Pourquoi Calvi Altrimente a voté contre l’avis défavorable émis par la majorité municipale sur le PADDUC ? Calvi Altrimente s’est exprimé sur ce sujet lors d’une conférence de presse dont voici le texte :
« Lors de la séance du Conseil Municipal du 29 juin 2015, le maire de Calvi, a soumis à l’assemblée une délibération portant sur les Espaces remarquables et caractéristiques (ERC) et sur les Espaces stratégiques agricoles (ESA), tels que définis pour la commune de Calvi, par le PADDUC, voté par la CTC le 29 avril 2015.
Ce document – le PADDUC- étant soumis à enquête publique, nous rappelons que la date d’ouverture de l’enquête était le 4 mai 2015, que la date de clôture est le 3 juillet 2015, et qu’il en a été fait une large publicité.
Nous considérons donc, que voter une décision d’une telle importance, à la veille de la clôture de l’enquête, est une manœuvre grossière, qui vise à priver le citoyen de tout moyen de réagir. Chacun sait, et on peut le déplorer, que cette enquête n’a pas soulevé chez le citoyen Lambda, l’intérêt qu’elle aurait dû, et ce malgré les appels des associations, telle qu’U Levante, ou de certains groupes politiques…
De quoi s’agit-il ?
- La municipalité demande en premier lieu, que le Club Olympique réintègre les ERC, « dans le cadre de la préservation de la Pinède espace remarquable protégé ». Nous sommes étonnés que la CTC, en ait modifié le classement, alors que ce sujet avait fait débat il y a quelques mois. Mais le maire de Calvi, nous ayant affirmé que tel était le cas, nous en prenons acte, et nous dirons au commissaire enquêteur lors de sa prochaine visite, notre souhait de voir cette zone maintenue dans les ERC.
- Curieusement, par contre, la municipalité demande à ce que soit retirée des ERC, la zone de L’Accueil de Loisirs Sans Hébergement ou centre aéré : on peut s’étonner de cette obstination, alors que le permis de construire du CLSH a été annulé par le Tribunal Administratif de Bastia, et que cette décision a été confirmée par la Cour d’Appel de Marseille !
Or, contrairement à l’argumentaire développé, l’implantation n’est pas le fruit d’un projet mûrement réfléchi autour du bien-être des enfants : il est le résultat de l’opportunité qui s’est offerte, lorsque les pompiers de la Sécurité Civile ont quitté les « Algéco » qui les abritaient !
L’argument « intérêt public » ne tient pas ! La Municipalité n’a jamais fait l’effort de chercher une autre alternative. Nous craignons, nous, que l’exception ainsi créée n’ouvre la voie à une urbanisation de cœur de la Pinède, ce que certains appellent de leurs vœux.
Que l’on ne nous fasse pas le procès de dire que nous sommes contre le Centre aéré : nous y sommes favorables, comme nous sommes favorables aux activités péri-scolaires que la ville de Calvi n’a pas mises en place, et nous sommes prêts à contribuer à une réflexion sur ce thème ! Nous souhaiterions que la ville prépare un vrai projet pérenne dans un lieu ou les enfants pourraient s’épanouir, dans un cadre sécurisé et répondant à toutes les normes en vigueur.
Nous préférerions que la municipalité construise un vrai projet ailleurs, plutôt que de partir en procédure longues et couteuses sur un terrain où il y a de fortes chances que son projet soit rejeté , une fois de plus, par la justice , contraignant la ville à se contenter d’ une structure peu adaptée à l’accueil des jeunes enfants.
Le maire a précisé pendant le conseil que la pinède était « une pinède urbaine » : c’est la une vérité, que nous ne contestons pas ! D’autres villes, plus importantes, et plus fameuses que la nôtre sont dotées d’espaces verts : à Paris, construit-on dans le Parc Monceau ? A Lyon, est-il question d’urbaniser le Parc de la Tête d’Or ?
La pinède est le seul poumon vert de notre cité. D’où notre farouche volonté de la préserver en l’état. Elle aurait besoin d’un vrai plan de remise en état et d’un reboisement, plutôt que de la suppression de pins, qui, pour certains, tombent faute d’entretien. Régulièrement, nous voyons disparaitre des arbres en ville : sont-ils remplacés par d’autres arbres ? Non ! Ils sont remplacés par des tables et des chaises…ou par des voitures ! La préservation de ce lieu qui contribue à la magie de notre ville est pour nous indispensable. Seule une action forte en permettra le maintien. Ouvrir ce site à l’urbanisation, serait ouvrir la boîte de Pandore, et nous en serons comptables devant les générations futures.
- Le dernier point, et non le moindre, concerne la demande de déclasser 95 ha de terres qualifiées dans le PADDUC « d’espaces stratégiques agricoles » (ESA), au prétexte que « la nature des sols est non agricole » – Notons au passage que la majorité municipale a des compétences en géologie, que nous ne soupçonnions pas !- et que « aucune activité agricole n’y est relevée ». Pour autant est-il raisonnable d’ouvrir d’aussi vastes surfaces privées à l’urbanisation ?
- Quels sont les besoins avérés ? Quelles études a-t-on faites ?
- A-t-on réfléchi aux besoins en eau ? en assainissement ? en voirie ?
- A-t-on réfléchi aux équipements publics dont aurait besoin la ville ?
Non ! Absolument pas ! Nous campons sur un POS obsolète, non conforme à la Loi Littoral et dont les premières études remontent à 1974 ! Chacun peut observer le mitage du territoire. Le centre-ville est à l’abandon, la Citadelle est dans un état pitoyable.
Je porte à votre réflexion un tableau INSEE de 2012 sur l’évolution des logements sur la commune.
Logement | Calvi (2B050) | |
Nombre total de logements en 2012 | 4 702 | |
Part des résidences principales en 2012, en % | 45,4 | |
Part des résidences secondaires (y compris les logements occasionnels) en 2012, en % | 48,2 | |
Part des logements vacants en 2012, en % | 6,4 | |
Part des ménages propriétaires de leur résidence principale en 2012, en % | 38,7 | |
Sources : Insee, RP2012 exploitation principale |
Comme vous pouvez le voir les logements principaux ne représentent plus que 45.4 % du total.
Ces chiffres doivent nous donner à réfléchir. C’est la politique globale menée depuis 20 ans, qui a contribué à ce que nous dénonçons aujourd’hui ! La politique urbanistique de la ville, ou plutôt l’absence de politique et de vision à long terme, continue à accentuer ce phénomène de spéculation galopante.
Notre but est de défendre un vrai développement pour les locaux. Vouloir déclasser ces zones agricoles nous amène à nous interroger sur la vision du développement de Calvi de l’actuelle majorité. Pourquoi demander un déclassement si on n’a pas un projet ? Quels sont les vrais enjeux concernant ces espaces ? Il faut savoir que le PADDUC donne la possibilité dans 3 ans de modifier certaines zones si on s’aperçoit d’un classement erroné. Pourquoi cette précipitation aujourd’hui ?
On nous dit qu’il n’y a jamais eu de production agricole sur ces terrains. Chacun sait que c’est faux, on peut encore trouver des témoignages : d’ailleurs si les propriétaires le souhaitent, je connais un certain nombre de jeunes agriculteurs qui ne peuvent pas s’installer car ils n’ont pas de terrains. Donc, ces terrains en friche pourraient leur être fort utiles
Seule une politique globale avec un vrai plan de développement permettra de faire évoluer notre cité d’une manière homogène, respectant la population locale, le développement touristique et l’activité économique. Vouloir continuer au coup par coup, continuera à accentuer le mitage présent et entrainera une plus grande disparité dans notre population et on connait les problèmes qui ne manqueront pas de survenir, avec ce type de développement.
Lorsque nous avons manifesté nos inquiétudes, on nous a rétorqué qu’il y avait un arsenal de mesures de protection que l’on pourrait utiliser sur ces zones : permettez –nous d’être circonspects ! Quand on voit la « nécropole » sous laquelle est enterré le chemin des douaniers, et ce, malgré l’arrêté préfectoral et la volonté manifestée par la municipalité à l’époque, on se dit que l’on n’est jamais trop prudent !
Je sais que certaines personnes se demandent ce que nous faisons. Nous essayons, malgré nos différentes activités professionnelles et personnelles d’être présent à toutes les réunions et commissions à la fois de la commune et de la communauté de communes. Nous essayons, autant que nous pouvons de faire avancer les choses pour le bien de la population. Je rappelle que nous ne sommes que 3 élus sur 29, que nous ne sommes pas ni rémunérés, ni indemnisés. Nous n’avons aucun pouvoir de convoquer les commissions ou les conseils des 2 instances. Nous ne pouvons rien imposer, juste proposer et essayer d’obtenir un compromis sur des sujets divers. Nous nous devons d’étudier tous les projets qui nous arrivent dans des délais très courts ne nous laissant pas parfois le temps de bien saisir tous les tenants et aboutissants de certaines délibérations.
Nous continuons cependant à être les « veilleurs » qui vous alerterons chaque fois qu’un sujet aussi sensible que celui que nous venons de vous exposer, sera discuté en mairie.
CALVI ALTRIMENTE
1er juillet 2015