Le Parquet refuse la libération de Petru Paoli, contre l’avis du juge d’instruction Alain Gaudino
Mercredi 15 juillet, le juge Alain Gaudino en charge du dossier, prend une ordonnance de mise en liberté de Petru Paoli, avec assignation à résidence s et port d’un bracelet électronique. Il avait (une fois n’est pas coutume) demandé aux avocats de Pierre Paoli de déposer une demande de mise en liberté à la veille des vacances judiciaires.
Le Parquet a immédiatement fait appel de cette décision de mise en liberté. Le juge du Parquet usant d’une astuce juridique pour s’opposer à la décision de son confrère du Siège, Alain Gaudino. Il a aussitôt prononcé un référé-décision pour le garder en détention jusqu’à la décision de la Chambre d’Instruction de la Cour d’Appel de Paris qui a siégé hier lundi 20 juillet à partir de 16 H (soit Cinq jours après !! )… Et ce alors que l’Appel visant l’ordonnance du juge Gaudino étant suspensif, Pierre Paoli aurait du être remis en liberté jusqu’à la décision de la chambre d’instruction de la Cour d’Appel de Paris de ce lundi. La décision était attendue dans la nuit ou ce matin mardi…
Elle est finalement tombée ce matin avec le refus de mise en liberté de Petru Paoli.
Depuis février, suite à une énième rafle dans la mouvance nationaliste, Pierre Paoli avait été incarcéré à la prison de Nanterre et deux autres militants Philippe Zani et Fernand Agostini, avaient été mis en examen dans le cadre du dossier des nuits bleues de 2012, revendiquées par le FLNC. En novembre 2013, suite à une autre rafle dans la mouvance nationaliste, trois hommes avaient déjà été mis en examen et incarcérés depuis dans la région parisienne.
Depuis le 24 juin 2014, le mouvement clandestin a annoncé une démarche de « démilitarisation progressive du champ politique corse », initiative politique réaffirmée ce 13 juillet (soit un an après) à l’occasion de la visite de Bernard Cazeneuve ministre de l’intérieur dans l’île.
Que signifie ce ping-pong ?
Comment interpréter la décision (intelligente pour une fois) d’un juge qui jusqu’alors se montrait d’une intransigeance certaine vis-à-vis de la Corse et en matière de politique répressive contre les nationalistes corses, n’ayant rien à envier au zèle de son prédécesseur le juge Gilbert Thiel (aujourd’hui à la retraite) ?
Comment interpréter le refus de la Chambre d’Instruction de la Cour d’appel de Paris ? Comment analyser la contradiction entre Le juge Gaudino, juge du Siège (même si en la matière, on traite d’affaires étiquetées « terrorisme », avec les dérives judiciaires et policières en découlant) et le Parquet que l’on considère comme le bras judiciaire du pouvoir politique en place, tant sa liberté de manœuvre est mise en doute.
En faisant simple, comment juger de l’attitude de l’Etat et de son gouvernement dans les affaires ayant trait à la Corse, alors que l’on nous bassine sans arrêt sur « le dialogue nécessaire et l’expression « démocratique » des Corses à prendre en compte »
Au vu de cette affaire, ce dialogue finalement n’est -il encore une fois que virtuel et pourquoi avons-nous encore une fois la triste impression que l’expression des Corses (la majorité des élus de l’île demandent la libération de tous les détenus et l’amnistie générale) que notre expression au final ne compte guère aux yeux de ce gouvernement
Più che mai : Libertà pà tutti
Amnistia pà tutti l’imprighjunati e i ricercati pà fatti pulitichi in Corsica
Libertà pà u populu corsu
PETRU POGGIOLI
21 juillet 2015