux qui, prônant un cosmopolitisme et un laxisme total en matière d’immigration et d’accueil en Corse, ne comprennent pas qu’il faut aussi de temps en temps revenir à la dangereuse réalité des chiffres dans ce domaine, et ceux qui oublient les traditions d’hospitalité, de solidarité, d’intégration et d’accueil qui ont fait la force de la Corse dans l’histoire pour se laisser instrumentaliser par de prétendus porteurs de solutions (à savoir Marine Le Pen ) à des problèmes en la matière (qui existent, il ne faut pas se voiler la face), oubliant ou occultant le fait, d’une part que l’immigration incontrôlée est la conséquence de politique ultra-libérale imposée à l’île en matière de pseudo-développement économique basé sur la mono-industrie du tourisme, et que d’autre part le peuple corse n’a pas pour l‘heure les moyens régaliens ou législatifs de contrôler les flux migratoires sur sa terre… Ce n’est sûrement pas toujours simple et facile pour les électeurs de faire la part des choses sur des sujets aussi sensibles et aussi médiatisés.
La « crise des migrants »
La « crise des migrants » (et l’annonce de l’installation de quelques familles dans l’île) a déchaîné les passions et relancé ce débat de l’immigration en Corse… Et les amalgames plus ou moins voulus se sont multipliés. C‘est ainsi que sous couvert de lutte contre l’islamisme radical, beaucoup ont trouvé là l’occasion de condamner l’Islam en général et bien entendu l’immigration arabe dans l’île… en oubliant au passage que cette immigration aujourd’hui a diminué par rapport à l’immigration européenne (portugaise et Europe de l’Est..) que nombre de ces immigrés arabes sont en Corse depuis deux voire trois générations et que les jeunes maghrébins d’aujourd’hui sont majoritairement nés en Corse et ne connaissent parfois même pas leurs pays d’origine, si ce n’est par les médias ou ce qu’en disent leurs parents, et que lorsqu’ils peuvent s’y rendre ils y sont souvent considérés comme des étrangers. Bien sûr le discours FN va jouer sur les incivilités, l’insécurité, les agressions réelles ou supposées voire fantasmées, sur leur implication dans le développement de la drogue… Mais ne serait-il pas temps aussi pour la société corse de jeter un regard plus critique sur les comportements de nos jeunes « nustrale » et les responsabilités de notre génération dans le « lascia corre » généralisé dans l’éducation de nos enfants, en n’occultant pas les comportements et les dérives d’une partie de notre jeunesse nustrale (On reproche à d’autres une façon de vivre et d’agir que nous-mêmes n’appliquons plus !!)..
Alors à chacun de comprendre quelles sont vraiment les listes qui défendent le peuple corse et ses droits sur sa terre, et de bien réfléchir avant de renforcer la démarche du FN en Corse, laquelle, ne l’oublions surtout pas, va aussi bénéficier des votes provenant des électeurs (5000 personnes venus de l‘extérieur depuis les années 2000 dont une majorité de non-corses qui n’ont que faire de la spécificité et du combat pour la Corse, le peuple corse et ses droits) une colonisation de peuplement qui elle peut, selon le FN s’installer en Corse, comme partout en France, et y proliférer en toute quiétude (disposant d’un certain nombre de revenus et de moyens économiques) car française et plus fréquentable que les migrants ou les immigrés « arabes »
A noter que la présentation de cete liste FN s’est déroulée en présence de David Rachline (Sénateur-maire FN de Fréjus ), sans doute pour mieux marquer les liens entre la Corse et la France ‘ « unitaire »… Mais on peut se demander qu’est ce qu’il peut bien comprendre aux problèmes de la Corse et de son peuple ?
Produit CORSU E RIBELLU
