Intéressant interview sur le site d’informations « Alcudina » (1) de Jean Baptiste Lucchetti, conseiller municipal et organisateur actif de la foire de Portivechju.
Entre apparent succès, travers administratifs et réalités conventionnelles, cette foire semble connaitre quelques problèmes qui tiennent, tant à son accroissement qu’à la traduction d’une économie régionale nettement influencée par la construction et la promotion immobilières … Sous les chapiteaux, le béton?
Nos foires – elles sont nombreuses en Corse – expriment normalement les biens produits des producteurs et des artisans de nos « pievi » mettant ainsi en valeur les richesses respectives de nos régions. Celle de Portivechju ne devrait pas déroger à cette règle. Pour autant les interrogations et critiques publiques énoncées par Jean Baptiste Lucchetti semblent démontrer quelques différences de présentation …
A l’évidence le nombre de stands accordés ne traduit pas entièrement toute la création et production paysanne et artisanale de notre région. Un constat quelques peu amer au regard de ce qui existe véritablement et qui pourrait constituer un élément de stimulation pour qui rêve de s’installer ici et d’y évoluer dans des secteurs comme la production vinicole, le jardinage bio ou l’élevage avec ses produits dérivés. Bien des jeunes corses aimeraient exceller dans ces domaines. Et s’ils y arrivaient, cette foire serait pour eux une vitrine d’exception.
Mais ce schéma peut laisser quelque peu songeur quand on connait l’orientation économique privilégiée par la commune… Ici le béton fait loi et s’impose même sous les tentes de la fête …
Ainsi Mr Lucchetti affirme-t-il que la « filière de l’habitat » prend de plus en plus de place au sein de la foire. Au point peut être de léser des demandes d’exposition d’artisans et producteurs régionaux eu &gard au nombre de places accordées. Au point même de se demander si notre foire populaire ne se transformera pas dans quelques années en foire promotionnelle de la construction individuelle, de l’immobilier et de l’acquisition foncière. … Bref une bonne foire « keurse » où le touriste s’amalgamera avec le nouveau résident, et où notre langue etnotre culture chantées ne seront plus que des accompagnements folkloriques de ces animations de spécialistes et illusionnistes du parpaing…
Il ne s’agit pas ici de s’attaquer de façon primaire à cette « filière de l’habitat » qui à l’instar d’autres filières a bien sûr sa place. Il s’agit surtout de prendre garde à ne pasprivilégier le choix d’un secteur economique qui s’oppose à la communauté porto vecchiaise
Au demeurant, cette filière s’amalgame ici – hélas – avec la promotion et la spéculation immobilière. Avec ce qu’elle peut avoir de dégradant pour accompagner une évolution sociale et demographique de la ville, avec ce qu’elle peut avoir de mortifère en gangrenant l’activité économique par sa financiarisation souterraine avec quelques groupes de pression organisés pour s’assurer d’une main mise …
On peut dès lors s’interroger sur la mise en garde sans doute sincère de M. Lucchetti, mais qui donne déjà l’impression d’un début de détournement d’un état d’esprit : » Nous savons que parmi les exposants il y a des revendeurs qui ne sont ni artisans, ni producteurs mais nous n’avons pas les moyens de les refuser, ce n’est pas à nous de faire ce tri parmi les exposants. Nous n’avons pas l’autorité pour contrôler mais nous ne sommes pas dupes, il y a une minorité qui arrivent à passer entre les mailles du filet. Mon souhait serait que les organisateurs de Fiera se mettent autour d’une table et créent un label « .
Mr Lucchetti devrait pourtant savoir qu’il existe déjà un label « Fiere di Corsica ». Ce label a été mis en place à l’initiative de la Fédération des Foires Rurales Agricoles et Artisanales de Corse. « L’objectif est de valoriser des produits et des services issus de l’économie insulaire par l’organisation de marchés ». Il est également précisé que « afin de favoriser les activités productives, les membres de la Fédération ont fait le choix de réserver l’accès aux espaces de vente aux seuls producteurs exerçant leur activité en Corse. » Reste à savoir si cette philosophie somme toute juste, serait applicable aux animateurs concernés par la foire de Portivechju ? Ses concepteurs actuels ne peuvent feindre d’ignorer qu’ils portent la responsabilité première de l’ orientation de cette foire. De facto entre un « Portivechju » ou tout est encore possible et un « PortovecK » où plus rien ne sera comme avant, un choix naturel s’impose et tout un chacun sait lequel.
Pà contu meiu, a scelta l’aghju ghjà fatta. Chì corsa di stintu e di radichi socu e chi nimu qui m’ha da amparà cio chi no semu capaci di pruducia, e di trasmetta, da par noi. Semu una cumunità corsa, a cumunità di i Purtivichjacci. E saria un piccatu ch’issa cumunita fussi un ghjornu straniera in’ssa fiera…
Hè sempri tempu di cambia o Sgiò Lucchetti !
Pà una fiera purtivichjaccia e corsa !