Un peu partout en Europe, les mouvements nationalistes progressent et se rapprochent de leur objectif: l’auto-détermination de leurs peuples. Pourquoi l’Union des forces pour l’auto-détermination des peuples est-elle, plus que jamais, nécessaire? Et quelles doivent être les conditions de ce rassemblement?
L’Europe du nord et les partis uniques
Dans l’Europe du nord, que ce soit en Ecosse, avec le Scottish National Party (SNP), au Pays de Galles, avec le Plaid Cymru, en Irlande, avec le Sinn Féin, en Flandres, avec la Nieuw Vlaamse Alliantie (NVA), en Frise, avec Fryske Nasjonale Partij (FNP), aux îles Ålands, avec le Ålands Framtid, au Danemark pour la minorité allemande, en Allemagne pour la minorité danoise, en Belgique pour la minorité germanophone, (et la liste peut encore s’allonger), les mouvements nationalistes, qu’ils soient indépendantistes, autonomistes ou représentant des minorités, ont historiquement choisi de ne former qu’un seul et unique parti pour défendre le droit de leurs peuples à disposer d’eux-mêmes.
Ce choix s’explique en partie par l’ancienneté de ces partis politiques. En effet, ils sont souvent vieux de plusieurs dizaines d’années voire, pour certains, quasi centenaires! Le Plaid Cymru fête ses 90 ans et le SNP vient de souffler ses 80 bougies! Ces partis n’étant pas des machines électorales au service d’un homme politique mais bien des structures politiques au service d’un peuple, il est inutile de monter sa propre boutique.
L’Europe du sud et le choix des 2 voies
Dans l’Europe du sud, c’est l’inverse : les mouvements nationalistes sont historiquement divisés en 2 branches, voire plus. La première division est liée au clivage droite-gauche. En Catalogne, par exemple, il existe Convergencia et Esquerra Republicana de Catalunya (ERC), respectivement partis de centre-droit et de gauche, en Catalogne. Pourtant, tout en se présentant séparément aux élections catalanes du 27 septembre prochain, ils ont décidé d’aller ensemble vers l’auto-détermination, en cas de majorité du camp pro-indépendance aux élections. Le second clivage, dans l’Europe latine, est celui qui sépare les indépendantistes et les autonomistes, notamment en Corse. Enfin, autrefois, il existait aussi un clivage lié à la violence, notamment aux Pays basques et en Corse, entre ceux qui la condamnaient et ceux qui la justifiaient. Mais le dépôt des armes de l’ETA, en Euskal Herria, et du FLNC, en Corse, a fait disparaître ce clivage.
Unis contre le jacobinisme
La France ”universelle”, le Royaume-Uni ”éternel”, l’Espagne ”immortelle” et la Belgique ”artificielle” ont longtemps mené la bataille contre les nations sans Etats. Le passé impérial et/ou colonial, l’illusion de la grandeur, voire l’obscurantisme de leurs élites issues d’une infime minorité de la population ont toujours combattu les peuples qui vivaient aux frontières de ces pays. Pourtant, si depuis les années 70, les 3 derniers pays ont su, insuffisamment certes, assouplir leurs structures institutionnelles et constitutionnelles, la France, elle, reste figée dans le temps et dans l’Histoire, niant toujours et encore le droit des peuples qui vivent sur son territoire.
Le combat est inégal, la bataille paraît perdue d’avance, le sort semble en être jeté et nul doute que les capitales, que les gouvernements centraux, que les partis traditionnels se battront, coûte que coûte, contre le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, jusqu’à leur dernier souffle, serions-nous tentés de dire.
C’est pourquoi nous ne pouvons pas nous permettre la division au sein du mouvement national! C’est en cela que les querelles de boutiques, les batailles d’égo, les stratégies personnelles, les divisions inutiles ne rendent service, in fine, qu’au système en place, qu’aux partis traditionnels, qu’aux clans établis.
Les conditions de l’Union
Il est évident que le rapprochement, voire l’Union, de toutes les forces nationalistes ne peut se faire sans mettre, en amont, des garde-fous. Car nul ne peut imaginer un instant rassembler une famille politique pour, au final, rassembler un peuple autour d’un projet de société si celui-ci ne se fait pas sur des bases démocratiques.
Cela veut dire deux choses : tout d’abord, au XXIème siècle, personne ne peut penser que la violence puisse être un outil politique. Le fait que les derniers mouvements clandestins ont déposé les armes est, d’ailleurs, une preuve de maturité de ces derniers. Ensuite, nul ne peut laisser penser, un seul instant, qu’un parti d’extrême droite, raciste ou xénophobe, puisse faire partie de cette Union stratégique ou politique. On ne peut rassembler avec ceux qui divisent, on ne peut défendre un projet de société avec ceux qui la détruisent.
Une fois ces digues infranchissables érigées, et la tradition politique locale respectée (1 ou 2 partis), libres aux partis nationalistes de choisir quand s’unir : (1er, 2ème ou 3ème tour ?), autour d’un projet de société, celui de l’auto-détermination des peuples étant probablement le plus beau, pour mieux rassembler l’ensemble des citoyens.
L’Union de toutes les forces de progrès est nécessaire contre le conservatisme du système en place. Et bien qu’elle ne soit pas suffisante, en soi, elle n’en demeure pas moins indispensable à la réussite de notre objectif politique qui est de rendre aux peuples d’Europe, et du monde entier, le droit de s’autodéterminer.
Roccu GAROBY
Président de l’Alliance Libre Européenne Jeune