« Autonomie, ce n’est pas le mot (…) On est dans un cadre de décentralisation et non dans un cadre de fédération autonome ». En une phrase lors de l’émission Cuntrastu du 22 février dernier, Marylise Lebranchu a défini l’impasse politique qui est aujourd’hui celle de la Corse au sein de l’Etat français.
Le vote dans la nuit du 20 février par l’Assemblée Nationale de l’amendement n°13 au projet de loi sur la Nouvelle Organisation de la République créant « à compter du 1er janvier 2018 la Collectivité Territoriale de Corse en lieu et place de la région Corse et des départements de Corse-du-Sud et de Haute-Corse » a acté la suite donnée par le gouvernement aux quatre années de débats institutionnels menés par l’Assemblée de Corse durant la mandature qui s’achève. C’est à la fois quelque chose et pas grand-chose, dans la continuité de ce qu’avaient été en leur temps le premier statut particulier de 1982 et ceux qui lui ont fait suite, statut Joxe en 1992 ou processus de Matignon en 2002. Le problème corse reste posé, mais les solutions effectives sont encore et toujours repoussées au nom d’un Etat français enfermé dans son carcan jacobin.
L’Etat a plusieurs têtes, et les contradictions y sont nombreuses. Il y a le pouvoir politique, tiraillé entre la « ministre bons offices » Marylise Lebranchu, et le gardien du temple jacobin Manuel Valls. Il y a le pouvoir judiciaire au sein duquel le parquet anti-terroriste entend garder une sorte de leadership, comme l’a encore montré récemment l’arrestation de Pierre Paoli, alors que la décision du FLNC de dépôt des armes lui enlève de facto un rôle jusqu’alors prépondérant. Et il y a les « pouvoirs constitués », cette nébuleuse qui regroupe le Conseil Constitutionnel et différents pans de la haute administration unis dans une même aversion à l’égard du peuple corse, tant par sanctification du modèle « un et indivisible » de l’Etat jacobin que par détestation de la « revendication corse » qui, par nature, remet ce modèle en question. modification substantielle de la Constitution.
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