La Corse s’enfonce dans la crise des ordures ménagères
Les habitants d’Ajaccio et de nombreuses communes corses ont été appelés mardi à conserver leurs ordures ménagères en raison de la fermeture de deux des trois grands centres d’enfouissement des déchets et alors que le troisième doit fermer mercredi.
Le collectif de riverains, qui bloque depuis six jours le site de Vico (Corse-du-Sud), a décidé de maintenir fermé ce site qui traite les déchets de la région d’Ajaccio et d’une trentaine de communes de l’ouest de l’île.
De son côté, la préfecture a assuré dans un communiqué que « les installations de l’île disposent actuellement des capacités suffisantes pour accueillir les déchets produits en Corse » et rappelle que « la collecte et le traitement des déchets ménagers relève de la responsabilité des collectivités locales ».
Le blocage a conduit les municipalités d’Ajaccio et de nombreuses communes à arrêter le ramassage des ordures et à demander à la population de les garder chez elle en attendant une solution.
Le collectif de riverains qui a bloqué le portail du site de Vico – ouvert en 2009 en pleine montagne, à une cinquantaine de km au Nord d’Ajaccio – et occupe l’accès jour et nuit, dénonce le projet d’extension du site.
Il a aussi demandé dans un communiqué l’organisation par le Syndicat de valorisation des déchets (Syvadec) de la Corse « d’un tri performant, visant à ne mettre en décharge que les déchets ultimes, représentant une réduction de 50 % des déchets actuels ».
Le collectif demande encore l’arrêt des pollutions olfactives et un contrôle du fonctionnement de la décharge par un organisme indépendant.
Un deuxième centre de traitement des déchets, à Prunelli-di-Fiumorbu (Haute-Corse), est fermé depuis lundi par la municipalité. Elle accuse l’État de ne pas avoir tenu ses engagements et de vouloir faire du village « la poubelle de la Corse » depuis la fermeture, fin juin, du centre voisin de Tallone, déjà saturé. Prunelli-di-Fiumorbu avait accepté de recevoir les ordures chargées à Tallone en attendant l’extension de ce centre.
Les élus dénoncent le « recul de l’Etat » alors que la ministre de l’Écologie Ségolène Royal s’était engagée le 22 août à Bonifacio (Corse-du-Sud) à présenter des amendements pour déroger à la loi littoral, ce qui n’a pas été fait à ce jour, en vue de construire une usine d’incinération.
Le Syvadec a demandé « au gouvernement de tenir ses engagements » et a rappelé que pour tenter de régler la crise qui a éclaté cet été avec la saturation des sites due à la surfréquentation touristique, les sites d’accueil avaient accepté une augmentation des tonnages limitée à 60.000 t pour 2015.
Le troisième site d’enfouissement géré par le Syvadec à Viggianello (Corse-du-Sud), arrivé à saturation, a annoncé mardi qu’il fermerait ses portes mercredi.
« Toutes les conditions techniques sont réunies, tant au niveau de la collecte que du traitement, pour que les déchets ménagers de l’île soient traités dans les sites de Prunelli di Fium’Orbu et de Viggianello, dont les capacités ont été temporairement adaptées », assure la préfecture qui annonce le lancement d’une mission pour analyser la possible création d’une unité supplémentaire à Tallone.