Lettre aux militants de « Per A NAZIONE » (Culletivu per a nazione)
AUX MILITANTS DE « PER A NAZIONE »
J’ai cru comprendre, sauf erreur, que le collectif était traversé par des courants d’idées différents. Il est question de « dissolution » pure et simple d’un côté, de « fusion » de l’autre.
La première hypothèse m’amène à penser que la création du Collectif n’aurait servi de fait qu’à justifier une action policière contre des indépendantistes, obstinés à s’exprimer de façon cohérente malgré la déliquescence organisée du mouvement national. Les buts étant atteints, le Collectif devient inutile, voire encombrant. A chacun d’en tirer ses propres conclusions.
La deuxième hypothèse, d’une fusion avec « A manca naziunale » n’est pas de nature à renforcer l’ensemble de la démarche pour le moment. Le passé récent a fait que pour l’essentiel les militants se sont regroupés sur des critères de confiance mutuelle plutôt que sur des convergences idéologiques notables. Les fusions politiques provoquées ne sont jamais un facteur de renforcement, sauf dans la tête des « apparatchik ». A la base, elles sont au contraire facteur de rejet et de « débandade ». Il faut prendre le temps, par des pratiques assainies, de faire revenir la confiance.
Une fois levée l’hypothèque des liens toujours problématiques avec la clandestinité, reste à apprendre -car elle n’a jamais existé chez nous- la transparence, dans les fonctionnements et les finances en particulier, et l’équilibre dans les choix de structures. Il faudra dans cet esprit, redéfinir les raisonnements et les comportements. Ce qui pose le problème de la formation des militants, face à eux-mêmes, à l’Histoire, à la Culture corse, à la répression, aux médias, à la communication etc.…
Dans l’état actuel des choses, et au vu des résultats de la journée du couvent de Casabianca, pourquoi ne pas lancer l’idée de la création d’un « Comité provisoire d’organisation du Congrès de la Nation Corse », ouvert à toux ceux qui, organisés ou non, s’expriment dans le cadre national. Ce Congrès, regroupant des partis politiques, des individus, des associations, des syndicats, pourrait être aujourd’hui la base de la définition du corps electoral national, et de la mise en place, après élections, du 1er Parlement corse depuis Paoli.
Par le contact avec A Manca et Corscica Viva, il est possible d’entraîner peut-être le Comité pour la langue, les syndicats étudiants, une partie du S.T.C. Seules la bêtise ou l’inféodation à la police française peuvent empêcher les structures actuelles d’adhérer. Il serait nécessaire, à partir des structures présentes au couvent de Casabianca :
– de lancer une « Chjama » dans ce sens, plaçant les uns et les autres devant leurs responsabilités ;
– Essayer au préalable d’accrocher l’U.P.C, en inscrivant notre revendication d’Indépendance dans le temps.
A Cuncolta et Corsica Nazione, qui ne semblent pas prêts à renoncer à leur prétention d’hégémonie, sont mal placés car ils ne semblent pas mesurer le peu de confiance qu’ils inspirent malgré le résultat des territoriales, qui d’ailleurs me semblent bien loin.
A prestu
Fresnes le 20 juillet 1998
MARCEL LORENZONI