Le groupe TOTAL envisage la construction sur la plateforme chimique de Carling-Saint Avold d’une unité de production de résine C4, une matière plastique à forte valeur ajoutée.
Cette unité génèrerait la production annuelle de 700 tonnes d’hydroxyde de lithium, une substance non présente à ce jour parmi les effluents rejetés dans le Merle et la Roselle et très soluble dans l’eau, d’où un risque de dispersion important. Il n’existe pas de seuils réglementaires pour l’hydroxyde de lithium qui ne bénéficie pas de filière de traitement. Il s’agit pourtant d’une substance extrêmement corrosive, susceptible de dégager au contact de l’eau des vapeurs qui peuvent s’enflammer facilement.
L’étude d’impact réalisée par TOTAL affirme que l’écotoxicité est inconnue. Il existe donc un risque potentiel. La fiche internationale de sécurité chimique des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (Centers for Disease Control and Prevention), la principale agence gouvernementale américaine en matière de protection de la santé publique, indique à propos du l’hydroxyde de lithium : « la substance peut être dangereuse pour l’environnement ; une attention particulière doit être accordée aux organismes aquatiques »
L’ADELP (Association agréée pour la défense de l’Environnement et la lutte contre la Pollution en Moselle-Est) a émis un avis négatif sur le projet. Elle souligne qu’il ne prévoit pas de traitement du produit rejeté, mais une dilution afin d’en diminuer la concentration. L’ADELP observe qu’en association avec d’autres molécules déjà présentes dans le milieu naturel très pollué, l’hydroxyde de lithium pourrait avoir un impact négatif sur la faune et la flore. La zone de Carling est suffisamment dégradée pour ne pas y ajouter d’autres nuisances. Le projet va à l’encontre des objectifs du Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux du bassin Houiller et de la directive 2000/60/CE du Parlement européen et du Conseil, du 23 octobre 2000 établissant un cadre pour une politique communautaire dans le domaine de l’eau.
Après avoir envisagé le 29 juin un « avis défavorable », Le conseil municipal de Freyming-Merlebach a finalement émis un simple « avis réservé », malgré les objections de certains conseillers qui souhaitaient maintenir un avis défavorable. L’argument du maire Pierre Lang, rapporté par le Républicain Lorrain du 11 juillet dernier, prête à sourire : « de cette manière, nous alertons les services de l’État qui vérifieront les rejets et la possibilité d’une alternative aux rejets du lithium dans le Merle ». Il s’agit plutôt d’une manière de se défiler qui ne serait pas étrangère au chantage à l’emploi exercé par les promoteurs du projet sur les maires des environs. Rappelons toutefois que Freyming-Merlebach se trouve sur la frontière allemande et que 6000 emplois restent vacants en Sarre. Si Pierre Lang, député pendant 10 ans et maire depuis 20 ans, avait promu une politique en faveur du bilinguisme, ce qu’il a refusé de faire, nombre de ses administrés pourraient occuper certains de ces emplois. Pas plus que la protection de l’environnement et de la santé, l’emploi n’est pas la préoccupation première de M. Lang qui ne défend que ses propres intérêts de professionnel de la politique.
L’avis rendu par le conseil municipal de Freyming-Merlebach tranche avec l’avis négatif rendu par le conseil municipal de la ville sarroise de Völklingen qui appelle les communes françaises à s’opposer au projet. La demande de prolongation de l’enquête publique présentée par les Allemands a été rejetée côté français. Cela montre la nécessité d’une plus grande coopération entre Lorraine et Sarre dans le domaine de la protection de l’environnement et de la santé des citoyens.
57 – Le Parti des Mosellans soutient l’action des habitants qui, de chaque côté de la frontière, se mobilisent contre ce projet qui entraînerait des rejets dont on ignore l’écotoxicité et leurs répercussions sur l’écosystème et la population.
Tribune Internationale, Jean Rossi