#Corse « Après le vote en faveur de l’amnistie » par @F_Alfonsi

L’Assemblée de Corse poursuit sa route et a voté une résolution pour engager un processus d’amnistie politique en réponse à la décision d’arrêt définitif de la violence prise par le FLNC. La démarche engagée il y a quatre ans à l’Assemblée franchit une nouvelle étape. Elle ouvre le champ à un nouveau paysage politique en Corse, sans violence clandestine, mais aussi sans véritable avancée du côté de l’Etat.

L’Etat a choisi de faire le dos rond, de jouer de sa phénoménale force d’inertie dans une sorte de combat d’usure. Christiane Taubira reçoit les élus corses, mais c’est un simple exercice de style, sans lendemain politique. L’Assemblée de Corse vote en faveur de l’amnistie, une nouvelle fois à l’unanimité ou presque -48 voix, trois abstentions-, mais rien ne change véritablement.amnistiaMairieCorse2015

En science physique, on parle d’un équilibre « métastable » pour qualifier une telle situation, quand rien ne bouge en apparence, alors que, en réalité, les choses sont condamnées à évoluer inexorablement. Prenez l’exemple d’un balancier dressé le contrepoids vers le ciel, dans un équilibre immobile. Au moindre mouvement, il basculera vers le bas, et il ne pourra jamais revenir à sa position initiale. Mais, avant que ce mouvement ne se déclenche, il peut se maintenir en position un certain temps, un temps d’autant plus long si ses mécanismes sont rouillés et freinent le déclenchement de l’évolution finale. La société corse est pleine de ces blocages qu’il faut lever un à un avant qu’elle se mette en mouvement, sans compter ceux de l’Etat français qui sont notoires. C’est même le « champion d’Europe » des Etats jacobins, dans un climat général européen lui-même peu porteur pour des évolutions positives.

La situation se fige ainsi en apparence, mais, en profondeur, le statu quo est devenu intenable. Comment provoquer enfin le basculement politique ? Le plus sûr moyen du rapport de forces est bien évidemment le rapport de forces électoral, et, en décembre prochain, viendront les élections territoriales qui mesureront l’état des forces en présence.

A droite, la fracture départementale de Corse du Sud a ouvert un champ inépuisable de rivalités. Les victoires municipales et départementales sont éclipsées, au point de requinquer le mouvement de la « droite régionaliste » de Jean Martin Mondoloni. Trois listes sont désormais presque certaines, et, en cas de rabibochage in extrémis, l’amalgame serait peu crédible.

A gauche, le PS local, et ses déclinaisons diverses –Corse Sociale Démocrate à Aiacciu, autour de Hyacinthe Mattei en Balagne, de Jean Charles Orsucci dans l’Extrême Sud-, finit de se décomposer entre la débâcle ajaccienne, la division bastiaise, son échec balanin et la perte de crédibilité gouvernementale, notamment sur le dossier corse. Le « parti français » du groupe Zuccarelli devra faire campagne sans l’appui de la machine bastiaise qui lui servait de base électorale jusque-là. Quant au Front de Gauche, son influence est déclinante. Face à une concurrence ainsi affaiblie, Paul Giacobbi apparaît comme « l’homme fort » à gauche, mais c’est plus par défaut que par son influence propre. Et la situation financière de la CTC ne lui permet guère de faire campagne sur son bilan.

Chez les nationalistes, les fondamentaux ont changé depuis que la violence politique a cessé. Cependant, les deux familles politiques restent bien différenciées, et les groupes politiques de l’Assemblée sortante sont en lice pour leur reconduction, en espérant un score encore renforcé par rapport à celui, excellent, de 2010. Mais là encore les équilibres sont « métastables » ; jusqu’à quand cet équilibre peut-il tenir ? Jusqu’aux élections de décembre certainement, mais avec quels résultats ? Femu a Corsica n’a pas évolué depuis 2010, alors que le « créneau » nationaliste change de nature : il doit désormais incarner l’espoir d’une Corse qui se redresse, qui s’engage vers un autre avenir. Or les nouveaux programmes ne sont pas faits, les acquis sont intéressants, mais ils sont datés désormais. Nous avons six mois pour relancer une dynamique que l’AG du PNC, dimanche 14 juin à Corti, va contribuer à animer.

FrancoisAlfonsiDécembre 2015 n’est qu’un tremplin pour rebondir en vue de 2017, date annoncée pour la mise en place de la future Collectivité Unique de Corse. Mais il faudra savoir rebondir pour espérer provoquer le basculement politique dont nous rêvons. Sinon, la Corse continuera deux ans encore dans cet « équilibre métastable » qui désespère les forces vives les plus dynamiques au sein du peuple corse.

François Alfonsi

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