La SNCM fleuron de la marine marchande française, les 1500 salariés qui y travaillent, les dizaines d’entreprises sous-traitantes sont les otages d’une politique à courte vue du gouvernement et de l’Exécutif de la CTC l’un et l’autre soumis aux diktats ultralibéraux de la Commission européenne et à l’irresponsabilité des actionnaires indélicats Veolia Transdev.
Ensemble, ils ont voulu la mise en redressement judicaire de la SNCM en novembre 2014. Ce choix, avant tout politique, ne tenait à rien sinon à vouloir abandonner plus encore le service public de continuité territoriale aux low cost. Contre toute attente, la SNCM a montré sa viabilité et confirmé la nécessité d’avoir un opérateur dont la présence permet de répondre aux attentes des usagers en régulant le marché.
Paradoxalement, la Commission européenne, qui a inventé les amendes antiservice public à la demande des dirigeants de Corsica Ferries France (CFF), reproche à la CMN et au groupe STEF TFE de vouloir constituer un monopole du transport de marchandises. Le retrait de STEF TFE à la veille de l’audience du Tribunal de commerce de Marseille et le retour en force de Baja Ferries apparaissent ainsi comme une ultime manœuvre suspecte.
Inversement, on peut, désormais, constater l’existence d’un monopole sur le transport de passagers avec CFF qui détient 80 % de ce marché, sans que la Commission européenne ne s’en émeuve. Par contre, les usagers ont pu mesurer la dégradation du service et l’augmentation des tarifs durant l’été 2015.
Dans ce contexte, le Tribunal de commerce de Marseille est confronté au dilemme suivant : soit il accepte soit il refuse de brader la SNCM. En effet, l’ensemble des offres de reprises reposent sur une insuffisance criante de fonds propres. Au final, ce sont plus de 350 M€ d’actifs de la compagnie qui pourraient être engloutis dans cette opération de maquignonnage pilotée depuis Matignon, sous le contrôle de la Commission européenne, avec les encouragements de l’Exécutif de la CTC.
Il faut que cela cesse. C’est d’autant plus nécessaire qu’une autre bataille se joue en coulisse, à travers la prise de contrôle du transport maritime de marchandises, entre dirigeants du patronat insulaire. La constitution d’un tel monopole serait un danger à la fois pour l’économie insulaire et le pouvoir d’achat des ménages déjà lourdement impacté par les détournements de réfactions de TVA.
Voila pourquoi, le Tribunal de commerce de Marseille doit prolonger la période de redressement judiciaire pour permettre l’émergence d’une solution publique dans l’intérêt général. Le gouvernement doit intervenir en ce sens pour stopper la mascarade. La CTC pour sa part doit confirmer le périmètre de la future DSP sauf à vouloir un service public réduit aux deux ports principaux.
Ce schéma avec les deux régions Corse et PACA, un opérateur industriel, les salariés et l’Etat est aujourd’hui le seul offrant la possibilité de constituer un actionnariat solide autour d’un projet industriel d’avenir garantissant l’emploi et le service public de continuité territoriale entre le continent et la Corse.
Michel Stefani Pierre Dharéville
Secrétaire du PCF région Corse Secrétaire département du PCF 13