Mesdames, Messieurs,
En cette période propice aux vœux, la tradition nous amène, vous comme nous, à souhaiter à notre prochain de concrétiser ses espérances, de connaître le meilleur, d’être heureux tout simplement. Nous avons décidé de vous interpeller une fois de plus, publiquement, sur le sort réservé à nos patriotes qui croupissent dans vos geôles.
Messieurs, vous dirigez un pays qui s’est autoproclamé « patrie des droits de l’Homme », allant jusqu’à le faire figurer dans sa constitution.
Pourtant, nous pouvons constater chaque jour que ces « droits de l’Homme » qui devraient être universels ne s’appliquent pas au patriotes corses. Dès qu’il s’agit de nationalistes, qu’ils soient corses, basques ou bretons, il n’y a plus aucune loi commune, seuls restent l’arbitraire et la justice expéditive.
Depuis de nombreuses années, nous dénonçons le sort réservé à ceux que vous désignez péjorativement de « détenus de droit commun appartenant à des mouvances terroristes » et qui sont en fait des prisonniers politiques.
Mesdames, Messieurs les ministres, vous avez pris l’habitude de venir déguster des produits corses sur nos marchés avec des cohortes de journalistes, et de faire le tour des plateaux de télévision pour faire croire à nos deux peuples que la question des « détenus corses » était réglée puisque vous avez engagé un soi-disant rapprochement familial pour vous mettre en conformité avec vos propres lois.
Pourtant, la question du rapprochement des prisonniers politiques, qui ne peut être considérée que comme une étape provisoire, n’a jamais été réglée. Sur plus d’une soixantaine de prisonniers politiques corses, seuls quatre ont pu bénéficier d’un rapprochement, après des années de détention et à quelques semaines de leur libération alors que si vous leur aviez appliqué les lois communes ils auraient pu bénéficier de libération conditionnelle bien avant leur transfert en Corse.
Nous nous devons aujourd’hui de rétablir la vérité sur le sort que vous réservez à nos patriotes incarcérés :
La déportation et l’éparpillement sont la règle ;
Les détentions préventives durent parfois 5 à 6 ans avant qu’un procès intervienne ;
La classification « Détenu Particulier à Surveiller » – ministériel (D.P.S.), véritable régime d’exception ;
Le secret de l’instruction, l’instruction à charge et à décharge, les droits de la défense sont des notions qui sont étrangères à vos juges ;
L’isolement, les brimades, les vexations souvent à connotation raciste sont le quotidien de nos prisonniers ;
L’intégrité et la dignité humaine sont chaque jour bafouées.
Le rapprochement familial inscrit dans vos propres lois n’est valable que pour vos préfets-délinquants, les enfants et les femmes de prisonniers politiques corses restent eux privés des leurs. Malgré vos promesses et celles de vos prédécesseurs, ces rapprochements qui devaient avoir lieu sans condition préalable n’ont toujours pas eu lieu et au contraire, les patriotes corses emprisonnés sont toujours exilés et éparpillés dans les différentes prisons françaises.
Malgré tout, nous restons ouverts, et s’il reste dans votre pays quelque grand penseur ou défenseur des droits de l’Homme, nous sommes prêts à dialoguer.
Mesdames, Messieurs, depuis plus de trente ans, vos gouvernements successifs exilent et emprisonnent des patriotes corses en répondant par la répression policière et judiciaire à la question hautement politique de patriotes corses qui se battent pour faire appliquer au Peuple Corse « le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ».
Il serait temps que vous réalisiez que si la Corse a souvent été conquise, elle n’a jamais été soumise et que votre répression ne peut que renforcer nos convictions et creuser chaque jour un peu plus le fossé entre nos peuples.
En cette nouvelle année, recevez Mesdames, Messieurs, nos vœux de salutations d’espoir et de paix.
Comité Anti Répression
11 janvier 2005