La visite de deux ministres français dans notre pays n’a pas, c’est le moins que l’on puisse dire, suscité un enthousiasme considérable. Il est vrai qu’à part l’annonce de l’amendement sur la collectivité unique, il est difficile de trouver dans les propos tenus devant l’Assemblée de Corse un motif quelconque de satisfaction.
Rappelons que 46 élus sur les 51 que compte l’Assemblée se sont prononcés pour une révision constitutionnelle, afin de donner à l’île le nouveau statut dont elle a impérativement besoin. Ne pas répondre à cette demande apparaît à la fois comme un déni de démocratie et une insupportable marque de mépris.
Quelques jours plus tard, un second message parvenait aux Corses sous la forme d’une série d’arrestations dans nos rangs. Trois d’entre elles concernaient des membres de l’exécutif de Corsica Libera.
L’un de nos secrétaires nationaux, Petru Paoli, devait être incarcéré dans les heures qui suivaient, sans doute pour marquer tout l’intérêt de l’Etat français à l’égard de son engagement personnel en faveur de l’apaisement. Dans un tel contexte, l’exécutif de Corsica Libera eut à se livrer à une analyse des propos, et surtout des actes des responsables parisiens. Après quelques minutes de débat se dessinait un sentiment unanime : le piège était tellement grossier qu’il constituait une insulte à l’intelligence collective des militants de notre mouvement. Car ce qui dérange Paris, c’est évidemment la stratégie mise en oeuvre par Corsica Libera dès 2010, début de la mandature de l’Assemblée de Corse.
Depuis des décennies, la France n’a eu de cesse de tenter d’isoler le courant indépendantiste. Or l’action de notre formation d’une part, la décision historique du FLNC de l’autre, ont eu pour résultat de placer la Lutte de Libération Nationale au centre du jeu politique (les élections municipales d’Aiacciu en constituent une illustration).
De l’autre côté de la mer, si l’on accepte de voir se dessiner une recomposition autour d’une mouvance vaguement autonomiste, on ne peut tolérer de retrouver au coeur des évolutions ceux qui remettent en cause la mainmise française sur la Corse. D’où les grossières manoeuvres répressives de ces derniers jours.
Les Machiavels au petit pied en seront pour leurs frais. La riposte politique est d’ores et déjà programmée.
Jean-Guy Talamoni
Président du groupe Corsica Libera