#corse « Basta a ripressione : Pour une véritable solution politique au Pays basque » Par @accolta909

Le Pays basque est depuis l’arrêt des armes d’octobre 2011 par l’ETA, engagé dans une démarche de sortie de conflit… mais ce processus de paix n’est pris en compte que par les abertzale alors que les Etats, français et espagnol, non seulement l’ignorent, mais multiplient les arrestations  au sein de la mouvance basque.

Après les arrestations entre-autres de militants ayant participé à l’annonce de l’arrêt de la lutte armée, et tout récemment de militants ayant participé à une video aux côtés de membres de la Commission Internationale de Vérification montrant le début du procesus de démantellement de ses arsenaux par l’ETA…  Ce mardi 6 octobre 2015, dernier coup aujourd’’hui porté au Processus de paix au Pays basque. Egoitz Urrutikoetxea, fils de Josu Urrutikoetxea, chef historique de l’ETA,  toujours en fuite, a été interpellé hier au nord de Paris, après une cavale de 12 ans, (sources  ministres français et espagnols de l’Intérieur).. Son père est dans la clandestinité depuis 2002. Dans l’après-midi, une des proches d’Egoitz, une militante nationaliste basque, a été interpellée en Haute-Garonne, sur la commune d’Aspet, sur délégation du parquet de Paris. Egoitz Urruticoecha, 41 ans, est le fils de Jose Antonio Urruticoechea Bengoechea – dit « Josu Ternera » – qui vit dans la clandestinité depuis 2002, ayant jusqu’ici à toute arrestation. « Josu Ternera » était  déjà considéré comme le N° 1 de l’ETA dans les années 1980. Son fils, lui-même en fuite depuis 2003, avait déjà été condamné en 1999 (à trois ans ferme), en 2001 (10 mois) et en 2007 et 2010, à deux fois quatre années d’emprisonnement pour des faits en lien avec l’organisation ETA », (Communiqué conjoint des deux ministres). Recherché par les polices française et espagnole,il  était sous le coup de deux mandats d’arrêt.

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Quelques rappels : Du cessez-le-feu à l’arrêt de la lutte armée

Le 10 janv. 2011 (après l’annonce du 5 sept. 2010 et l’entretien de septembre au journal Gara sur son cessez-le-feu) ETA annonce une  «trêve permanente et générale» en réponse aux « personnalités de notoriété internationale et acteurs politiques et sociaux basques, qui ont défendu la nécessité d’offrir une solution juste et démocratique au conflit politique séculaire ….qui  arrivera par le biais d’un processus démocratique, avec pour référence majeure la volonté du Peuple basque, et le dialogue et la négociation comme outils pour y parvenir »…et doit aussi résoudre les thèmes de la territorialité et du droit à l’autodétermination, au cœur du conflit ». 

ETA en appelle aux acteurs politiques et sociaux basques pour « un consensus autour de la formulation de la reconnaissance du Pays basque et son droit à décider en assurant la possibilité de développement de tous les projets politiques, y compris celui de l’indépendance. Toutes les parties doivent s’engager à respecter les accords et décisions prises par les citoyen(ne)s basques, en offrant des garanties et des moyens pour sa mise en œuvre». ETA se dit en accord avec la Déclaration de Bruxelles : «Le cessez-le-feu, vérifiable par la Communauté internationale est l’engagement fort d’ETA en vue du processus de solution définitive et la fin de la confrontation armée». ETA en appelle  «aux autorités de France et d’Espagne pour qu’elles mettent un terme définitif aux mesures répressives et à la négation d’Euskadi». Brian Currin y voit « un pas important« . Mais Madrid, l’abandon de la lutte armée ou sa dissolution n’étant pas mentionné, comme exigé, qualifie l’annonce «de toujours insuffisante« .

Les artisans d’un Processus de paix au Pays basque

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Le rôle du binôme Josu Ternera-Ornaldo Otegi[1] :  Les médias espagnols commencent à publier le récit, parcellaire et encore approximatif, des discussions menées, à différents niveaux, entre le pouvoir socialiste d’une part et l’ETA et son entourage d’autre part, précédant le « cessez-le-feu permanent » annoncé par l’organisation armée basque. En novembre 2002, le député au parlement autonome basque José Antonio Urrutikoetxea Bengoetxea, en voyage en Suisse, s’évanouit dans la nature. Peu auparavant, le Tribunal suprême espagnol a demandé à l’entendre à propos de onze assassinats. Un MAE est lancé contre lui. Il court toujours aujourd’hui. Plus connu sous son pseudonyme, Josu Ternera. Alors âgé de 55 ans, il a passé 35 années au sein de l’ETA dont il a été le N° 1 de 1987 à 1989. C’est lui qui, du côté des basques, serait le promoteur et le réalisateur du « cessez-le-feu permanent ».  Il est le dernier « historique » de poids encore vivant et en liberté, seul capable de s’imposer à ce qu’est devenue l’ETA. A-t-il replongé dans la clandestinité dans le but précis de conduire l’organisation vers un « cessez-le-feu définitif » ? Selon le quotidien ABC, l’année suivante, (2003), il sonde les vétérans sur un tel projet. Ceux-ci font savoir qu’ils n’y sont pas hostiles. Certains, détenus dans les prisons espagnoles, écrivent d’ailleurs à la direction de l’ETA (août 2004) : « Jamais, dans l’histoire de notre organisation, nous n’avons été si faibles. (…) Cette lutte armée que nous avons développée, aujourd’hui, ne sert plus. C’est mourir à feu lent ». Le plus difficile est alors de convaincre la Direction en place. Depuis la rupture de la trêve de 1998-1999, elle est formée d’activistes issus de la kale borroka, lutte de rue qui, dans les années 1990, embrase les bourgs et les rues du Pays basque, surtout les nuits de fin de semaine. La guerilla urbaine (Cocktails Molotov, voitures brûlées, destructions en tous genres, agences bancaires à sac) aformé cette génération à la fois dure et peu formée politiquement. Le fils de Ternera, Egoitz Urrutikoetxea, va l’aider à convaincre cette génération.

Pendant que Josu Ternera s’efforce d’entraîner l’appareil clandestin, le chef de file deBatasuna, Arnaldo Otegi, débute une longue série de discussions avec le Président duParti socialiste basque, Jesus Eguiguren. Le quotidien basque El Correo a décrit les longs rendez-vous des deux hommes, d’abord dans un caserio ( maison traditionnelle basque) d’Elgoibar d’ un ancien militant trotskiste, puis un refuge de montagne, se sentant surveillés par les services secrets, dans. Jesus Eguiguren a écrit un livre qui a retenu l’attention du chef abertzale. Il y propose, pour mettre fin au terrorisme, de dissocier les discussions politiques, réservées aux partis, des négociations entre l’ETA et le gouvernement. Après trois ans de conversations avec lui, c’est à peu près la proposition que formulera le leader de Batasuna (meeting en novembre 2004), point de départ d’une série de gestes et de propos publics que s’adresseront à distance Arnaldo Otegi et José Luis Rodriguez Zapatero.

Pendant ce temps, dans l’ombre, les discussions entre l’ETA et des représentants du pouvoir socialiste auraient commencé, bien avant que la Direction de l’organisation eût été convaincue par Josu Ternera. Cinq mois après la victoire des socialistes aux élections législatives de mars 2004, l’ETA fait parvenir à José Luis  Zapatero une lettre dans laquelle elle se dirait prête à discuter d’une fin de la violence. A ce moment, l’ETA n’a pas commis d’assassinats depuis quatorze mois. Elle a entendu le nouveau Président du gouvernement dire, lors de son investiture, que la fin du terrorisme serait sa « première priorité ». Après une phase d’échange de messages à travers divers intermédiaires, et, selon El Mundo, avec le concours de Tony Blair et de Bertie Ahern, (1er ministre irlandais), forts de leur expérience avec l’Armée républicaine irlandaise (IRA), une première rencontre entre des représentants de l’ETA et ce qu’El Paisprésente comme « des émissaires du Parti socialiste basque » aurait eu lieu en juin ou juillet 2005 à Genève, (Suisse), sous le parrainage d’une « organisation internationale » spécialisée dans la résolution des conflits. Elle aurait été suivie par d’autres rencontres à Oslo, en Norvège, à l’automne. L’ETA aurait pris la décision de cesser le feu[2] en décembre 2005.

Josu Antonio Urruticoechea Bengoechea – « Josu Ternera »

Une légende

Né le 24 décembre 1950-Ugao-Miraballes-Biscaye, membre historique d’ETA et ancien Député du Parlement basque pour Euskal Herritarrok.

Activité armée : Il a appartenu à ETA-Vème Assemblée dans laquelle il a occupé, jusqu’à son départ en clandestinité, la charge de responsable politique en Biscaye . En mai 1971, il s’enfuit en France, moment où il est incorporé au front militaire de l’ETA. Le 15 juillet 1972,  il attaque l’usine d’Orbegozo (Hernani-Guipuscoa), dérobant environ quatre millions de pesetas de l’époque. Le 28 juillet 1972, il participe à l’attaque d’un camion qui transportant des devises pour la Banque de Biscaye (Pasaia-Guipuscoa), dérobant plus de 12 000 000 de pesetas. Le 6 décembre 172, il participe à l’attentat à la Maison Syndicale de Hernani. Le 21 janvier 1973, il attaque, avec d’autres membres de l’organisation, une poudrerie d’Hernani, dérobant plus de 3 000 kilos de dynamite et divers autres explosifs, dont une partie seront utilisés en décembre 1973, pour l’attentat contre Luis Carrero Blanco, alors Président du gouvernement espagnol et successeur désigné du dictateur Franco. Il a été reconnu comme un des participants à la réunion coordinatrice qu’ETA-Vème Assemblée a tenue à Madrid en juillet 1972. Il remplace le responsable du front militaire Eustakio Mendizábal Benito à sa mort. En 1980, il entre à l’Exécutif de l’organisation, devenant le N° 2 en juillet 1984.. Il s’oppose pendant ces années aux conversations d’ Alger, entre le gouvernement de Felipe González et ETA, qui se traduiront par un échec. A la mort de Txomin Iturbe Abasolo, il devient le N° 1 de l’organisation. Alors âgé de 55 ans, il a passé 35 années au sein de l’ETA dont il a été le N° 1 de 1987 à 1989.

Détention : En janvier 1989, il est arrêté à Bayonne avec sa compagne, Elena Beloki Resa[3], dirigeante des relations extérieures d’Herri Batasuna. Ecroué à la prison de Fresnes (paris), il est condamné à dix ans de prison “pour association de malfaiteurs, utilisation de fausse documentation et port d’armes prohibé” (26 octobre 1990). En Espagne, le Ministère public de l’Audience Nationale espagnole requiert (juillet 1993) douze ans de prison contre lui en tant que responsable de l’appareil international d’ETA, entre 1984 jusqu’à sa détention en 1989. Après sa mise en liberté, ayant été jugé en France pour appartenance et financement d’ETA, et les autres infractions dont il pouvait être accusé ayant été prescrites, il est expulsé par les autorités françaises qui le livrent à l’Espagne (4 mai 1996). Le juge de l’Audience Nationale, Javier Gómez de Liaño décrète sa mise en prison pour “appartenance à bande armée et possession d’armes”. En juin 1996, son  implication est reconnue dans l’attentat à Madrid de la place de la République Argentine en 1986, où douze gardes civils ont trouvé la mort. Juan Manuel Suárez Gamboa (membre d’ETA) reconnaît alors que Josu Ternera était un des principaux dirigeants de l’organisation. José Rego (autre membre d’ETA)  maintient en octobre 1996 que Josu Ternera était le principal dirigeant d’ETA en 1987, conduisant le juge Javier Gómez de Liaño à rouvrir quatre rapports à son encontre. Il a été cité à comparaitre à deux occasions devant leTribunal Suprême enquêtant pour savoir s’il a été donneur d’ordre dans l’attentat contre la garnison de la Garde Civile de Saragosse en 1987, (11 morts, dont cinq enfants).

Activité politique : A sa sortie de prison (2002), avec Arnaldo Otegi, chef de file deBatasuna, (vitrine politique de l’ETA), qui n’est pas encore interdite, il s’initie aux rudiments du parlementarisme. Il est élu au Parlement basque  (Biscaye) sur les listes d’Euskal Herritarrok, illégalisée par la suite, et membre de la “Commission de Droits de l’homme » de ce Parlement autonome. De cette époque daterait leur alliance et, peut-être, leur projet commun. Son fils Ekatiz a été condamné à quatre reprises en France, la plupart du temps pour “association de malfaiteurs à visée terroriste”. La compagne de son fils, Ainhoa Ozaeta Mendiodo est arrêtée en mai 2008 avec Javier Lopez Pena “Thierry”(recherché depuis 20 ans, considéré alors comme le N°1 de l’appareil militaire, qui décèdera en prison le 30 mars 2013 pour manque de soins) et trois autres membres présumés de l’ETA (dont Jon Igor Suberbiola Salaberría, ancien députéBatasuna, qui a participé activement aux négociations avec le gouvernement socialiste de José Luis Zapatero) à Bordeaux lors des préparatifs d’une réunion. Elle est soupçonnée d’avoir lu le communiqué annonçant la fin de la trêve le 4 juin 2007. Josu Ternera, dernier “historique de poids” encore en liberté, sera, côté basque, le promoteur et le réalisateur[4] du « cessez-le-feu permanent » en 2011.  En 1999, il avait été désigné comme l’un des trois interlocuteurs de l’ETA pouvant négocier avec le gouvernement espagnol. En 2002, il repart dans la clandestinité, cour suprême espagnole avait lancé un mandat d’arrêt pour qu’il réponde de son implication dans l’attentat de 1987 contre la caserne de la garde civile à Saragosse (11 morts, dont cinq enfants). En 2009, il retrouve un rôle prépondrant au sein de l’ETA, travaillant en binôme (sources diverses) avec le dirigeant politique public Arnaldo Otegi, autre partisan du dialogue.

Maladie : Novembre 2008 on a appris qu’il souffrirait d’un cancer de l’estomac, (sources policières espagnoles), et qu’il était en traitement depuis quelques années. Selon ces sources il aurait été un temps écarté de la Direction d’ETA, mais qu’il est à nouveau son principal responsable, l’ayant conduite au dépôt des armes en 2011.

 Arnaldo Otegi: Militant abertzale, porte-parole de Batasuna.

Né le 6 juil. 1958 (Elgoibar-Guipuzcoa-Pays basque espagnol-Hegoalde). Il est licencié en philosophie et en lettres. Marié et père de deux enfants. Militant d’Euskadi Ta Askatasuna (ETA-pm puis ETA), il s’exila en France (1977). Arrêté puis expulsé, il est remis aux autorités espagnoles (1987), jugé à Madrid et condamné à six ans de prison. Libéré en 1990, il est élu au Parlement autonome (Gasteiz) en octobre 2004. En 1997, il est élu membre de la Direction provisoire de Herri Batasuna, pour pallier l’emprisonnement des responsables de cette formation politique. Il participe à la signature des Accords de « Lizarra-Garazi » (12 sept. 1998) et est à nouveau élu parlementaire aux élections autonomiques (oct. 1998) sous le sigle d’Euskal Herritarrok (EH). Après les illégalisations successives de HB, d’Euskal Herritarrok et de Batasuna, il fait connaître (nov. 2004) la proposition d’Anoeta, dans laquelle la gauche indépendantiste expose ses bases pour la résolution du conflit en Pays basque. Les tribunaux ouvrent alors plusieurs procédures à son encontre, dont certaines pour « Apologie du terrorisme ». Il est emprisonné en 2005 et le 27 avril 2006 durant 15 mois, puis de nouveau incarcéré en juin 2007. Il l’est encore depuis  le 13 octobre 2009, toujours accusé d’avoir voulu reconstituer un parti public abertzale pour remplacer Batasuna. Il est l’un des artisans, en binôme avec le dirigeant historique de l’ETA, Josu Ternera, de l’arrêt de la lutte armée au Pays basque[5].

PoggioliArchiveCorsica (2)Sulidarità: Soutien aux mobilisations pour sa remise en liberté

[1] Le MONDE, “Comment le dirigeant historique Josu Ternera aurait convaincu l’ETA de renoncer à la violence”, 27 Mars 2007

[2] Le 27 mars 2013 : ETA dénoncera  la fermeture de l’espace de dialogue à Oslo.

[3] En décembre 2007, elle sera condamnée par l’Audience Nationale à 13 ans de prison pour “appartenance à une organisation terroriste en qualité de dirigeant”.

[4] Le Monde, 27 mars 2006, « Comment le dirigeant historique Josu Ternera aurait convaincu l’ETA de renoncer à la violence…”

[5] Le MONDE, « Comment le dirigeant historique Josu Ternera aurait convaincu l’ETA de renoncer à la violence”, 27 mars 2006

Extraits de mon ouvrage paru en juin 2015, «Irlande, Pays basque, Corse : Après l’adieu aux armes », paru fin juin 2015

PIERRE POGGIOLI

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