C’est la question que l’on peut légitimement se poser devant le silence consternant des deux plus hauts responsables parisiens face à la situation corse.
C’est peut-être bien cette interrogation qu’a voulu exprimer le FLNC à travers une référence à Charles De Gaulle. Certes, il y aurait beaucoup à dire sur la gestion par ce dernier de la question algérienne. Toutefois, nul ne contestera sa capacité à inscrire son action dans l’Histoire.
De façon moins machiavélienne mais tout aussi forte, Pierre Mendès France a su marquer de son empreinte la démarche de décolonisation. Pour la Nouvelle-Calédonie, Michel Rocard adopta une ligne similaire, faite d’honnêteté, de pragmatisme et de loyauté. De sens de la justice, également. Par son action, il a fait honneur à la France quand d’autres se sont employés à la déshonorer par leurs reniements. Ce n’est pas un hasard si, Premier ministre en exercice, il a clairement reconnu les responsabilités de l’Etat dont il avait la charge dans ce qu’il est convenu d’appeler “le problème corse”.
Aujourd’hui, comment pourrait-il ne pas se désoler de voir le duo aux affaires dans l’hexagone incapable de réaliser qu’une chance historique s’offre à lui ? En effet, depuis quatre décennies, aucun gouvernement français n’a connu une situation aussi favorable. Il serait absurde – et potentiellement criminel – de ne pas saisir cette occasion de résoudre un conflit ayant empoisonné plusieurs générations de dirigeants français. Et entraîné de nombreux drames.
L’histoire retiendra que, du côté de la Corse, l’impossible aura été tenté pour écrire une nouvelle page des relations entre l’île et Paris. À l’heure où ces lignes sont publiées, tout est encore possible. À condition toutefois de pouvoir répondre par l’affirmative à la question posée précédemment.
Jean-Guy Talamoni
Président du groupe Corsica Libera