À la barre du tribunal de Caen jeudi dernier : un retraité hérouvillais, un fonctionnaire et un avocat, deux Corses. Ce qui les lie : la collection des armes de guerre. En octobre 2007, un colis postal est intercepté à l’aéroport de Bastia : il contient toutes les parties métalliques d’un fusil-mitrailleur UD M42, un Marlin de 1942. Un modèle extrêmement rare. Les douanes tracent le colis jusqu’à Hérouville-Saint-Clair.
Là, la police intervient chez le retraité de 65 ans. Baïonnettes, canons d’armes de guerre, boîtiers de munitions diverses, viseur pour lance-grenades, colts 45, Kalachnikov didactique (servant à l’apprentissage)… Il habite un studio rempli d’armes de guerre, de pièces, d’accessoires et de munitions.
Les enquêteurs envisagent d’abord un trafic d’armes en lien avec les réseaux nationalistes corses. Jusqu’à ce que les investigations mettent plus en exergue une histoire entre collectionneurs. Le fonctionnaire corse, membre de l’association d’un musée oeuvrant pour la mémoire de la Corse et du patrimoine, avait déniché le Marlin dans une ferme, sur l’Île de Beauté. Elle rouillait dans un seau.
Verrou de culasse
Il envoie les pièces par colis au collectionneur hérouvillais dont il connaît les compétences, pour les « phosphater ». Son avocate, Me Dury-Gherrak, précise qu’il s’est adressé au Bas-Normand « parce qu’il le connaît » et qu’« il ne voulait pas abîmer l’arme » en essayant de la restaurer lui-même.
L’avocat corse est aussi poursuivi pour détention sans autorisation d’arme. Le sexagénaire lui aurait envoyé un verrou de culasse pour Kalachnikov AK 47, un fusil d’assaut. Il conteste avoir reçu un jour cette pièce compatible avec deux modèles qu’il possède légalement. L’avocat se défend lui-même : « Je suis venu ici pour laver mon honneur. Si seulement j’avais reçu ce verrou de culasse… » Qui n’a jamais été trouvé.
L’Hérouvillais conteste tout trafic : « J’ai juste rendu service à des amis. » Son avocat, MeMons, affirme que la plupart des armes qu’il détenait l’étaient de façon légale. Il possède sept licences. « Une passion depuis trente ans. » Pour l’administration des douanes, « s’il ne peut pas justifier de l’origine d’armes, elles sont réputées importées en contrebande ».Elle lui réclame 9 200 €. La procureure requiert à son encontre dix mois de prison avec sursis et deux à trois mois pour les deux prévenus corses. Plus, pour les trois, l’interdiction de détenir et de porter une arme. Concernant le Marlin, « le Saint-Graal des collectionneurs »,Me Dury-Gherrak demande à ce qu’il ne soit pas détruit mais « offert à un musée ».
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