Au terme de quatre années de débats au sein de l’Assemblée de Corse pour bâtir la demande de réforme constitutionnelle pour l’île, il restait à formuler une dernière revendication, celle de l’amnistie des prisonniers politiques. C’est fait. Le 28 mai dernier, l’Assemblée de Corse a adopté une « Déclaration Solennelle » à l’unanimité moins trois non-participation de la Gauche Républicaine.
Bien sûr, la demande reste pour l’heure symbolique, comme toutes les autres revendications mises en avant par une grande majorité des élus, de l’inscription de la Corse dans la Constitution, au statut de coofficialité, en passant par le statut de résident, la question fiscale, ou celles de la collectivité unique et du Padduc voulu et élaboré « par et pour le peuple corse ».
Bien sûr, cette « déclaration » bien que « solennelle » aborde le sujet avec moult prudence. Bien sûr, d’aucuns trouveront peut-être le document insuffisant face à une question sensible, urgente même, lorsque des familles sont déchirées ou des jeunes hommes qui crient leur innocence sont en préventive depuis de très longs mois. Lorsqu’on se penche sur les dossiers, parfois d’un vide sidéral, sur les manquements aux droits les plus élémentaires, sur la disproportion des peines, sur le traitement inique infligé aux détenus, sur la question du rapprochement et de la double peine, pour eux-mêmes et pour leur famille, sur les personnes encore inquiétées, sur la manière dont sont conduites les enquêtes et les interpellations, il est évident que cette question de l’amnistie est au cœur de la résolution du « problème corse » et de l’apaisement recherché.
La grande majorité des élus de l’Assemblée, toutes tendances confondues, droite, gauche, nationalistes réunis, l’ont compris. Il est nécessaire d’en sortir par le haut, de parler d’une seule voix à Paris et de rassembler nos volontés pour convaincre du chemin emprunté pour construire la paix.
Pour l’heure, même si le gouvernement se ferme à nos demandes, la priorité a été d’abord de bâtir des relations apaisées au sein même de la société corse.
Ce sont les Corses eux-mêmes qui ont impulsé ce bouleversement démocratique, en votant massivement pour les listes nationalistes en mars 2010. 36% de l’électorat insulaire ont ainsi signifié clairement à l’ensemble de la classe politique leur volonté de mettre les nationalistes au centre du jeu politique. Une volonté qui s’est confirmée ensuite à l’occasion des scrutins qui ont suivis, départementaux en 2011 et 2015, municipaux en 2014, législatifs en 2012 et même européen avec les scores importants réalisés en 2009 et 2014, alors que jusqu’ici les scrutins nationaux ou européens avaient toujours été inaccessibles pour les nationalistes.
L’Exécutif territorial a compris le sens de ce message et le poids des nationalistes en ouvrant des débats sans tabous sur la plupart de nos fondamentaux.
Enfin, le FLNC a pris une décision majeure en juin 2014, en annonçant la fin de la lutte armée et en respectant cet engagement.
Face à tous ces événements importants, l’Assemblée de Corse a donc pris ses responsabilités et cheminé vers un processus de sortie de crise dont le dénouement approche.
Jusqu’ici l’Etat soit a fait la sourde oreille, soit relativisé la portée des événements, soit encore invoqué sa barrière constitutionnelle et opposé des fins de non-recevoir. Mais le gouvernement sait pertinemment qu’il ne pourra poursuivre ainsi indéfiniment et qu’il lui faudra, tôt ou tard, face à la demande réitérée, à de larges majorités, de la plupart des élus de la Corse, ouvrir plus sincèrement les portes du dialogue.
Le peuple est appelé encore une fois à valider ce processus, lors de la manifestation du samedi 13 juin prochain à Aiacciu (rendez-vous 16h à la gare). Ce sera une nouvelle étape.
Le scrutin de décembre 2015 sera ensuite un test important pour soutenir les « acquis de la mandature », tant dans son résultat bien sûr, que dans la constitution de listes nationalistes recherchant l’union la plus large, afin de continuer à proposer une offre lisible et crédible pour notre peuple.
Les deux années que devrait durer la prochaine mandature avant la mise en place d’une collectivité unique, seront capitales en effet, puisque les nouveaux élus auront à négocier la réforme constitutionnelle devant le gouvernement.
Tout se tient. Chacun d’entre nous est face à ses responsabilités devant une histoire qui peut s’accélérer, comme en Ecosse, comme en Catalogne. Les nationalistes encore une fois devront faire preuve d’une grande maturité dans toutes ces étapes. Le temps n’est plus aux petites polémiques politiciennes, aux tergiversations, aux manœuvres et surtout pas à la multiplication des listes. Le temps est à la responsabilité collective.
Et c’est dans ce climat que se tiendra l’assemblée générale du PNC le 14 juin prochain à l’Università di Corti
Cari amichi militenti è simpatizenti, hè ora di mòvesi, di partecipà à tutti l’appuntamenti. Manifestemu inseme u 13 di ghjugnu in Aiacciu, è fèmuci sente dinù u 14 di ghjugnu à u senu di u naziunalìsimu corsu… da fà nazione.