En cette rentrée de septembre, la crise des « migrants » occupe les médias… et bien entendu les « analystes » autorisés ou non s’invitent sur les réseaux sociaux où les débats font rage, donnant leurs points de vue plus ou moins éclairés, dans un déferlement d’opinions, dont certaines, par leur simplisme et inhumanité font parfois vomir… et bien sûr la Corse n’échappe pas à ce défouloir.
La Corse « île des Justes » devrait pourtant plus réfléchir à une situation mondiale dont elle devra à terme, nolens volens, assumer sa part d’humanité, sauf à s’extraire d’un monde méditerranéen dont elle est issue et dont elle doit perpétuer les valeurs de solidarité et d’entraide qui ont fait sa particularité et sa force à travers les siècles. Certes les situations d’aujourd’hui ne sont pas les mêmes que celles d’hier, mais certaines valeurs doivent se perpétuer et s’enrichir pur pouvoir affronter les nouveaux enjeux qui s’imposent à ce monde méditerranéen dont nous faisons partie.
Entre d’un côté les tenants de thèses racistes, voire idéologiques, pour lesquels tous les migrants sont arabes et musulmans futurs islamistes (mais ceux-là oublieraient-ils pour autant leur racisme anti-arabe si tous les arabes de Corse étaient chrétiens ?) les propagateurs de ragots de comptoir et de l’autre les laxistes ou angéliques, tenants d’un cosmopolitisme irresponsable occultant notre propre identité et nos spécificités… et les fondamentaux qui portent notre lutte (langue, culture, identité, droits nationaux), nous devons raisonnablement, en peuple responsable, être capables de trouver des solutions faisant la part entre nos besoins et inquiétudes légitimes de Corses sur notre terre et nos valeurs d’hospitalité, de solidarité et d’humanisme, qui ne peuvent pas nous laisser insensibles au sort de tant de gens dans le malheur, victimes de guerres souvent fomentées ou instrumentaliser par nos gouvernants occidentaux ou aujourd’hui victimes de l’islamisme destructeur de Daesh. Au-delà de la guerre et du poids des photos notre conscience devrait tout au moins nous l’imposer.
Je repousse d’avance les critiques voire certaines propositions démagogiques et trop faciles, d’autant qu’il est trop facile de surfer sur des émotions légitimes des gens qui n’ont jamais été aux côtés des nationalistes dans leurs combats pour la Corse et le peuple corse, je ne leur reconnais pas le droit de donner des leçons au mouvement nationaliste et aux militants qui depuis des années sont sur le terrain pour défendre les Corses et leurs droits, ce que eux soit n’ont pas fait soit ont condamné. Quant aux « nationalistes », des réseaux sociaux qui, anonymes ou non, derrière leurs claviers se prévalent de cette idée nationale qui je prétends défendre et pour laquelle je pense m’être investi depuis 40 ans, s’ils ne sont pas d’accord avec moi et qu’ils adoptent des positions souvent aussi étriquées que simplistes en rejetant toute idée d’humanisme d’un revers de la main, se drapant derrière les dangers et les besoins du peuple corse, je ne suis pas en accord avec eux et je leur dis tranquillement, votre nationalisme « réel ou supposé » n’est pas le mien.. et tant pis si notre désaccord vous déçoit.
Mais au-delà des positions des uns et des autres plus ou moins individuelles au sein de la sphère nationalistes ou pseudo-nationaliste corse, j’en appelle encore une fois, comme pour la crise de l’école du Fiumorbu, à Femu Corsica et Corsica Libera, voire au Rinnovu et autres groupes pour qu’ils jouent leur rôle de représentants du peuple corse en lutte. « Ne laissez pas les nationalistes sincères ou non s’exprimer sur des sujets aussi importants et éclairez-les, vous qui prétendez et aspirez demain à conduire notre peuple sur les chemins de l’avenir. Au-delà des conjonctures électorales, et quelles que soient vos divergences électorales conjoncturelles, donnez -vous les moyens d’avoir des positions claires et incontournables sur des sujets aussi sensibles que la notion de peuple corse, l’immigration, l’intégration… présents aujourd’hui dans tous les esprits et tellement d’actualité à l’occasion de situations de crise, à l’exemple de celle que la Méditerranée, notre monde, vit aujourd’hui avec les migrants.
Pierre Poggioli