(Unità Naziunale Publié le 18 juillet 2018 à 17h11) En Corse, au-delà du sens convenu et admis du concept, cette idée prend une place centrale dans la problématique insulaire ; en effet, mis à part l’épisode de l’indépendance de la Corse -sous Pascal Paoli -vaincue par la force à Pontenovu- où elle a connu les premiers balbutiements , la Corse n’a pas fait son apprentissage dans ce domaine novateur de la démocratie, alors que l’hexagone la découvrait et l’améliorait progressivement.
Dans le droit fil de l’occupation génoise qui l’avait précédée, la tutelle française a procédé par une répression sévère de 1789 à 1812, suivie d’une francisation organisée, forcenée, notamment par le canal de l’école.
Le peuple, las des guerres, des occupations a trouvé dans le prestige de la France, la garantie de sa sécurité et l’accession à un niveau social envié. Et progressivement les Corses sont devenus des « super français », patriotes, fidèles, loyaux. Le lien a été renforcé par les guerres où notamment, en 1914-1918, l’Ile a perdu 11.300 soldats.
La suite – l’ile était alors peuplée de 300.000 habitants- fut une longue saga bi-séculaire, reflétant le sous-développement confinant à l’abandon. La politique fut dominée par le clanisme, le clientélisme- forme nécessaire d’adaptation à des conditions socio-économiques difficiles. Le troc était simple, institutionnalisé ; Paris dictait sa loi et exigeait la docilité totale du clan ; en revanche, il distribuait pensions et retraites, avantages dus et indus, emplois en métropole et dans les colonies ; mai surtout, il permettait au système dont il était le principal bénéficiaire, de piétiner trop souvent la loi, de frauder aux élections de manière systématique et même plus qu’artisanale à partir de 1960 où la Corse passait d’une économie faible, en quasi autarcique à une économie plus dynamique où l’argent, assez peu usité, occupait désormais une place centrale.
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Le Plan d’Action Régionale de 1957(supports Agriculture et tourisme) avait pour objectifs de remédier aux retards…
Enfin sonna l’heure de l’espoir pour la Corse avec la décolonisation de l’Algérie, en 1962, ( arrivée de 16.000 personnes, abondance d’investissements), relayée par les Trente Glorieuses) ; on pensait que la situation allait s’améliorer ; au contraire, la contestation que nous portions allait s’amplifier par suite des injustices dans le domaine agricole, des projets de dépossession du Schéma d’Aménagement de la Corse et plus encore de l’absence totale de démocratie d’un clanisme dominant, provocateur et destructeur. Depuis, nous l’avons contesté férocement parce qu’il était aliénant, parce qu’il scellait la tombe de notre peuple et ouvrait la porte à sa disparition et à l’installation redoutable d’une société de non-droit.
Aujourd’hui où, par la démocratie se profile- avec en particulier le soutien du corps électoral, accordé à notre démarche-, l’heure de construire l’émancipation nationale et un projet de société, par et dans le dialogue, il est nécessaire d’affirmer nos valeurs, dessiner nos orientations, présenter notre projet ; et rassurer le peuple corse – Corses d’origine et Corses d’adoption- sur notre volonté de ne pas créer d’hégémonie de la pensée ou de la conduite des affaires, de centralisme territorial, auquel nous avons commencé à remédier (recherche de l’équilibre territorial, refonte de l’aide aux communes…).
Et nul ne sera surpris que nous placions la démocratie en tête de nos préoccupations ; nous avons failli sombrer par l’absence de démocratie ; celle-ci, sauvée, rénovée, confortée, sera le pilier central de la résilience en cours et de la réalisation d’une Corse moderne.
- La Démocratie ne se décrète pas ; elle se construit laborieusement sur les décombres de l’ancienne Corse quasi féodale. Le challenge est complexe ; comment passer d’une société, souvent archaïque et pervertie à une société moderne, par une transition sans ruptures sociétales ?
- IL y faut une volonté obstinée, une méthode, une vigilance de chaque instant qui ne reposera pas sur la coercition mais sur le dialogue, sur l’éducation et la formation, mais aussi, sur une gestion exigeante
- Je pense que les choix et les faits de la majorité territoriale, la démocratie, l’éthique, l’équité, le respect du droit, la transparence, la responsabilisation, la solidarité, le dialogue – institutionnalisé avec tous le élus naturellement mai aussi avec toutes les forces vives et la diaspora en les impliquant directement dans la gestion de la Corse –
On comprend sans peine, qu’une telle démarche, aujourd’hui entreprise et qui devra se dérouler sur au moins deux décennies, excède tout pouvoir territorial éphémère et impose des majorités d’idées, des plateformes de gouvernance…
Lozzi le 18 juillet 2018