#Corse « Prunelli di Fium’Orbu : Méfions-nous, les loups sont partout » #FiumOrbu

Décidément, le Fium’Orbu est un lieu où s’exacerbent les passions… Il y a 30 ans, le mouvement du riacquistu puisait aussi là-bas quelques-unes de ses motivations de révolte. La langue corse était prohibée à Lugu di Nazza où les CRS appelés en renfort empêchaient un groupe corse, I Muvrini, de chanter… La résistance fut pacifique, le concert fut maintenu et des centaines de personnes se rendirent sur place pour y assister. Comment arrêter des centaines, voire des milliers de personnes ? Impossible ! Magnifiquement impossible !

Le groupe a fait son chemin pour défendre partout dans le monde le droit des Corses à être eux-mêmes, jusqu’à prôner la non-violence aujourd’hui comme une « arme » pour rejeter le mépris. La mobilisation qui s’est faite autour de lui a également fait son chemin. 30 ans plus tard, au parlement européen, un Corse, l’eurodéputé François Alfonsi, présentait un rapport adopté à une majorité écrasante des représentants de 500 Millions d’Européens, pour dire qu’il faut protéger les langues en danger de disparition, pendant que, dans l’île, dans un autre lieu plus modeste mais ô combien symbolique aussi, la représentation élue de l’Assemblée de Corse adoptait par 36 voix pour et 11 non-participation, une demande de statut de coofficialité de la langue corse.

Quel lien avec les événements du Fium’Orbu ? Se battre pour le respect de son identité, c’est se battre pour le respect de toutes les identités ! Et quel plus beau symbole pouvait-on trouver alors que celui de faire chanter des enfants, venus d’horizons divers, sur les paroles du célèbre hymne à la paix, qu’est « Imagine » de John Lenon ?

Y a-t-il eu acte raciste à l’origine de l’événement que certains qualifient avant tout de fait divers de plus de l’imbécilité humaine ? Une chose est sûre,  les événements se sont précipités, certainement pas innocemment, et les loups, tous les loups aux aguets, se sont empressés de se manifester. Les uns pour cracher leur méprisable haine de l’autre, et « s’autoriser » à des actes racistes qu’il faut condamner sans réserves de la manière la plus énergique qui soit ; les autres pour exploiter l’événement  et stigmatiser une population une fois de plus amalgamée et mise à l’index.

La Corse, île cent fois traversée par toutes sortes de populations venues des quatre coins du monde, des temps les plus lointains jusqu’à nos jours, pour séjourner ou bien se fondre dans cette culture qui a traversé les siècles et qui s’est forgée de ces multiples apports, est réputée pour son hospitalité. Les Corses le sont pour leur courage, jusqu’à protéger le plus faible lorsque des temps durs sont venus le pourchasser sur leur terre. E camisge nere et les hordes nazis n’ont pu y extraire un juif durant la seconde guerre mondiale, au point de souligner aujourd’hui que la Corse pourrait prétendre au titre si rarement concédé « d’île des Justes ».

Elle est aussi la région de France où il y a le plus grand nombre de mariages entre des Corses et des personnes d’origine du Maghreb donnant naissance à d’adorables petits chérubins à l’identité plurielle. Et ces Maghrébins vivant en Corse sont en très grande majorité des Berbères, d’une culture si proche de la nôtre : laïque, parfois chrétiens, musulmans, boudistes ou même athée, aimant la fête, la famille, la terre, sa langue, sa culture… et capable d’une révolte tellement semblable aussi. Pourchassés depuis des siècles, les Berbères revendiquent leur identité et des droits politiques pour leur terre. Ceux de ce peuple qui ont dû migrer jusqu’à chez nous méritent notre respect. Ils sont nos frères même si comme nous bien souvent, ils vivent « à cultura imprestata ». C’est bien le berbère, ou le Tamazigh (textuellement : « la langue de l’homme libre ») qui devrait être apprise dans les écoles de la République en Corse. Mais la République colonise jusque dans les quelques droits qu’elle accorde ! Elle apprend ainsi – ironie de l’histoire ! – aux petits berbères la langue de leur oppresseur : la langue arabe… tout comme elle fait réciter aux petits Corses, aux petits Bretons ou aux petits Basques « nos ancêtres les Gaulois »…

Ceci dit, quel mal y-a-t-il à prononcer en musique quelques vers traduits en arabe, cette langue d’une civilisation si ancienne, si noble et respectable comme le sont toutes les cultures nées de la terre et du labeur des hommes ? L’exercice de partage des cultures est quelque chose de profondément instructif pour un enfant, qui plus est dans les rimes d’un chant qui prône la paix entre tous les hommes. Pourquoi donc cette initiative qui se voulait festive à l’occasion de la kermesse de fin d’année, a-t-elle virée aux délires nauséabonds que l’on peut lire aujourd’hui sur les réseaux sociaux ? Cette toile immense qui nous ouvre le monde en même temps, parfois, qu’elle le détruit ? Heureusement, on y lit aussi de superbes textes sur le sujet.

Les leçons à tirer

Bref, ce fait divers de Prunelli di Fium’Orbu nous instruit. Il nous rappelle que la nature humaine est faible et qu’il faut sans cesse l’éduquer et l’accompagner.

Chacun peut-être fera en son for intérieur, son examen de conscience pour analyser les choses. Mais notre société doit aller plus loin et anticiper sur le fait que de tels événements peuvent se reproduire si l’on n’y prend garde, et même s’aggraver.

uneFabianaGiovannoniLe racisme n’a pas sa place en Corse. Chaque Corse attaché à sa culture, à sa langue, à son histoire, à l’âme de ce peuple, doit le combattre de toutes ses forces. Chaque parent a le devoir d’en apprendre le dégout à ses enfants.

Et pour le monde politique, chaque événement, même anodin, ne peut être relativisé. Il faut immédiatements mettre le holà, afin de barrer la route à ceux qui y verrait là une faiblesse, la possibilité d’agir ou d’exprimer sa haine et son rejet de l’autre. Nous n’avons pas le droit de laisser des portes entrouvertes à ce type de menace. Tout acte raciste est à condamner. C’est une question de survie et d’honneur pour notre peuple.

Arritti, et avec lui tous ses amis du PNC, appelle les Corses à venir l’exprimer par leur présence au rassemblement du 27 juin prochain à Prunelli di Fium’Orbu.

Fabiana Giovannini.

(article à paraître dans ARRITTI)

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