18 octobre 2015- 06 décembre 2015 : il reste sept semaines à peine, et jamais campagne pour une élection territoriale n’aura été aussi courte. Femu a Corsica a rendu publique sa liste dimanche à Corti devant un amphi Landry qui a affiché largement complet.
La dynamique s’enclenche enfin, et secoue la torpeur pré-électorale qui prévalait jusque là.
Femu a Corsica s’inscrit dans la continuité. La formation politique avait fait une entrée fracassante dans le jeu politique insulaire en 2010, déboulant tel un bolide sur l’élection en cinq semaines d’une campagne menée tambour battant. Avec à la clef un score élevé au premier tour, 18% des voix, largement amplifié entre les deux tours, 26% des voix.
Depuis, son enracinement électoral s’est largement confirmé, deux ans plus tard aux législatives, notamment dans les circonscriptions de Portivechju et Bastia, puis aux municipales avec la victoire obtenue à Bastia. La consolidation de ses positions, couplée à un solide travail à l’Assemblée de Corse, sont les incontestables atouts de notre liste à l’instant où la campagne commence enfin.
Cette campagne tarde à trouver ses marques, et le débat politique corse patine. Il y a plusieurs raisons à cette atonie. Techniquement, ce scrutin de décembre déroute un peu l’électeur habitué depuis des générations à voter au printemps, entre mars et juin. « L’horloge intérieure » des candidats comme des électeurs n’est pas encore adaptée à ce nouveau calendrier.
Le contexte institutionnel fait par ailleurs de cette prochaine Assemblée de Corse une simple assemblée de transition, élue pour deux ans à peine. Et encore, le calendrier, qui introduit élections présidentielle et législative en avril et juin 2017, va positionner le futur combat politique six mois avant le terme de ce mandat. L’agenda en est largement raccourci, et celui qui arrivera au pouvoir territorial en janvier 2016 aura bien peu de temps devant lui pour construire un bilan. Consciemment, ou inconsciemment, cela pèse sur les électeurs comme sur les candidats, y compris les têtes de listes. Pas de révolution dans les programmes électoraux, pas d’audace dans les affichages politiques, l’absence d’enjeux réels anesthésie tout autant le débat politique et le corps électoral. Et cela d’autant plus que les interlocuteurs parisiens actuels verront leur crédit politique s’amenuiser très vite faute d’avoir des chances réelles de prolonger au delà d’avril 2017 leur présence au pouvoir.
Dans ce contexte atone, quels seront les principaux enjeux ? Le premier enjeu sera la participation. Elle sera probablement faible, au niveau des passions politiques ressenties par la population. La nôtre se doit d’être bonne, et la dynamique de 2010 porte encore une attente incontestable de l’opinion. C’est par la mobilisation de notre électorat que la différence peut, et doit, être faite, grâce à une campagne de proximité qui peut s’appuyer sur un réseau de soutiens qui n’a pas de concurrence véritable.
Le deuxième enjeu sera d’exploiter la fenêtre ouverte par la scission de la droite. En 2010, la droite unie avait logiquement terminé en tête du premier tour. Nous étions second (18%) et devancions Giacobbi (15%) sorti en tête des formations de gauche. La droite divisant son score par deux, et la dispersion à gauche restant d’actualité, arriver en tête du premier tour est un challenge possible et motivant. Ce serait une première fois dans la vie politique corse !
Viendra ensuite l’enjeu du second tour et de la prime majoritaire. Le dialogue de sourds entre Femu a Corsica et Corsica Libera laisse progressivement la place à une approche beaucoup plus attentive au cas de figure qui permettrait à une fusion des deux listes de ramasser la prime de neuf sièges. Avec à la clef une option majoritaire dont les nationalistes seraient la force principale, ce qui serait plus qu’un précédent, un véritable tremblement de terre
ès lors, au troisième tour, les jeux ne sont pas faits, loin de là, et l’électorat va progressivement prendre conscience de l’importance de sa participation pour peser sur ces échéances.
En fait l’élection de décembre 2015 sera avant tout une élection pour modifier les rapports de forces. Les nationalistes peuvent tirer leur épingle du jeu. A eux de saisir leur chance.