Par la politique qu’il impose dans l’Académie de Corse, le Ministère de l’éducation nationale organise la précarisation de nos enseignants.
En effet, l’alternative est claire : soit les jeunes Corses qui se destinent à l’enseignement jouent le jeu de l’institution, passent les concours avec la difficulté et les contraintes que cela représente, mais courent alors le risque d’être soumis au mouvement inter-académique et de se voir condamner à débuter leur carrière en France, sans perspective rapide de retour, soit ces mêmes jeunes, légitimement désireux de vivre et de travailler dans leur pays, refusent le pari du concours, devenus pour eux synonyme à terme de passeport pour l’exil, et viennent grossir les rangs des vacataires ou contractuels, bataillons de précaires à l’avenir incertain, dont l’institution use à l’envi au gré des besoins.
La perversité d’un système à deux vitesses fait donc jouer les précaires contre les titulaires au mépris des statuts acquis dans les luttes syndicales ou les titulaires contre les précaires au mépris de la plus élémentaire justice sociale.
A la rentrée 2015, une fois encore, de jeunes professeurs corses formés en Corse sont envoyés dans des académies en France alors que de réels besoins existent chez nous.
Cette année encore, le Ministère reste sourd face aux délibérations de l’Assemblée de Corse comme aux propositions d’une intersyndicale enseignante et, plus particulièrement, du STC educazione, qui demande depuis de longues années, l’adaptation du barème inter- académique, permettant l’octroi d’une bonification de points concernant le voeu Corse pour tout professeur justifiant d’une habilitation en langue corse, mais aussi l’ajout de la Corse aux dispositions prévues sur les voeux Mayotte et DOM (soit une bonification de mille points pour les voeux qui porteraient sur la Corse pour les agents pouvant justifier de la présence dans l’île du centre de leurs intérêts matériels et moraux).
Ce système producteur de précarité professionnelle et sociale pourrait donc aisément être démantelé si la corsisation des emplois était appliquée et si les pratiques managériales du Ministère, héritées du temps des colonies, cessaient.
Dans ce contexte, A Manca apporte au travers de ses militants et sympathisants son soutien le plus total aux jeunes professeurs investis dans le collectif nouvellement crée, menant la mobilisation contre de nouveaux départs et des retours au pays pour l’heure empêchés.
N’en doutons pas, l’éducation est la clef de voûte de l’édification d’une société corse à construire et à débarrasser de toutes les formes d’exploitation.
A Manca, 20 Août 2015