Voici le texte de la Fédération de la Haute-Corse du Parti Socialiste approuvé ce matin lors du Conseil fédéral du 30 mai 2015 :
« Chaque corse souhaite la paix et la prospérité pour son Île. Le dépôt des armes annoncé en juin dernier par le FLNC a été une excellente nouvelle. A l’échelle de la Corse ce geste fort et sans préalable, est sans nul doute, historique après plusieurs décennies d’incertitudes et de désordres.
Il pourrait recevoir une réponse à la hauteur des enjeux de la Corse, sous la forme d’une loi d’amnistie qui devra concerner après étude au cas par cas, tous les crimes et délits perpétrés ces dernières années. Dans un processus de normalisation politique et dans un climat d’apaisement de la société, les gestes comptent. D’ailleurs l’Etat a utilisé l’amnistie,notamment en 1882 en Corse et 1990, dans le cadre de la détermination du statut de la Nouvelle-Calédonie et plusieurs fois dans l’histoire.
La délibération de l’Assemblée de Corse et le geste du FLNC vont dans le bon sens.Il reste maintenant à l’Etat à faire sa part du chemin. Nous devons être conscients que la réconciliation, aussi impérative qu’elle puisse être après une période de troubles, est loin d’être facile. Elle est un long processus qui passe par la justice mais aussi par la possibilité de faire la part du pardon et de l’oubli. Les délits et les crimes amnistiés ne font pas oublier les pertes et les douleurs des familles.
L’amnistie pardonne sans oublier. Pour l’amnistie comme pour le reste des sujets contenus dans la déclaration de l’Assemblée de Corse, nous devons poursuivre le travail d’explication et de pédagogie sans démagogie, ni posture ou arrière-pensée. Ce n’est pas parce que les réponses de l’Etat à nos revendications ne sont pas satisfaisantes aujourd’hui, que nous devons renoncer à les concrétiser. Ce n’est pas parce que nous les exigeons que nous les obtiendrons plus rapidement, avec plus d’efficacité.
Ce n’est pas parce que nous les pensons légitimes qu’elles sont conformes à ce que peut accepter la République. Penser qu’exiger est une forme de dialogue est une erreur. Nous devons faire avancer les grands chantiers ouverts pendant cette mandature et plutôt que de s’enfermer dans des revendications qui sont excessives aux vues de ce qui peut être fait aujourd’hui. Mettons en pratique le principe de subsidiarité et faisons évoluer nos outils institutionnels pour un statut fiscal et une remise à plat des recettes de la Corse.
Faisons entrer dans la société corse notre langue en développant le bilinguisme réel. Cen’est que par la démonstration et les actions concrètes que nous obtiendrons des avancées. Faisons le bilan des 35 ans de décentralisation du PEI et analysons le développement de l’ile ne serait-ce qu’en les comparant avec les iles voisines (Crête,Sicile Sardaigne et Baléares).
La Corse à bien des égards est à une période de transition : transition sociale, politique, économique, énergétique. Il y a des sujets et des causes qui dépassent les intérêts individuels, les postures, les gesticulations électoralistes. L’amnistie, la protection des hommes, de la langue, de la terre, de l’identité, la préparation de l’avenir sont de ceux-là.
Nous oeuvrerons pour que de nouvelles avancées significatives puissent donner à la Corse des résultats en matière d’emploi et de qualité de vie. »
Emmanuelle de Gentili