Les grandes manœuvres des élections territoriales ont commencé. Pour leur donner encore plus de sel, il se trouve qu’à Paris le parcours des différents combattants pour les présidentielles a lui aussi débuté. Ce qui aura des conséquences directes en Corse !
Il appartient aux Nationaux de prendre la mesure de la situation et avoir à l’esprit que la prochaine disparition des Conseils Généraux va modifier la donne à l’intérieur du clan.
Le transfert total des compétences à la région aura pour conséquence que la CTC ne sera plus seulement le lieu unique du débat mais aussi le lieu de décision .
Ses représentants seront élus à la proportionnelle intégrale , ce qui donne une chance majeure à ceux qui se réclament de la Nation de faire autre chose que de l’opposition intelligente… Exit les élus prétendument de « proximité » au poids inversement proportionnel à leur représentation élective de territoires désertifiés, exit le conseiller général des villes qui s’occupe de la route quand le maire s’occupe des trottoirs…
Dans ces conditions si particulières, et profitant des soubresauts internes qui agitent les partis traditionnels , le Mouvement National doit sérieusement envisager de concourir pour sortir en tête au deuxième tour et bénéficier de la prime de 9 élus qui ira au gagnant.
A l’évidence, cela ne se fera qu’à la seule condition qu’il n’y ait qu’une seule liste commune de tous les nationalistes au plus tard au second tour, la priorité n’étant pas de créer un parti unique mais d’organiser un projet politique sur la base de principes défendus depuis maintenant un demi siècle.
C’est la raison pour laquelle l’alliance éventuelle de 3ème tour avec les partis traditionnels ne devrait être possible qu’avec ceux des élus du clan qui ont démontré leur capacité à s’affranchir des états-majors parisiens et en aucun cas avec les élus « godillots » !
Car en réalité, tout le monde a bien compris que les différences du paysage politique corse ne réside pas en une illusoire dichotomie entre « fausse droite » et « fausse gauche » mais dans la multiplicité de petites féodalités électives de type pyramidal, dont l’émiettement voulu par le pouvoir central affaiblit l’expression démocratique et confie le rôle de véritable « roi de Corse » au préfet de région ! Et que la posture de beaucoup de ces élus varient selon le moment et l’endroit où ils se trouvent !
Voilà pourquoi le contrat de gouvernance à l’Assemblée devra faire une place essentielle au rapport de forces sans lequel il se trouverait toujours un ministre pour venir faire la leçon aux élus du Peuple Corse et leur démontrer que toutes les motions votées sont anticonstitutionnelles.
En réalité, les Corses n’ont pas besoin d’un homme providentiel qui s’impose mais de femmes et d’ hommes qui s’opposent ! Les Corses sont bien les seuls à croire que la CTC est une véritable Assemblée de Corse, alors que pour l’État elle n’est pas autre chose qu’une structure administrative de plus, et qu’il entend bien que les gestionnaires-élus y tiennent le plus longtemps possible de sempiternels débats qu’il est bien décidé à ne pas prendre en compte !
A l’heure où la France affaiblie politiquement voit se rallumer les feux de son nationalisme le plus inquiétant et où les représentants de Paris en Corse activent à nouveau les mécanismes de la vengeance d’État et du colonialisme, les Nationaux ne sauraient passer à côté de cette opportunité sous peine de disparaître en tant que force de revendication.
La Corse doit-elle attendre 20, 30 ou 40 ans que la France soit absorbée par l’Europe pour sortir du non-droit et du sous-développement ?
Ghjacumu Faggianelli