226 attentats en corse, les actions clandestines se multiplient, les groupes armés aussi…
JANVIER 1975 Le 18 JANVIER 1975 : Les frères SIMEONI arrivent à RUNGIS, leurs dossiers sous le bras : JEAN PASCAL PIERRE parlera du problème de la formation des hommes, MICHEL CASTELLANI des problèmes démographiques, PAUL MARC SETA des questions fiscales, NICOLAS SECONDI et CHRISTIAN MONDOLONI des questions économiques, JEAN MANNARINI des problèmes commerciaux et MAX et EDMOND SIMEONI des questions politiques. Leur interlocuteur est LIBERT BOU. Le 20 JANVIER 1974 : LIBERT BOU arrive à BASTIA. LIBERT BOU, Ministre de l’Etat Français, déclare « Même 200 000 Corses Autonomistes ne pourront rien changer ». |
AVRIL 1975 Le 17 AVRIL 1975 : La jeune Chambre Economique de BASTIA, dont le Président JOSE STROMBONI incarcéré en 1974, accusé d’être le chef des plastiqueurs, invite LIBERT BOU dans la salle du restaurant LA TAVERNE, il est assailli de questions qui le torpillent. |
MAI 1975 La loi du 15 mai 1975 la divise en deux départements : la Corse-du-Sud (Ajaccio) et la Haute-Corse (Bastia) En MAI 1975 : Le » Manifeste de Pentecôte » lancé par GHJUSTIZIA PAOLINA se montre critique vis-à-vis de la mission de LIBER BOU, mais aussi très dur à propos de l’attitude des dirigeants autonomistes dont il dénonce l’action réformiste contraire aux principes révolutionnaires. D’autres critiques émanent de VINCENT STAGNARA, animateur Bastiais du P.P.C.A., et au sein même de l’A.R.C (les futurs chef du F.L.N.C en fait, comme PETRU POGGIOLI source livre A.N.C.) « EDMOND, choisis! La canne à pêche ou le fusil » |
JUIN 1975
Le 18 Juin 1975 : Lettre de Libert Bou, chargé de mission du gouvernement à Jean Mannarini, dirigeant de l’Action pour la Renaissance de la Corse (ARC)
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
Liberté . Égalité . FraternitéMission Interministérielle
pour l’Aménagement et l’Équipement
de la Corse
Décret du 7 février 1975 N 75-81
LE PRÉSIDENT DE LA MISSION
Délégué au Développement Économique
de la Corse
LB/LG- CAB. N° 75/ 98
Paris, le 1 8 JUIN 1975
Monsieur MANARINI
Directeur Général des Ets. MATTEI
Route du Cap Toga
20200-BASTIA
Cher Monsieur,
Par ses divers communiqués, l’ARC continue à me prêter le propos suivant : « M. BOU a affirmé, « lors d’une réunion de la JCE de BASTIA, que 200 000 Corses » autonomistes ne pourront jamais faire modifier la Constitution » Cette affirmation qui est séparée de son contexte lui donne une allure de défit ou de provocation qui ne traduit absolument pas le fond de ma pensée.
Le mouvement autonomiste est un mouvement légal et je respecte ses opinions. J’ai pris des contacts avec lui parce que je considère que nos échanges de vues sur le plan économique pourraient être utiles à la Corse.
Sur le plan politique, je n’ai exprimé qu’un point de vue strictement personnel, à savoir que je doutais de la possibilité d’obtenir pour une petite fraction des 52 millions de français une modification de la Constitution, car cela poserait d’autres modifications du même genre, en faveur d’autres collectivités régionales et mettrait en jeu l’unité même de la République française.
Par contre j’ai beaucoup insisté sur les possibilités qu’offraient les textes sur la régionalisation dans le cadre de la Constitution actuelle. Possibilités qui n’avaient pas été exploitées à fond pour résoudre le problème Corse sur le plan politique..
Pourriez-vous contribuer à rétablir la vérité de mes propos parmi vos amis. Je vous laisse le soin de choisir le moyen qui vous conviendra pour effectuer la mise au point nécessaire.
Je vous en remercie à l’avance et vous prie de croire à mes sentiments les plus cordiaux.
Libert Bou
Le 30 juin 1975, l’hebdo Le Point consacrait un article à la situation insulaire au seuil de la saison estivale sous le titre significatif : « Corse, l’été des plastiqueurs »
AOUT 1975
Le 17 AOUT 1975 : A CORTI, 8000 personnes se sont réunis sous le chapiteau lors d’une réunion de l’A.R.C, c’est le neuvième congrès.
(lien)
Discours Edmond Simeoni du 17 aout 1975
source Archive ARC
Source Mémorial des Corses
Edmond proposera 20 questions à l’assemblée qui, à chaque fois, dans un déferlement d’applaudissement et de clameurs, répondra par l’affirmative.
- « Y a t-il un Peuple Corse?
- Ce peuple corse a t-il droit à la vie ?
- La Corse est-elle une colonie?
- Doit-elle être décolonisée?
- Faut-il créer des milliers d’emplois pour les jeunes Corses?
- Faut-il corsiser à 80% la fonction publique et parapublique,le secteur bancaire?
- Faut-il créer les conditions objectives du retour de nombreux exilés?
- Faut-il donner à notre langue et à notre culture tous les moyens techniques de leur sauvetage et de leur promotion?
- Faut-il revendiquer le bilinguisme intégral, tant à l’école que dans les actes de la vie administrative?
- Faut-il désaliéner Casabianda? Et rendre ses terres à la vocation communautaire de nos jeunes ruraux?
- Faut-il chasser les colons et rendre leurs terres à la vocation de nos jeunes ruraux?
- Faut-il chasser les promoteurs rapaces? Et rendre leurs terres à la vocation communautaire de nos jeunes attirés par le tourisme?
- Faut-il éviter à tout prix les affrontements entre Corses?
- Faut-il oublier nos divisions pour une urgente et nécessaire unité de combat?
- Devons-nous proscrire le racisme odieux inutile déshonorant?
- Le peuple corse sous peu minoritaire chez lui, est-il en légitime défense?
- L’ARC doit-elle baisser les bras ou doit-elle se battre pour un statut d’autonomie interne?
- Pouvons nous utiliser de façon responsable, réfléchie, déterminée, tous les moyens qu’implique cette légitime défense?
Enfin, question capitale:
- êtes vous prêts à assumer la lutte totale, inégale, à nos cotés?
- Êtes vous prêts à nous soutenir financièrement? à nous donner les moyens d’une meilleure information? à déclencher des grèves et des manifestations de soutien si l’on nous emprisonne? à continuer une lutte sans merci si l’on nous tue? »
« La clarté, la vigueur, l’ampleur, la foi de vos réponses ne sont pas une surprise. Aujourd’hui, nous pouvons dire que nous avons pris rendez-vous avec l’histoire. »
Le 21/22 AOUT 1975 : » LA PRISE D’ALERIA « . Après l’arrivée des » pieds-noirs » en Corse en 1962 et à la suite de magouilles dans les caves viticoles. Des autonomistes de l’A.R.C, conduit par EDMOND SIMEONI prennent en otages les ouvriers de la cave DEPEILLE à ALERIA
(lien)
2 membres des forces de répression sont tués par des tireurs isolés, aucun coup de feu mortel n’est partie de la Cave viticole : le maréchal des logis chef MICHEL HUGEL et le gendarme GIRAUD et plusieurs blessés dont un grave : PETRU SUSINI, militant de l’A.R.C.
Mensuel Corsica de 2005
16 h 05, exactement après que les accès à la cave ont été véritablement bouclés, c’est l’assaut. Il ne durera que quelques minutes. Les gendarmes mobiles lancent les premières grenades lacrymogènes. La fumée envahit le terrain, et d’un côté comme de l’autre, personne ne voit vraiment « l’ennemi ». Aux détonations lourdes des grenades succèdent d’autres, plus sèches, d’armes à feu. Un gendarme blessé à la tête s’effondre, puis un deuxième… D’ou viennent les tirs ? On ne le saura jamais avec précision. Selon certains, de la cave même. D’autres assurent que les tirs sont partis à la fois de la cave et des vignes. Pourtant, un militant armé présent dans les vignes affirme aujourd’hui : « On n’a pas tiré ». Mais il ne peut cependant exclure que d’autres tirs soient partis d’un autre poste d’observation que le sien. « Les coups de feu venaient d’un tas de bois, derrière le cordon des gendarmes » se souvient un – très – jeune militant de l’époque. Une explication qui tordrait définitivement le cou à la légende selon laquelle les gendarmes tués ont été abattus par un « friendly fire », des tirs de leurs camarades. Presque au même moment, une explosion retentit dans la cave. Pierrot Susini s’effondre, le pied arraché. Une grenade offensive tirée par les policiers ? C’est ce que soutiendront les insurgés, notamment lors de leur procès. Les forces de l’ordre, tout en reconnaissant qu’elle avaient répliqués aux tirs par des tirs, ont affirmé que Susini s’était blessé avec sa propre arme ou qu’il avait probablement été touché par l’un de ses amis. Aujourd’hui la plupart des occupants soutiennent que Susini a effectivement été victime d’une grenade lancée par les gendarmes. Même si les plus « objectifs » n’excluent pas tout à fait qu’il ait pu se blesser lui-même. En tout cas, la blessure de Susini a provoqué la sortie immédiate d’Edmond Simeoni avec un drapeau blanc : « Cessez le feu, nous avons trois morts et un blessé très grave ». Un pieux mensonge destiné à faire évacuer Susini.
Déjà chargée d’un gendarme agonisant, une ambulance rejoint la cave. Edmond Simeoni, selon ses dires, empêche in extremis les militants d’achever le militaire, qui mourra quelques minutes plus tard.
Alors que de part et d’autres on ramasse ses morts ou ses blessés, gendarmes et insurgés se retrouvent mêlés dans les volutes des lacrimos. On se défie, on hurle – « Nous sommes tous près à mourir ! ») crient plusieurs militants – on se menace aussi beaucoup. Une photo célèbre montre l’un des occupants de la cave braquant une Winchester de western sur le ventre d’un représentant des forces de l’ordre qui lève les bras, impuissant. Tandis qu’on embarque Pierrot Susini dans une ambulance, l’un des occupants de la ferme voit agoniser le jeune gendarme touché. Simeoni, lui, le fusil à la main, s’est avancé vers le sous-préfet. « C’est ça, lance un commissaire ; il y a tout de même eu deux morts, passons aux choses sérieuses ». La discussion dure quelques minutes, Simeoni revient vers ses hommes : « Le sous-préfet demande notre reddition à tous, le dépôt des armes et un contrôle des identités… Vous repartez à ces conditions et moi je me constitue prisonnier ». Les autres protestent, refusent… Certains veulent reprendre le combat, d’autre partir en force par les vignes. Ils quitteront finalement la cave, armés et juchés sur un camion sans que les forces de l’ordre n’interviennent. Edmond Simeoni, lui, n’a pas voulu les suivre malgré leurs demandes. « J’ai promis » répète-t-il. Un hélicoptère l’attend près de la cave, il va y monter. Les autres, sur leur camion, paradent en chantant et en brandissant leurs armes sous les yeux de la foule qui les applaudit.
Ensuite, ils vont tous se disperser et « prendre le maquis » aux quatre coins de la Corse. Certains restant planqués jusqu’au début de l’année suivante. Ceux qui vont rester chez eux seront arrêtés ou convoqués un an après avoir été identifiés pour se retrouver à sept aux côtés d’Edmond Simeoni, en prison, en attendant le fameux « procès d’Aleria » qui offrira aux revendications corses une tribune extraordinaire. « Edmond » écopera de cinq ans d’emprisonnement devant la cour de sûreté de l’État. À l’époque, même la CGT s’en indigne. Epargnés par la répression, les jeunes de la CSC se réuniront même clandestinement pendant leur cavale, jetant les bases des futurs colloques clandestins du Front.
Historique de la LLN et du FLNC 01 par antofpcl
Présent dans la cave. EDMOND SIMEONI, PETRU SUSINI, PETRU POGGIOLI
Le soir du 22 AOUT à BASTIA, un automobiliste est blessé à l’épaule par un coup de feu d’un C.R.S. trop nerveux.
La cave d’Aléria, elle, sera incendiée par un commando dans la nuit du 23 août
Le MERCREDI 27 AOUT 1975 : Après la prise D’ALERIA, dissolution de l’A.R.C dans l’après-midi. Et le 27 août, l’ARC sera dissoute en Conseil des ministres. Une décision que les maladresses policières vont rendre encore plus intolérable aux yeux des militants.
Dans la nuit du 27 Aout 1975 au JEUDI 28 AOUT 1975 : le soir même des incidents opposent les forces de répression et les manifestants, au départ des jets de bouteille en verre, puis des patrouilles de fourgons chargés de C.R.S., les pierres volent, les premiers blessés matraqués par les C.R.S., un directeur de garage et son fils, le bar LE RALLYE est pris d’assaut par les flics, les pierres et autres objets font front contre les grenades lacrymogènes. Plus de deux heures durant, le jeu du chat et de la souris, les vitrines du Crédit Agricole, du B.I.A.O, de la B.N.P. et autres officines de l’Etat volent en éclats. A deux heures trente du matin, le sang coule à BASTIA au cours d’une véritable insurrection où les armes à feu prennent le relais des pierres. Quatre C.R.S. blessés au premier coup de feu, puis un C.R.S. est tué.
Corsica mensuel aout 2005
Le soir, même, à Bastia, alors que quelques jeunes manifestants s’apprêtent à se disperser après avoir jeté des pierres sur les façades de la sous-préfecture pour protester contre la dissolution de l’ARC, un responsable de l’ordre va prendre une incroyable décision : faire tourner des camions de CRS autour de la place Saint Nicolas. Une « provocation » de trop pour les militants, qui balancent des pavés contre les cars de police. Soudain, les véhicules s’immobilisent. Les CRS, bloqués en pleine chaleur toute la journée, se sont immédiatement mis à la poursuite des manifestants en matraquant tous ceux qu’ils rencontraient sur leur passage : adultes, personnes âgés, touristes, journalistes… Les premiers blessés de la nuit de Bastia sont un patron de garage et son fils de dix ans qui l’accompagnait acheter des cigarettes. Les CRS se déchaînent. Ils coincent un groupe de consommateurs à l’intérieur d’un petit café de la Place où ils balancent des grenades lacrymogènes. En quelques minutes, les affrontements avec les manifestants ont débordé dans le centre-ville où des poubelles ont été incendiées, des vitrines brisées, des barrages de fortune érigés. Vers deux heures du matin tandis que résonnait le « Dio vi salve Regina » diffusé par les hauts parleurs d’un établissement, les premiers coups de feu ont éclaté. Plusieurs tireurs sortent des armes du coffre de leur voiture sous les yeux des touristes et des journalistes qui n’en reviennent pas. Les CRS paniquent, tentent de s’abriter derrière leurs boucliers. Les tireurs peuvent être une dizaine, voire plus, et continuent à « faire des cartons ». Bilan : 1 mort et 26 blessés dont deux graves. De belles images d’émeutes pour la télévision… Comme si la Corse entière s’était soulevée.
La « nuit rouge de BASTIA ». A l’appel de l’A.R.C., c’est la révolte contre « les forces d’occupations étrangères ».
Le jeudi 28 AOUT 1975 : Interpellation d’un militant nationaliste, Serge Cacciari pour les émeutes de la veille.
SEPTEMBRE 1975
Le 1er SEPTEMBRE : ISULA MORTA pour soutenir les patriotes incarcérés après ALERIA.
Source storiacorsa.unita-naziunale.org (création 1998)
Source : Cette page a été réalisé avec les informations du site Libertà mis en ligne en 1998 et du site Patriottu mis en ligne en 2001 avec les rajouts des sources suivantes : Quid, Unità Naziunale, France 3 Corse, FR3, Dvd Génération FLNC, K7 Le FLNC dans l’histoire, U Ribombu, Kyrn, Corsica Infurmazione, A Fiara, Paese, Arritti, Sources diverses internet, La provence Corse, Corse Matin, U Ribellu, Le mémorial des corses, Derrière les cagoules…
1957 – 1964 à 1972 – 1973 – 1974 – 1975 – 1976