30ème ANNIVERSAIRE DE L’ABOLITION DE LA PEINE DE MORT EN FRANCE

La loi pour l’abolition de la peine de mort en France a été promulguée le 9octobre 1981 et appliquée à partir du 10octobre 1981. «Depuis la réforme constitutionnelle de 2007, tout retour en arrière sur le sujet est impossible, y compris en temps de guerre», a rappelé hier, pour s’en réjouir, le député Jean-Jacques Urvoas. «En 1981, la France était le 35eétat abolitionniste dans le monde, 138 le sont aujourd’hui sur 193 états membres de l’ONU. L’exécution récente de Troy Davis aux États-Unis montre qu’il y a encore du chemin à faire», a signifié, hier, Bernard Poignant.

Extraits: le 17septembre 1981 devant les députés

L’un des derniers pays. «Il se trouve que la France aura été, en dépit de tant d’efforts courageux, l’un des derniers pays, presque le dernier – et je baisse la voix pour le dire – en Europe occidentale, dont elle a été si souvent le foyer et le pôle, à abolir la peine de mort».

Pourquoi ce retard? «En vérité, la question de la peine de mort est simple pour qui veut l’analyser avec lucidité. Elle ne se pose pas en termes de dissuasion, ni même de technique répressive, mais en termes de choix politique ou de choix moral».

Peine de mort et criminalité. «Je l’ai déjà dit, mais je lerépète volontiers au regard dugrand silence antérieur: leseul résultat auquel ont conduit toutes les recherches menées par les criminologues est la constatation de l’absence de lien entre la peine de mort et l’évolution de la criminalité sanglante.»

L’évocation de la peine. «Si vous y réfléchissez simplement, les crimes les plus terribles, ceux qui saisissent le plus la sensibilité publique – et on le comprend – ceux qu’on appelle les crimesatroces sont commis le plussouvent par des hommesemportéspar une pulsion deviolence et de mort qui abolit jusqu’aux défenses de la raison. À cet instant de folie, à cet instant de passion meurtrière,l’évocation de la peine, qu’elle soit de mort ou qu’elle soit perpétuelle, ne trouve pas sa placechez l’homme qui tue».

Humaine, donc faillible. «Aussi terribles, aussi odieuxque soient leurs actes, iln’est point d’hommes en cetteterre dont la culpabilité soit totale et dont il faille pour toujours désespérer totalement. Aussi prudente que soit la justice, aussi mesurés et angoissés que soient les femmes et les hommes qui jugent, la justice demeure humaine, donc faillible».

«Le choix qui s’offre à vos consciences est donc clair». «Ou notre société refuse une justice qui tue et accepte d’assumer, au nom de ses valeurs fondamentales – celles qui l’ont faite grande et respectée entre toutes – la vie de ceux qui font horreur, déments ou criminels ou les deux à la fois, et c’est le choix de l’abolition; ou cette société croit, en dépit de l’expérience des siècles, faire disparaître le crime avec le criminel, et c’est l’élimination».

Pages sanglantes tournées. «Demain, grâce à vous, la justice française ne sera plus une justice qui tue. Demain, grâce à vous, il n’y aura plus, pour notre honte commune, d’exécutions furtives, à l’aube, sous le dais noir, dans les prisons françaises. Demain, les pages sanglantes de notre justice seront tournées».

Source: La Documentation française

Sur le même sujet :

http://www.senat.fr/evenement/archives/D22/abolition.html

 

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