[Euskal Herria] La mobilisation est plus cruciale que jamais – Construisons la résolution définitive du conflit !

Depuis des mois, nous soulignons les pas importants qui sont faits vers un processus démocratique de résolution du conflit politique basque. Nous nous réjouissons fortement des derniers en date : l’entrée du Collectif des Prisonniers Politiques Basques dans l’Accord de Gernika, la conférence internationale qui s’est tenue lundi dernier à Donostia (Gipuzkoa) sous la présidence de Kofi Annan, ancien secrétaire général des Nations-Unies et l’annonce de la fin de l’utilisation de la lutte armée de la part de l’organisation ETA ce jeudi.

Nous voulons cependant attirer l’attention sur le traitement aussi partiel que partial qu’en ont fait la plupart des médias parisiens et madrilènes. Ainsi, la conférence de Donostia n’a été citée que pour parler de la demande faite à ETA de déposer les armes et de demander aux États français et espagnol de négocier l’issue du conflit armé, mais rarement de la demande faite aux deux États de mettre un terme à l’action répressive et de négocier et trouver une issue aux conséquences du conflit armé. Trouver une issue mais aussi se mettre en marche vers la réconciliation et la reconnaissance de toutes les victimes. Car le conflit armé ne pourra pas être dépassé sans que toutes les victimes, toutes les souffrances soient reconnues, sans que toutes les vérités soient faites. Considérer que le conflit politique disparaît avec ETA, et/ou sous-entendre que tout cela est un problème uniquement espagnol est irresponsable. Certes la perspective d’un avenir sans lutte armée pour les générations à venir est une excellente nouvelle.

Mais la résolution du conflit armé ne résout en aucun cas les raisons qui l’ont amené à exister. Nous considérons que tous les responsables politiques qui s’expriment actuellement dans ce sens prennent le risque de ne pas saisir l’occasion historique de résoudre un des derniers conflits armés européens et cela serait irresponsable et incompréhensible pour la majorité de la société basque. Nous les appelons à abandonner cette politique de l’autruche et à prendre leurs responsabilités. La décision prise par l’organisation ETA n’est pas une fin, c’est au contraire le début du processus de résolution. Et c’est maintenant au tour des États de faire les pas qu’une large majorité de la société basque – et maintenant une partie de la scène internationale – leur réclament depuis si longtemps. L’État français, nous le répétons ici, est pleinement partie, depuis longtemps, dans le conflit basque, et la balle est maintenant dans son camp. Comme l’État espagnol, il doit mettre en pratique les pas suivants : Il doit tout d’abord reconnaître qu’il existe un conflit politique basque, qu’il en est un des acteurs principaux, ce que même les élus locaux du parti au pouvoir commencent à admettre et il doit agir pour sa résolution.

Il doit résoudre la situation inacceptable des prisonniers politiques basques. D’abord en mettant immédiatement un terme aux situations d’urgence : libération des prisonniers malades, libération des prisonniers ayant fini leur peine ou répondant aux critères de la conditionnelle, fin de l’isolement, des mauvais traitements, de la dispersion. Il doit ensuite respecter les droits de ces militants, et permettre au Collectif des Prisonniers Politiques Basques de prendre part au processus de résolution comme acteur politique directement concerné, cela jusqu’à l’amnistie totale. Il doit résoudre la situation des réfugiés politiques basques, celle des militants qui ont été déportés sur sa seule initiative et lever toutes les interdictions et procédures qui visent des centaines de citoyens basques. Il doit abolir ses loi-antiterroristes qui n’ont d’autre but que réduire au silence l’opposition politique qu’il rencontre ici. Il doit désactiver toutes les procédures en cours pour motifs politiques et cesser sa politique de harcèlement des militants.

Il doit reconnaître toutes les victimes du conflit, et dans cette voie dire enfin la vérité sur ce qu’il a fait aux militants basques Popo Larre (disparu dans les Landes en 1983) et Jon Anza (disparu entre Toulouse et Bayonne en 2009), de même qu’il doit admettre sa pleine participation directe aux assassinats perpétrés par le GAL dans les années 80. Nous lançons un appel à toute la société basque de même qu’aux citoyens français et espagnols. Ce n’est que par une forte mobilisation que nous empêcherons les deux États de faire une fois de plus le pari de la prolongation du conflit pour des intérêts politiques immédiats. Par l’accumulation de forces (qui ne cessent déjà de grandir ces derniers mois), nous parviendrons à les obliger à se saisir de cette occasion historique de parvenir à une véritable résolution démocratique, et nous appelons chacun, citoyens, élus, acteurs politiques et sociaux à s’unir dans la réflexion pour construire pas à pas cette résolution et à se mobiliser.

Euskal Herria, le 21 octobre 2011

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