« En juin 1993, au retour d’un voyage d’un mois à l’île de la Réunion, j’apprends la mort de Robert Sozzi.
En août le FLNC-canal historique revendiquait et expliquait cet acte. En tant que militant et membre de l’Exécutif de A Cuncolta, j’assume ce meurtre, en ayant conscience des conséquences qu’il aurait sur la cohésion du Mouvement National. Au fil des semaines qui suivirent, et à travers les multiples échanges que me permet ma position particulière dans le Mouvement National, ma conviction est faite. Cinq ans après, rien ne l’a fait varier, c’est pourquoi je la livre à l’appréciation de l’opinion.
Le mécanisme de l’affaire Sozzi est le même que celui de l’affaire de Bastelica. Dans les 2 cas, par un travail psychologique approprié, on « donne à un homme des raisons de tuer ».
Dans l’affaire de Bastelica, c’est feu le commissaire Ambroggiani qui a persuadé P.Bertolini de ma responsabilité dans l’attentat qui faillit lui coûter la vie, jusqu’à ce que ce dernier passe à l’acte et tente de m’enlever dans le but de m’exécuter.
Dans l’affaire Sozzi, différents intervenants agissent sur R.Sozzi pour dénoncer J-F Filippi et des militants comme traîtres. Les débats internes à A Cuncolta, le courage et la sincérité de R.Sozzi, furent le terreau de ce drame, comme le contentieux FRANCIA/UPC fut celui de l’affaire Bastelica/Fesch.
De même que j’ai été prévenu longtemps avant, des intentions homicides de Bertolini à mon égard, de même la « rumeur » faisait passer R.Sozzi pour un militant « retourné » par la police, et potentiellement dangereux, compte tenu de sa réputation, pour des responsables de la mouvance Cuncolta.
Dans les 2 cas et au moment du passage à l’acte, un « infiltré » membre( ?) du FLNC donne le détail des intentions de P.Bertolini et de R.Sozzi.
Le but de ces montages, œuvres de professionnels, était de faire couler le sang entre corses. Dans le 1er cas, le fonctionnement de l’UPC et des premiers collectifs nationalistes nous ont permis d’éviter le pire. Dans le 2ème cas, le « cloisonnement » d’une « structure opaque » aux militants, mais qui ne peut être que parfaitement connue des services spéciaux, a permis un des actes les plus lourds de conséquences de l’Histoire récente du Mouvement.
Qui dans l’affaire Sozzi a joué le rôle que tenait le commissaire Ambroggiani vis à vis de Bertolini ? Qui dans le groupe Sozzi a joué le rôle du curieux Yannick Leonelli à FRANCIA ? (A noter que celui-ci, disparu de 1981 à 1996 réapparaît en KANAKY où il œuvrerait au noyautage de groupes Kanaks !). Puisqu’on en est aux opérations « verité » ; quand verra-t-on se développer une enquête sur l’action ses services spéciaux français en Corse ?
Bien des réponses pourraient être apportées à des questions qui pour le moment n’en ont aucune, y compris les dizaines d’assassinats non élucidés et, en apothéose, le meurtre d’un Préfet, prélude à une « manifestation spontanée », matérialisation du réflexe sécuritaire recherché depuis des années à travers un apparent laxisme. »
Marcel Lorenzoni. Maison d’arrêt de Fresnes, le 21 octobre 1998
(Lettre publié sur le site Unità Naziunale puis A Nazione, avec son aimable autorisation et collaboration aux sites)