La participation au premier tour des élections départementales a plafonné à 50%, sauf quand « a frebba eletturale » est montée d’un coup dans les cantons à enjeux, essentiellement en Haute Corse. La droite roccaserriste triomphe en Corse du Sud, Paul Giacobbi tient bon dans le nord : dans un scrutin porté par les seules machines électorales, la Corse a l’impression de revivre les années 70, avant que n’ait surgi le mouvement nationaliste.
A un an des territoriales, les forces traditionnelles sortent renforcées du scrutin départemental, et les « progressistes » sont absents de débats politiciens entièrement tournés vers les allégeances campanilistes. Tout le paysage politique qui se construit ainsi nous tient à l’écart des enjeux réels, du débat essentiel, celui de l’avenir du peuple corse. Et bien sûr ce n’est pas bon pour le mouvement nationaliste !
Selon toute probabilité, la réforme territoriale va en pâtir, tout comme l’avenir du Padduc, car la proximité cultivée par les machines électorales c’est bien souvent la proximité avec les intérêts économiques les plus primaires.
Pour la Corse, la division en deux départements a été un préjudice considérable quand elle a été instaurée en 1976 pour consolider le clanisme autour de ses deux pôles ancestraux. L’échec du referendum de 2003, pour une poignée de voix alors que nous avions la victoire à portée de main, a eu des conséquences considérables. Pour n’en citer qu’une : Jean Christophe Angelini à Portivechju et Gilles Simeoni à Bastia ont raté l’élection législative de peu de choses en 2012, exactement le « peu de choses » qu’un Président de Conseil Général a pu apporter à ceux qui nous sont passés devant ! Sinon, deux députés nationalistes seraient aujourd’hui au Palais Bourbon, et cela changerait considérablement le rapport de forces avec l’Etat.
Quant à la réforme territoriale elle aurait alors avancé à un autre rythme, et nous n’en serions pas aujourd’hui à gérer deux structures départementales obsolètes, clanistes et condamnées à disparaître, mais qui vont continuer à dispenser leurs « bienfaits » politiques aux forces les plus opposées à l’évolution de la Corse vers l’autonomie. Avec un risque sérieux que cela ne pèse sur le scrutin territorial qui aura lieu dans huit mois à peine.
Dans ce panorama corse peu réjouissant, quelques uns ont réussi à faire émerger le mouvement nationaliste. C’est le cas principalement à Bastia : des élus Femu a Corsica siègeront désormais dans ce Conseil Général jusqu’alors chasse gardée de nos adversaires. Mais ce résultat est la conséquence des municipales de l’an dernier qui ont permis de capitaliser des alliances sur la ville. Il n’y a aucune dynamique nouvelle dans ce succès. Deux conseiller(e)s sont assurées, un troisième possible sur les huit élus dans les cantons urbains de la Communauté d’Agglomération. C’est évidemment positif.
Paul Jo Caìtucoli, conseiller général nationaliste sortant dont le canton d’origine a été noyé dans l’ensemble du canton du Tàravu a opposé une belle résistance au rouleau compresseur de la doublette Marcel Francisci/Valérie Bozzi. Mais ses 23% n’ont pas empêché l’élection du binôme de droite dès le premier tour.
Le canton de Portivechju où Jean Christophe Angelini avait été élu il y a six ans contre Camille de Rocca Serra a été « charcuté » sans rémission par la réforme, coupant la ville de Portivechju en deux. Les candidatures « jeunes » qui ont porté les couleurs nationalistes ont fait de bons scores, mais elles n’étaient pas taillées pour barrer la route à la droite portovecchiaise et au Président sortant du Conseil Général.
Un second tour aura lieu dimanche pour parachever ce gâchis démocratique. Vivement lundi que l’on passe enfin à autre chose !
François ALFONSI
Ailleurs qu’en Corse, ces élections départementales ont pu avoir un rôle salutaire, notamment pour les territoires qui ne disposent d’aucun moyen de se faire entendre au niveau régional, soit parce qu’ils y sont marginalisés comme le Pays Basque en Aquitaine, désormais agrandie jusqu’à la Charente et le Poitou, soit parce que l’échelon régional y a été brutalement supprimé comme en Alsace.
Au Pays Basque le mouvement nationaliste est implanté de longue date, mais jamais il n’avait réussi une aussi bonne élection. Euskal Herria Bai (oui à la nation basque) a été présente dans les 12 cantons du Pays Basque. Entre 6 et 10% dans les grandes villes, 15 à 20% dans les autres cantons du littoral, plus de 20% dans la montagne basque et jusqu’à 38% pour Alain Iriart, conseiller abertzale sortant, assuré de garder son siège au second tour et de faire élire sa co-listière : les basques d’Iparralde ont toutes les raisons de se montrer satisfaits de leur progression.
En Alsace, Unserland, membre de RPS et de l’ALE, a obtenu une percée spectaculaire en réussissant à fédérer la révolte alsacienne contre la suppression de la Région Alsace. Désormais l’électorat autonomiste alsacien est constitué, avec des scores impressionnants dans les vingt trois cantons où ils ont présenté des candidats : trois cantons au dessus de 20%, huit cantons au dessus de 15%, neuf entre 10 et 15%. Seuls les trois cantons urbains de Strasbourg restent à la traîne, au dessus de 5% tout de même. Rott und Wiss : l’Alsace n’est pas morte !
#corse « Départementales: Le grand bon en arrière » par @F_Alfonsi
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