Les conditions sont-elles réunies pour voir les nationalistes corses accéder au pouvoir territorial ?
Non pas comme une force d’appoint, car cela aurait pu se faire depuis des lustres, mais en tant que moteur du changement. Non pas pour occuper quelques sièges au conseil exécutif, mais pour mettre enfin en application leurs orientations politiques historiques. Non pas pour participer à la gestion de la Corse française, mais pour gouverner une Corse en voie de réappropriation de sa souveraineté.
Cette question sera tranchée par les électeurs en décembre prochain. Et pour que leur choix soit pleinement éclairé, il nous paraît nécessaire que chaque liste expose clairement ses intentions, ses prétentions et ses alliances éventuelles.
En ce qui nous concerne, nous affirmons sans ambiguïté nos intentions : changer radicalement les choses dans l’île autour de quelques idées simples (développées de façon détaillée dans notre projet Corsica 21 nouvelle version), à savoir :
en premier lieu l’application du « Prugettu Cumunu », projet de réforme voté – largement à notre initiative – par l’Assemblée de Corse (officialité de la langue, statut de résident, statut fiscal, révision constitutionnelle, PADDUC, amnistie) ;
en second lieu la mise en œuvre d’une politique territoriale fondée sur la promotion du peuple corse et de ses droits, la maîtrise de notre développement, la valorisation de notre culture et de notre environnement, la justice sociale, la priorité donnée à l’éducation et à l’innovation ;
enfin et en troisième lieu, la poursuite de l’objectif d’indépendance nationale dans le cadre d’une Europe des peuples.
Par ailleurs, nous dévoilons – non sans la même clarté – nos prétentions : notre courant ayant apporté une contribution déterminante à l’évolution positive de la situation corse, laquelle doit être le prélude à de réelles avancées, il nous paraît indispensable de continuer à jouer un rôle actif dans les démarches futures. Aussi, envisageons-nous de participer, avec d’autres, au gouvernement de la Corse.
Quant à la troisième question mentionnée précédemment, à savoir celle des alliances éventuelles, nous ne nous refugierons pas davantage dans l’ambiguïté chère aux politiciens : nos partenaires privilégiés ne peuvent être que les autres nationalistes, et c’est la raison pour laquelle nous avons invité Femu a Corsica à une rencontre à l’occasion de nos Ghjurnate Internaziunale. Les autres partenaires envisageables sont les élus qui ont voté les différents volets du « Prugettu Cumunu » à l’Assemblée. À ces différents partenaires éventuels, nous demanderons des garanties contractualisées en matière de transparence et de moralité de la vie publique, afin de nous assurer que notre participation aux responsabilités ne nous conduise pas à cautionner des pratiques que nous réprouvons et qui ont souvent entaché les gestions de majorités de droite comme de gauche.
Voilà donc précisées les conditions dans lesquelles nous nous présentons devant les électeurs corses. Il serait souhaitable que les autres listes soient rapidement en mesure d’en faire autant.