Le 3 Juin 1999 : Il y a bientôt 6 ans, mon mari était lâchement exécuté par le Canal Historique. Et bien que n’étant pas armé, ses tueurs ne lui laissèrent aucune chance. Faut-il rappeler que mon mari, comme cela a été démontré par le comité Sozzi, était un homme intègre dont le seul crime a été son idéalisme. Déjà à l’époque, le comité Sozzi dénonça « l’exploitation médiatique et, encore plus ignoble, l’exploitation politicienne du cadavre de Robert Sozzi; les alliances présentes ou futures étant plus importantes pour les appareils politiques ».
En effet au bout de six ans, la situation apparaît de plus en plus inquiétante. Des événements récents ont donné lieu à des alliances « contre nature ». Les ennemis d’hier se retrouvent dans des manifestations communes et discutent autour de la même table. Comment est-il possible que l’on puisse être contre certains, quatre mois auparavant, et avec eux ensuite en passant sur des cadavres. Certains prétexterons « une paix essentielle et nécessaire ». Pour cela sont-ils prêts à oublier certaines phrases de la Cuncolta: « légitime défense préventive »… « A situation exceptionnelle; mesure exceptionnelle! » En préférant rejoindre ceux qui condamnent sans condamner la mort d’un préfet.
Alors que ces derniers continuent à assumer la mort d’un de leurs; comment les plus modérés se « prétendant démocratiques » peuvent-ils rejoindre certains membres de la Cuncolta alors qu’ils ont pris à un moment donné le meurtre de mon mari comme fer de lance de leur campagne, car, étant un des rares assassinats revendiqué à ce jour.
Quand on voit, aujourd’hui, les discours de certains comme M. Talamoni, qui devrait faire preuve d’un peu de pudeur… N’oubliez pas que vous avez renié l’un des vôtres et pire, vous avez cautionné son exécution, alors que vous étiez un membre à part entière de l’exécutif de la Cuncolta. Quant à la présomption d’innocence dont vous nous rabattez sans cesse les oreilles, vous êtes bien mal placé pour en parler car non seulement mon mari a été jugé par le Canal Historique, mais aussi exécuté par lui. Cela allant bien plus loin que des peines de prison.
Y a-t-il eu depuis une condamnation publique de la mort de mon mari par ceux de votre mouvement? Non!
Et le Canal Historique, que vous soutenez, alors qu’il se disait le défenseur du peuple corse (…) a assassiné mon mari, un enfant de ce peuple, pour qu’il ne puisse pas exprimer ses opinions, entraînant ainsi comme on le sait la Corse dans une spirale de violence.
Paradoxalement, l’ennemi n’était alors plus en ces temps troublés l’Etat mais les autres branches du nationalisme. Un Etat que vous avez pris plus tard comme « partenaire ». Vous ne manquez pas de culot en crachant aujourd’hui dans la soupe en rejetant toute faute sur lui.
Nous ne sommes pas dupes (…) Quand vous parlez d' »île de fous » ou plutôt de « l’île des justes » où vous situez-vous? Parce que quand on a une telle idée de la justice on peut se poser la question: que signifie le mot « juste » pour vous? (…) La dérive fasciste de certains doit être bien grande pour qu’aucune leçon n’ait été porté.
A quinze jours de l’anniversaire de la mort de mon mari, bien que celui-ci ait toujours été de gauche, il est malheureux que seuls les partis politiques traditionnels socialiste ou communiste continuent à dénoncer son assassinat, donnant ainsi une leçon à certains qui feraient mieux de se remettre en question.
Laetitia Sozzi
Source photo : Unità Naziunale, Archives du site.
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