Ce début d’année 2015 est, du point de vue des militants du PNC, chargé de bien des incertitudes pour la Corse. Crise économique et sociale, poussée du chômage, liquidation programmée de la SNCM et nouvelles menaces sur la desserte de l’île, difficultés liées au processus engagé avec le gouvernement… De toutes parts, la situation se détériore alors même que notre peuple, dans son immense majorité, continue d’aspirer à une véritable solution politique.
Les récentes visites ministérielles, loin d’ouvrir une telle perspective, ont au contraire renforcé ce sentiment d’insécurité et de malaise. Certes, le PNC prend acte, avec satisfaction, du vote par l’Assemblée nationale d’un amendement relatif à la Collectivité Unique dans la loi NOTRe. Nous saluons, 12 ans après l’échec de la consultation référendaire de 2003, la disparition, désormais inéluctable, de l’échelon départemental en Corse. Pour autant, l’évolution majeure, celle qui permettrait la pleine application des délibérations de l’assemblée de Corse, et la reconnaissance de nos droits les plus essentiels, n’est pas engagée.
La réforme de la Constitution demeure en effet un sujet tabou, après que les élus de la Corse l’aient réclamée à une écrasante majorité.
En outre, concernant toujours la Collectivité Unique, deux sujets majeurs restent posés : le contenu, qui sera précisé par ordonnances, et le calendrier.
Sur le fond, ni la chambre des territoires, voulue par notre assemblée sous la forme d’un Etablissement Public Administratif, ni un mode de scrutin plus respectueux de notre diversité politique, ni même une ventilation claire des compétences et ressources ne sont aujourd’hui proposés par Paris.
Le PNC réclame donc une concertation aboutie et une implication permanente de notre assemblée dans ces travaux. Ces ordonnances ne sauraient être imposées à la Corse, à rebours de la volonté exprimée par nos élus sur chacun des grands aspects de la réforme.
Quant au calendrier, déjà étendu à fin 2017, il doit être précisé et nettement phasé, de la promulgation de la loi jusqu’à la fusion des trois collectivités et aux élections générales qui en découleront. Il s’agit là d’une exigence démocratique partagée par l’ensemble du mouvement national et très au-delà.
Le rapport de force doit maintenant s’amplifier, sans surenchères d’aucune sorte ni postures partisanes, mais avec l’objectif clairement affiché d’accéder à un statut d’autonomie dans l’Europe durant la décennie qui s’ouvre. Sur ce plan, le PNC prendra prochainement un certain nombre d’initiatives. Il nous faut, collectivement, retrouver nos fondamentaux, ce qui n’exclut en rien l’indispensable ouverture à d’autres courants d’idées, dans la transparence et autour de projets connus de tous. La confusion qui règne actuellement sur les scrutins départementaux accentue cette nécessité. Bien souvent, la conquête d’un pouvoir éphémère, pour deux années seulement, donne lieu à d’improbables combinaisons. Le respect des convictions de chacun, d’une juste confrontation démocratique et in fine, de l’électeur lui-même se sont estompés au profit d’une volonté exclusive de victoire ou de revanche dans bien des territoires.
Le PNC ne partage rien de cette perspective. Nos militants seront néanmoins appelés à soutenir des candidats incarnant des valeurs compatibles avec les nôtres ainsi qu’une vision de la société correspondant à nos fondamentaux.
L’heure est donc à la mobilisation qui, pour le PNC, va s’articuler autour de 3 priorités :
Construire un projet de société. Nous l’avons souvent dit, le mouvement national est au seuil d’un nouveau cycle qui pourrait le conduire à assumer d’importantes responsabilités. Il ne saurait y parvenir sans avoir au préalable défini le contenu de son projet pour la Corse des 30 prochaines années. Les revendications d’ordre institutionnel, certes capitales, doivent être couplées à des propositions précises dans tous les grands domaines de l’action publique. Le PNC va donc rassembler, en son sein et au-delà, l’ensemble des compétences disponibles aux fins d’élaborer ce projet au cours des prochaines semaines.
Approfondir le dialogue avec l’ensemble des nationalistes. Le PNC a assis son identité politique sur l’affirmation permanente de la diversité du mouvement national. Deux offres, distinctes et non conflictuelles, structurent depuis l’origine notre courant d’idées. Les dernières échéances territoriales ont donné une légitimité inédite à cette configuration, avec près de 36% des suffrages. S’il importe de conserver cette pluralité, en toutes circonstances, nous devons en même temps multiplier les espaces de dialogue entre nationalistes, et pas uniquement entre organisations politiques. La force de notre Mouvement depuis 40 ans s’est toujours traduite au plan associatif, culturel, humanitaire ou syndical, autant qu’au plan politique et électoral. Le PNC va donc initier, dans les tous prochains jours, une série d’échanges avec ces structures et militants. La Corse et les nationalistes ont un besoin impérieux de dialogue en prévision d’échéances en tout point décisives.
Renforcer les outils d’émancipation nationale. Dans notre courant, ces outils sont prioritairement au nombre de deux : le PNC et Femu a Corsica. Le PNC, car il s’agit de notre espace premier, du doyen des mouvements nationalistes, engagé depuis 2002 au service exclusif de la nation corse autour d’options claires et durables. Nous allons donc renouer avec le terrain et organiser une série de réunions publiques, de rencontres thématiques, de séminaires de travail… Ces travaux connaitront leur point d’orgue avec une grande Assemblée Générale au printemps prochain. Nous voulons également, avec la même énergie, œuvrer au renforcement de Femu a Corsica. Il s’agit d’un outil fondamental dans lequel des milliers de Corses se reconnaissent et sont prêts à s’investir. Mais Femu a aujourd’hui besoin de clarté, de lisibilité et d’efficacité. Nous lançons donc un appel solennel à chaque organisation de Femu a Corsica, à chaque militant désireux de construire une démarche digne des attentes du peuple corse. Pour le PNC, Il est devenu urgent de matérialiser cette perspective avant l’été.
Statut de résident, co-officialité, autonomie énergétique, fiscalité propre… Autant de combats à livrer au cours des prochains mois, autour d’une même option stratégique : accéder aux responsabilités en décembre 2015 au bénéfice de la Corse et de son peuple.
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