La compétence de Santé Publique fait actuellement partie des compétences régaliennes de l’État français via l’Agence Régionale de la Santé.
La façon de gérer la Santé Publique en Corse par l’État français est particulièrement préoccupante comme en témoignent les nombreuses contestations ou conflits de ces derniers mois.
Les modalités annoncées de la construction du nouvel Hôpital d’Ajaccio sont plus qu’inquiétantes car le montant de la construction, aussi important soit-il, ne tient pas compte de plusieurs éléments.
Ainsi, le financement global annoncé par l’ARS de 130M€, et dont certains se gargarisent, est largement insuffisant et va conduire à creuser encore plus la dette de l’Hôpital d’Ajaccio.
En effet, ce financement ne prend pas en compte le montant de l’équipement complémentaire, les récentes modifications du projet visant à transférer l’Hôpital Eugénie sur le site mais, surtout, il ne prend pas en compte le transfert particulièrement onéreux des équipements existants (Radio, IRM, Scanner, Caissons Hyperbare, Blocs Opératoires, Salles Interventionnelles de Cardiologie…) sur le nouveau site qui se chiffre à quelques dizaine de millions d’euros, ce qui veut dire que ce transfert devra se faire sur les fonds propres de l’Hôpital d’Ajaccio au moyen d’un nouvel emprunt.
Or, il ne faut pas oublier que l’Hôpital d’Ajaccio est classé parmi les plus endettés, avec, en plus, une partie d’emprunts toxiques toujours pas remboursés, ce qui signifie qu’il ne pourra pas emprunter.
Rappelons également que l’Hôpital d’Ajaccio n’a connu que des Directeurs provisoires depuis plus de 20 ans, ce qui ne peut pas l’aider à progresser en terme de gestion.
Tous ces éléments qui ne sont pas pris en compte dans le financement du nouvel Hôpital d’Ajaccio sont révélateurs de la façon catastrophique de gérer la Santé Publique en Corse de la part de l’État.
Pour Corsica Libera, l’État français doit assumer les responsabilités qui sont pour l’heure les siennes et, donc, la décision de construction d’un nouvel Hôpital doit s’accompagner des moyens financiers et humains nécessaires à sa réalisation, tout en réunissant plus souvent son Comité Stratégique, afin de garantir à la population une prise en charge digne du XXIème siècle !
Et que dire de la façon de gérer la modernisation dont a grand besoin l’Hôpital de Bastia.
Celle-ci a été évaluée à 70M€.
L’ARS propose de financer ce plan à hauteur de 29M€ et demande à l’hôpital d’emprunter le reste alors que ce dernier n’a que très peu de capacités d’autofinancement, ce qui s’explique par le refus de l’Etat d’augmenter le coefficient géographique à un minimum de 15% pour la Corse (alors que les DOM TOM sont entre 25% et 35% par exemple).
Rappelons tout de même que la Corse a le même coefficient géographique que l’Ile de France.
Il ne faut pas oublier non plus que l’État est le seul responsable des problèmes de chaleur actuels car au moment de la construction de l’hôpital, il a imposé à Bastia un modèle (dit modèle Duquesne) rempli de malfaçons prévu pour le Nord de la France… Malfaçons que l’hôpital de Bastia tente depuis de mettre à niveau sur ses propres fonds au moyen d’emprunts.
De plus, l’ARS exige que soient supprimés plus de 40 emplois pour débloquer les fonds, ce qui s’apparente à un chantage inacceptable mettant en danger la sécurité et la prise en charge dans de bonnes conditions des patients, surtout lorsque l’on sait que de nouveaux services ouvriront bientôt leurs portes.
Corsica Libera ne peut accepter que la prise en charge dans de bonnes conditions des patients soit mise en danger alors que les difficultés actuelles résultent directement des choix et de la gestion calamiteuse de l’État.
Pour Corsica Libera, il est impératif d’augmenter le coefficient géographique à 15% minimum, de recruter le personnel soignant nécessaire à l’ouverture de nouveaux services mais aussi que l’État français, responsable et coupable dans cette affaire, prenne intégralement à son compte la modernisation de l’hôpital de Bastia !
Dans la même logique, l’ARS s’apprêtait à ouvrir deux nouveaux services (qui correspondent à 30 lits supplémentaires) à partir du mois de juillet à l’Hôpital de Corti Tattò, sans que les effectifs ne soient revus à la hausse, ce qui a conduit à un conflit social.
Il faut savoir que les effectifs de l’Hôpital de Corti Tattò travaillent déjà en sous-effectifs, à flux tendus, ce qui démontre bien le peu de sérieux de l’État dans la gestion de sa compétence.
Lors de ce conflit social, l’ARS ne s’est, encore une fois, pas montrée à la hauteur des enjeux en mettant plus de 10 jours pour recevoir les grévistes.
Corsica Libera s’est fortement mobilisé auprès des personnels de l’Hôpital de Corti Tattò, ce qui a favorisé le protocole d’accord conclu entre les grévistes et l’État, qui prévoit l’embauche du personnel soignant nécessaire correspondant à l’ouverture de ces deux nouveaux services.
Pour, Corsica Libera, le projet de création d’une Assistance Publique de la Corse, uniquement défendu par notre mouvement depuis 2010, est la seule solution pour sortir de cette situation catastrophique, résultant de l’incapacité chronique de l’État français à assumer sa compétence sur la Santé Publique dans notre pays.
Cela permettrait à tous nos Hôpitaux Publics de pouvoir régler leurs problèmes en direct, sur place, sans toujours devoir attendre un arbitrage venant d’ailleurs et souvent inféodé à des intérêts particuliers au détriment de l’intérêt collectif.
Corsica Libera réaffirme que l’augmentation du coefficient géographique à 15% est une nécessité absolue.
Pour Corsica Libera, les déficits de nos Hôpitaux résultant tous des erreurs de gestion de l’État, le transfert de la compétence sanitaire à la CTC, avec tous les financements et moyens humains associés, est plus que jamais d’actualité.
Cela devient urgent. Faire pire qu’actuellement paraît impossible, tant il est vrai que les grilles de lecture qui nous sont imposées sont en totale inadéquation avec les réalités du terrain.
C’est à la Corse de définir ses priorités en terme de Santé Publique, comme dans les autres secteurs vitaux pour notre Peuple. Et, comme nous l’avons déjà démontré dans notre projet Corsica 21, dont la qualité du volet Santé Publique a été soulignée par bien des observateurs, l’efficience sera enfin au rendez-vous.
CORSICA LIBERA
Vendredi 31 juillet