Aujourd’hui, 8 avril 2015, j’entame ma 26° année de détention. En effet, j’ai été condamné à la RCP (Réclusion Criminelle à Perpétuité) et pour espérer sortir de prison, il faudra qu’une juridiction daigne un jour m’octroyer un aménagement de peine.
Sortie sous surveillance électronique pendant 1 à 3 ans avec toutes les contraintes aussi absurdes les unes que les autres qu’abusivement ils pourront m’imposer. Pour l’instant, même ce minimum, ils n’ont pas l’intention de me le concéder. Par contre, le jour où cet aménagement de peine me sera enfin accordé, à la fin des 1 ou 3 ans, je serai peut-être alors mis en liberté conditionnelle pendant x années de plus avec toujours des contraintes qui ne pourront être plus ubuesques. Vous conviendrez que je suis loin d’être en train de parler de liberté. C’est alors de fait une condamnation à mort lente. Ils ont certes eu le courage politique d’abolir la condamnation à mort foudroyante mais vu qu’ils n’ont pas encore assorti celle-ci d’une échelle de peine adéquate, les condamnés à la RCP se confrontent inexorablement à l’arbitraire. On peut donc se poser la question de savoir qu’est-ce qui est le moins cruel et inhumain : être brusquement « raccourci » par le tranchant de la guillotine ou être « raccourci » tout lentement et hypocritement par les jours, les mois, les interminables années d’incarcération jusqu’à plus de vie ? A moins bien sûr qu’une maladie létale ou la balle d’un maton vienne interrompre le calvaire de ce séjour sans fin !
Evidemment, vous êtes en droit de vous questionner pour savoir s’il y a ou s’il n’y a pas d’incohérence, puisque c’est une façon d’appliquer la loi, aussi injuste soit-elle.
Et bien alors, je vous l’explique ! En fait, j’ai été condamné à la Réclusion Criminelle à Perpétuité dans l’Etat français pour des faits commis dans l’Etat espagnol. Vu que je suis (par imposition) de nationalité française, l’Etat français n’a pas pu m’extrader, car madame la France a la bonté de protéger ses ressortissants (ne riez pas, c’est sérieux !). Depuis, d’ailleurs, elle a revu sa copie, puisque pour remédier à cela, ils nous ont pondu la loi nommée « mandat d’arrêt européen ». J’ai donc été condamné dans l’hexagone par les Assises Spéciales de la Cour d’Appel de Paris. Là où il me semble que le bât blesse, c’est que pour les faits qu’il m’était reproché d’avoir commis dans l’Etat espagnol, si j’avais été condmné là-bas, je l’aurais été bien moins sévèrement qu’ici. Comment ça ? Tout simplement parce que j’aurais été condamné à une peine de 30 ans de prison, puisque c’était, à ce moment-là, la peine maximale dans l’Etat espagnol. Ça veut juste dire qu’avec les remises de peine normales, je serais actuellement dehors et libre. Même pas sous bracelet électronique, ni en liberté conditionnelle, pas plus que déporté et assigné à résidence, mais libre !!!