Elie Domota, le syndicaliste guadeloupéen qui s’était fait connaître lors du mouvement de grève contre la vie chère en 2009 était l’invité ce matin de France Inter. Le porte-parole du LKP (Liyannaj Kont Pwofitasyon) demande des réparations à la France pour l’esclavage.
Le syndicaliste guadeloupéen Elie Domota s’est livré ce dimanche à un réquisitoire contre François Hollande, arrivé la veille en Guadeloupe. Il reproche au président de refuser des réparations pour l’esclavage et de n’avoir pas amélioré une « situation très grave » sur le plan social. Invité de France Inter, le secrétaire général de l’Union syndicale des travailleurs de Guadeloupe, a reproché au chef de l’Etat, comme à son prédécesseur Nicolas Sarkozy, de considérer, en refusant les réparations que « la colonisation était une bonne chose, l’esclavage était une bonne chose ».
« Toute chose mérite réparation »
« Quand ils disent qu’ils sont opposés à la réparation, c’est qu’ils considèrent que la citoyenneté française c’est la réparation. C’est comme si vous venez chez quelqu’un, vous tuez la famille, vous violez la petite fille, et quelques années après vous lui faites deux enfants, vous vous mariez avec elle et vous considérez que le problème est réglé! », a argumenté Elie Domota. Selon lui, « toute chose mérite réparation » et « un crime contre l’humanité est
imprescriptible ».
« Domination économique »
Les indemnisations accordées en 1848 aux propriétaires d’esclaves, lors de l’abolition de l’esclavage leur ont permis « d’asseoir leur domination économique et sociale, de créer des banques et de faire en sorte que l’économie coloniale soit préservée ». « Ce que nous demandons c’est l’abrogation de ces textes de 1848 et 1849 qui ont indemnisé les colons, car ils ne sont pas conformes à la Constitution française ».
« 60 % des jeunes au chômage en Guadeloupe »
Par ailleurs, pour le porte parole du collectif LKP (contre l’exploitation outrancière), en venant en Guadeloupe, François Hollande « est plus en préparation de sa candidature 2017 que dans le cadre de mise en oeuvre de politiques publiques pour stopper les disparités ». « Aujourd’hui, la Guadeloupe, c’est 60% des jeunes de moins de 25 ans qui sont au chômage, c’est pratiquement 30 à 33% de la population active qui est au chômage, c’est un taux d’illetrisme qui dépasse les 25% de la population », a-t-il dénoncé. « Et le problème de la vie chère se pose toujours ». « La situation est très grave et les réponses apportées par les politiques publiques sont totalement insuffisantes », a-t-il conclu.SOURCE