Nous ne sommes pas à une phase rituelle de la lutte d’émancipation du Peuple Corse ; nous sommes aujourd’hui entrés dans le noyau dur de cette lutte qui va nécessiter, vérité, lucidité, courage, engagement, capacités de dialogue et de mobilisation.
Les enjeux sont tels pour notre peuple que l’heure des ronds de jambes, des palinodies, des simulacres, est terminée !
ll faut une singulière cécité ou mauvaise foi pour ne pas constater, mieux nier, l’état catastrophique dans lequel se trouve la Corse, au point de vue de son économie, de sa culture, de sa moralité publique, de la violence criminelle qui puise aux sources d’une forme d’impunité ou, peut-être plus grave d’indifférence. Les morts sont corses et la France se réjouit de cette guerre civile larvée qui nous mine et atteste, selon elle, de l’incapacité des Corses à vivre normalement et ensemble ; mais le procès est court car elle a la responsabilité exclusive de l’ordre public depuis deux cent cinquante ans !!! On a d’ailleurs vu comment les accusations de mafia se sont éteintes et ont disparu du langage officiel, très insistant hier, car cette plaie aurait signé la faillite de l’Etat. Celui-ci, pris par son aversion envers la Corse, a réalisé, un peu tard, que l’accusation, faisait boomerang!!!
La Corse est le Pays du verbe, très auto satisfait, des promesses, des mensonges, des effets d’annonce, des retournements de veste, des amnésies tandis que s’accumulent les mauvais résultats : chômage, pauvreté, précarité, économie en berne, transports maritimes mal en point, déchets en apesanteur avec une gestion calamiteuse, un clientélisme omniprésent, un urbanisme délirant – 13 PLU Invalidés- Arrêtés Miot enterrés….Padduc fragile…on le verra rapidement, dès les premiers recours., dont le contrôle de légalité. Autonomie énergétique promise pour après-demain… en 2050 !!! La méthode Coué prospère… Mais l’échec de la politique française en Corse et de son allié, le clan, s’étale désormais sous les yeux de tous, de manière éclatante.
L’année de toutes les félicités, le nouvel Eldorado, seraient en 2018 avec la Collectivité Unique quand la femme en charge de ce dossier, Madame Lebranchu est hermétique au dialogue, à l’image du Président Hollande et de Manuel Valls qui excellent dans les « niet » à répétition et fermes aux revendications légitimes de l’Assemblée de Corse ; or, leur concours actif , leur soutien sont impérieux pour avancer vers la Collectivité Unique et un contenu politique solide dont on connait déjà l’opposition intransigeante de Paris. Et Paul Giacobbi tente de nous endormir en disant publiquement son espoir de voir cette nouvelle institution se réaliser en 2018 !!! Sans oublier que l’alternance pourrait donner le pouvoir à la Droite en France ; il veut faire gober cette fable à la Corse. Parenu fole ma hè vera per disgrazia.
Le clanisme, « prétendument de gauche » n’a jamais été aussi arrogant, trop sûr de son fait, et cynique ; le clanisme réellement de droite lui, conservateur, n’a plus la même emprise sur la société corse et les outils de pouvoir et de pression ; bien entendu, il porte aussi, avec le « clanisme de Rocca Serra » une écrasante responsabilité historique dans la déchéance de la Corse, dans leur complicité respective avec l’Etat Français.
La Corse rejette le système claniste mais en reste malheureusement très largement tributaire à cause d’une économie faible et actuellement en perdition dont le corollaire est une assistance chronique et intéressée du clanisme. Les jeunes vivent dans le désespoir, fruit une société bloquée, archaïque, bâtie sur des privilèges, des passe-droits et la répression les frappe à la moindre contestation.
Une question me taraude depuis longtemps ; je comprends certes – c’est inévitable- que l’on soit contraint de travailler quotidiennement, pour des raisons professionnelles ou administratives avec l’Etat et/ ou le système claniste. Je comprends aussi qu’il y a beaucoup des gens dans le besoin, vulnérables, dépendants, sous les fourches caudines de « leurs protecteurs ». Je sais aussi que le laxisme moral et la complaisance peuvent aussi être en cause.
Mais est-il possible d’être un démocrate, une femme ou un homme honnête, lucide, un citoyen corse responsable quand, libre de ses choix, et ne dépendant pas de lui, on devient un rouage ou un associé de fait du clan ? Peut-on jouer les Ponce-Pilate, faire semblant d’ignorer des vérités aveuglantes quand on sait pertinemment qu’il étrangle la démocratie, qu’il a installé sa dictature, sur les fraudes, le non-droit, qu’il ruine la Corse – heureusement que pendant cinquante ans, nous l’avons, avec d’autres, contré, combattu, dénoncé, pour limiter ses nuisances- ? Nous le démontrerons et nous le rappellerons.
Peut-on l’absoudre ou lui donner sa caution quand on sait qu’il est avec l’Etat, le premier responsable, de la déchéance de la Corse et qu’il est inamendable. Amoral, coutumier de pratiques que la loi réprouve, quand on sait pertinemment que ce système, non soluble dans la démocratie, va conduire la Corse à l’abîme, à la perte de son identité, à un développement, anarchique et spéculatif, que volens nolens, il fait le lit de la pré-mafia ? La réponse est non.
Certains feignent d’être vierges de la corruption claniste parce qu’ils n’ont pas d’enrichissement personnel ; leur salaire est autre : postes électifs, honneurs et pouvoirs.
La Corse approche d’une échéance électorale importante. Que celles et ceux qui sont dans des situations scabreuses ou contraintes, réfléchissent ; que celles et ceux qui sont prêts à écouter ou qui ont écouté le chant des sirènes s’interrogent. N’est-il pas l’heure de rejoindre les rangs des démocrates-il y a des organisations démocratiques que l’on retrouve sur tout l’éventail politique et permettent donc le choix, – les rangs de l’honnêteté, de la dignité, de l’engagement au service de la Corse et de son peuple ?
La solution de la « question corse » repose sur un tryptique :
* Enlever le pouvoir aux clans, – priorité indiscutable- définitivement par les élections et détruire progressivement ce système aliénant ; l’occasion est historique et donnera de l’espoir à tout un peuple ; il sera remplacé par une démocratie, vivante, réelle ; de sujets soumis depuis sept cents ans – Gênes et la France-, nous deviendrons des citoyens responsables, après avoir subi la répression, la médiocrité, le non-droit, la perte de notre dignité, mais aussi la dérision de la France et de l‘Europe. Des citoyens enfin responsables.
* Contraindre l’Etat au dialogue par les manifestations de résistance, les luttes de masse ou sectorielles, non-violentes (grève de l’impôt, occupations de bâtiments publics, résistance passive etc.) ; aujourd’hui, il existe une opinion publique et une conscience internationales ; il faut donc internationaliser la « question corse » et utiliser l’arme absolue et pacifique de l’information et de ses moyens modernes. Cette démarche est justifiée : le droit à l’autodétermination est un impératif de l’ONU et de l’Union européenne ; la Corse doit en bénéficier, en vertu du droit international des peuples à disposer d‘eux-mêmes et de l’Histoire. Nous avons le droit, imprescriptible, d’être un peuple libre, dans une nation libre, dans le cadre d’un contrat avec l’UE et renégocié avec la France ; les intérêts légitimes des parties étant respectés.
* Construire la Corse nouvelle, émancipée, solidaire, développée de manière durable ; il ne manque, ici et dans la diaspora qui sera un apport décisif, ni les compétences, ni les ressources – techniques, financières, naturelles, épargne forte-, ni les concours européens et au-delà ; tous ces ingrédients seront les bases du développement équitable, de la prospérité et de la paix, sur le socle des valeurs de l’humanisme.
Illusion : aucune force en Corse ne peut l’emporter seule et si c’était le cas, elle ne pourrait, dans la situation actuelle de l’île, de la gravité et de la complexité des problèmes à traiter, réaliser son projet car la moitié de la société y serait opposée et l’échec serait alors consommé ; il faudra au moins trois mandatures, dans la stabilité, pour désaliéner et construire un Pays moderne, démocratique, à l’identité reconnue, faire émerger la Corse du mal développement, corriger des erreurs, hiérarchiser des urgences surtout sociales et économiques ; ceci implique de larges alliances programmatiques trans-courants, des contrats de gouvernement, l’implication désormais totale de la société civile et de la diaspora, garantissant efficacité et stabilité.
La réconciliation entre Corses doit venir rapidement ; elle ne peut qu’être précédée, dans le cadre du nécessaire dialogue avec la France, que par l’effacement et la réparation des séquelles d’un trop long conflit dont notamment la libération et l’amnistie de tous les prisonniers politiques corses.