« En découvrant l’architecture d’aujourd’hui, vous visitez le patrimoine de demain ». C’est en ces termes que Fleur Pellerin, Ministre de la Culture et de la Communication, débute son dernier édito de présentation des Journées du Patrimoine.
En effet, cette année, le Ministère a choisi pour la promotion de ces Journées un angle quelque peu singulier : mettre à l’honneur les créations les plus récentes, celles des quinze dernières années, et qui constitueront vraisemblablement le patrimoine des générations à venir, celui que nous léguerons, avec les réalisations de nos aïeux, à nos enfants.
Les 19 et 20 septembre derniers s’est donc déroulé à Portivechju, comme dans de nombreuses villes d’Europe, cet évènement de promotion du patrimoine.
La commune a choisi d’ignorer cette prescription thématique de l’année et a proposé, comme elle l’a fait tout au long de l’été, des visites guidées, une exposition au Bastion de France et une chasse aux trésors pour les plus jeunes. Un programme somme toute agréable…
Elle n’a malheureusement pas souhaité s’éloigner du centre ville, certes très riche par ses édifices et son patrimoine historique ancien, mais s’insérant inévitablement dans un tout. Un tout fait d’histoire, de hameaux, de villages, de lieux de vie et de créations de tous ordres, de savoirs, de traditions, toutes choses à transmettre et qui constituent notre identité, en même temps qu’elles fondent notre attachement profond à Portivechju.
Elle n’a pas imaginé non plus proposer des manifestations culturelles ou thématiques, dans lesquelles chacun aurait pu se retrouver, par delà les différences sociales ou culturelles.
Elle n’a pas voulu relever le défi en proposant des animations, visites ou rencontres entrant réellement dans le thème suggéré.
Un choix quelque peu contraint, nous direz-vous, car limité par les politiques publiques mises en place ces trente dernières années à Portivechju.
En effet, sans verser dans le sarcasme, difficile de mettre à l’honneur nos édifices récents alors qu’aucune charte, aucune harmonisation architecturale de qualité ne sont étudiées.
Difficile de mettre à l’honneur nos hameaux, en effet, lorsque ceux-ci sont volontairement isolés, écartés de toute programmation d’actions culturelles, de création de services publics, d’impulsion d’activités durables.
Difficile de mettre en lumière nos productions et savoir-faire locaux, lorsque ceux-ci ne font l’objet d’aucune incitation à leur maintien ou à leur développement.
Difficile de mettre à l’honneur nos différentes cultures lorsque celles-ci sont sans cesse présentées dans un esprit de division et d’affrontements.
« Ce que nous transmettrons se prépare dès aujourd’hui. » C’est ainsi que Fleur Pellerin clôt son édito. Elle a raison. « On ne va pas laisser que du maquis à nos enfants » déclarait également notre premier magistrat, comme en écho… Mais on ne va pas leur laisser non plus que des immeubles et des hangars, sans âme ni identité, qui font progressivement de notre ville, non pas le « St-Tropez Corse » (cf. débat sur l’extension du port de plaisance…) mais plutôt un nouveau Vitrolles.
Alors, à quand un vrai débat sur une politique culturelle et patrimoniale d’ampleur, sur notre territoire ?