Voici l’article de Corse Matin en date du 7 mars 2015 sur le Meeting pour une voie politique:
C’est une ambiance de meeting politique qui régnait hier soir au palais des congrès d’Ajaccio. La musique et les slogans en moins. La question éminemment politique et sensible méritait des échanges dépassionnés.
Plus de 450 personnes se sont déplacées pour entendre les membres d’une coordination évoquer des plans de mobilisation pour défendre les grandes orientations politiques votées à l’assemblée de Corse. À la tribune, de nombreuses figures politiques nationalistes comme Jean-Guy Talamoni, Gilles Simeoni, Jean-Christophe Angelini ou Paul-Jo Caitucoli. Mais également deux élus de gauche, Jean-Charles Orsucci, maire PS de Bonifacio et Jean- Baptiste Luccioni, conseiller territorial et maire de Pietrosella. À leurs côtés encore, des personnalités comme André Paccou ou Jean-Toussaint Poli du STC.
Dans la salle, Pierre Ghionga pour l’exécutif et des représentants de la société civile comme Jean-André Miniconi pour la CGPME et le collectif Dumane da fà.
« Rapport de force démocratique »
Au-delà d’un point d’étape dans la mobilisation pour défendre la coofficialité, le statut de résident ou la fiscalité, c’est la question de l’amnistie des prisonniers corses incarcérés qui a été mise sur la table. Par Jean Charles Orsucci tout d’abord. Prenant l’exemple du secrétaire national de Corsica Libera, il a martelé : « Il n’est pas possible de travailler pour la paix en continuant à incarcérer des personnes comme Pierre Paoli. » Sur la visite ministérielle critiquée par la famille nationaliste, le maire de Bonifacio a été plus nuancé. « J’ai entendu un ministre de l’Intérieur vouloir établir un lien de discussion et de confiance. » Avant d’ajouter : « On ne peut pas établir ce lien avec 25 personnes en prison. Partout en Europe, des conflits similaires se sont réglés par l’amnistie des prisonniers. »
Si Jean-Christophe Angelini a introduit son propos par la « capacité des nationalistes à s’unir lorsque les circonstances l’exigent », il a dénoncé la « réponse de Paris fondamentalement mauvaise et incohérente avec les délibérations répétées de l’Assemblée de Corse ». L’élu de Porto-Vecchio ne passe pas par quatre chemins : « Nous sommes engagés dans un rapport de force démocratique », avant d’adresser son soutien « le plus fraternel et le plus profond au patriote Pierre Paoli ». Pour ses premiers mots, Jean- Baptiste Luccioni a tenu à rappeler « le dépôt des armes sans condition », décidé par le FLNC. « Si notre littoral est encore un peu préservé, c’est parce que des gens ont fait des actions la nuit.
Le gouvernement ne se montre pas à la hauteur des engagements pris par ces personnes », a souligné le maire de Pietrosella sous les applaudissements.
« Apaisement »
Avant de citer Victor Hugo à propos des Communards : « Quand on arrive au bout d’un processus, il y a l’apaisement et l’apaisement c’est l’amnistie. » Le « déni de démocratie », Gilles Simeoni l’a exprimé ainsi : « Il n’est pas acceptable qu’il existe encore des questions dont l’Etat ne souhaite pas parler. Mais question de tomber dans la provocation. Les prisonniers politiques font partie du problème et ils feront partie de la solution. » « L’apaisement », c’est le mot qu’a choisi André Paccou de la Ligue des droits de l’Homme pour parler de l’amnistie des prisonniers.
Pour une fois, les attaques sur la famille libérale ne sont pas venues des nationalistes. Rappelant « l’anachronisme de la justice antiterroriste qui traite les Corses différemment des autres citoyens français », André Paccou a politisé : « La gauche nous a apporté les statuts particuliers Joxe, la loi Jospin, demain la collectivité unique, la droite a apporté la Jirs et l’antiterrorisme. » « Très ému » par une famille nationaliste « réunie », Paul-Jo Caitucoli a cité en exemple l’épouse de Jean-Marie Tjibaou, le leader nationaliste kanak assassiné. « Je lui ai demandé un jour pourquoi elle semblait aussi sereine, elle m’a répondu que la réconciliation avait fait son oeuvre, à travers des actes forts. » Une réconciliation qui passe par l’amnistie globale des prisonniers politiques pour les membres de la coordination présents hier soir. Le débat sur la place publique est officiellement lancé.
Avec l’aimable autorisation de GHJILORMU PADOVANI / Corse Matin
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