Ce samedi 10 octobre, un attentat a fait 112 morts et plusieurs dizaines de blessés à Ankara, capitale turque. Le bilan s’alourdit d’heure en heure.
Cet attentat survient lors d’une manifestation pour la paix organisée par le parti pro-kurde HDP (Parti Démocratique des Peuples), et n’a pour l’instant pas été revendiqué.
Cependant, le premier ministre turc estime que seules l’organisation État Islamique ou des organisations kurdes telles que le PKK peuvent être à l’origine de ce massacre. Il fait manifestement preuve d’une mauvaise foi évidente. Les organisations kurdes ne se seraient pas attaquées à leur propre peuple (le PKK venait d’ailleurs de proclamer un cessez-le-feu jusqu’aux élections du 1er novembre), et l’État Islamique est toujours prompt à revendiquer ses méfaits. Plusieurs éléments laissent à penser que c’est ailleurs qu’il faut chercher les coupables.
Des témoins affirment que les policiers encadrant la manifestation se seraient éloignés quelques minutes seulement avant la double déflagration meurtrière. Des vidéos prouvent que ces mêmes policiers, une fois le massacre accompli, ont chargé les manifestants qui restaient, les attaquant à coups de gaz lacrymogènes et de canon à eau, et ont empêché les secours d’intervenir.
Depuis les élections législatives de juin, le ton des dirigeants de l’AKP, parti turc au pouvoir, s’est durci à l’encontre du HDP. Ceux-ci ont en effet réalisé un score suffisament haut pour contrarier les plans du président Erdogan. Lorsque ce dernier a finalement rejoint la coalition menée par les États-Unis luttant contre l’État Islamique, ça n’a été que pour mieux lutter contre le PKK, qu’il appelle terroristes. Rappelons que de nombreux rapports dénoncent une certaine entente entre les jihadistes et la Turquie, pourtant membre de l’OTAN.
Dans sa campagne anti-kurde, le président Erdogan envoie depuis plusieurs mois ses forces armées dans des villes ou villages où le HDP est majoritaire, imposant un couvre-feu, tuant de nombreux civils de tous âges, les torturant, leur fermant l’accès aux hopitaux, trainant leurs cadavres à l’arrière de leurs véhicules… Les journalistes essayant de couvrir ces faits sont systématiquement arrêtés, voire emprisonnés, à l’image d’Ismail Rasool.
Les associations des Droits de l’Homme, locales ou internationales, dénoncent régulièrement cette situation. Pourtant, Erdogan est reçu en grandes pompes par les dirigeants de l’Union Européenne, qui ferment les yeux en échange de la mise en place de mesures de rétentions des réfugiés syriens…
A Ghjuventù Indipendentista tient à présenter ses condoléances aux proches des victimes de l’attentat d’Ankara et à l’ensembke du peuple kurde. Dans le même temps, nous accusons ouvertement le gouvernement turc d’être responsable de ces massacres. Nous tenons à manifester toute notre solidarité à ceux qui oeuvrent pour la paix dans ce pays, à commencer par le HDP et le PKK.