À l’occasion de la demi-finale de la coupe de la Coupe de la Ligue, le Sporting Club de Bastia vient d’apporter une fois de plus la plus belle des réponses à tous ses détracteurs, celle de la solidarité d’un groupe capable de soulever des montagnes, mais aussi et surtout celle de la ferveur et de l’émoi populaire : grâce une fois de plus à son équipe favorite, le peuple corse se déplacera à Paris !
Toute l’intelligentsia parisienne aurait souhaitée certainement voir s’effondrer l’équipe corse face au grand Monaco, ses stars chichement payées par les milliards russes lui permettant de briller en Champion’s League, invaincue depuis le mois de novembre, avec des cages inviolées depuis des semaines… les pourfendeurs des clubs corses au sein de la Ligue Professionnelle de Football n’en reviennent toujours pas, Bastia a fait plus que bonne figure durant plus d’une heure et demie de jeu, elle a considérablement gêné le jeu monégasque, à l’image de son gardien et de ses défenseurs qui réalisent une prestation pleine d’assurance, elle s’est montrée dangereuse avec une ligne d’attaque fougueuse, elle a amplement mérité sa victoire et s’est qualifiée pour la finale de la coupe de « Monsieur Thiriez » ! N’en déplaise à tout le beau monde de l’anti-corsisme, le 11 avril prochain, sò milliaie è millaie di bandere corse chì sventuleranu in Parigi !
Déjà, ce 4 février, près de 4000 Corses se sont emparés du Stade Louis II, au point que les observateurs l’aient rebaptisé « Stade Louis Bleu » ! Faire l’effort d’un tel déplacement, en semaine, sous la pluie, c’est bien la preuve qu’il y a là un petit quelque chose en plus qu’un simple rendez-vous sportif dans les cœurs des supporters. N’est-ce pas un joli clin d’œil à ceux qui ne peuvent supporter l’aspiration des Corses à être eux-mêmes, Messieurs Cazeneuve, Valls et consorts ?
Cette démonstration de passion populaire autour d’un club, c’est bien plus qu’une demi-finale de coupe de la Ligne. Car le Sporting est bien plus qu’une équipe de football. Tout comme d’ailleurs toute équipe sportive insulaire se déplaçant à de grandes occasions ! Il y a bien eu à Monaco, au-delà de l’amour d’un maillot, une fierté exprimée collectivement autour d’une identité qui aspire à être reconnue, et qui répond à ceux qui lui refusent ce droit le plus légitime en totale communion avec des joueurs subjugués par ce sentiment, quelle que soit leur origine. Et c’est bien cette passion, cette ferveur, qui gênent terriblement des instances officielles du football français politiques, centralistes et jacobines.
Bastia en finale, c’est la magnifique histoire d’un club qui puise ses forces dans les grandes joies de ses prouesses comme dans les blessures profondes infligées par une histoire peu commune. Mais c’est aussi, et surtout, dans les tribunes, à ses côtés, à Furiani, comme sur le continent à chacun de ses déplacements, et dans les moindres recoins de l’île, la mobilisation d’un peuple qui exprime un « sentiment national » !
ça inquiète. Parce que le foot est aussi une vraie tribune. De ces médias, telle BFMTV, qui ne pouvaient le croire au point d’annoncer la victoire de l’AS.Monaco au terme de la séance de tirs aux buts, aux différents blogs de presse raillant Jean Philippe Thibaudeau, commentateur sur la TV du SCB, jugé un peu trop exalté, jusqu’à la principauté qui cherche à relativiser son échec en invoquant les incidents mineurs qu’elle a elle-même provoqués, en passant par tous ces journaux qui ne soulignent pas l’exploit, la nomenklatura du ballon rond français est frustré. C’est, qu’en plus, l’adversaire que rencontrera Bastia en final n’est autre que « le chouchou » Paris St Germain. Bien sûr, ultra favori avec toute sa ribambelle de stars… mais, face au public qui l’a montré du doigt, au détour d’une banderole criante de vérité, soutenue bien au-delà des frontières de l’île (« le Qatar finance le PSG et le terrorisme »), le doute s’installe… Et si le Sporting ramenait la coupe en Corse ?
Dénigrée depuis des années, et plus particulièrement ces derniers mois, son identité bafouée jusque sur les stades de football, son drapeau qu’on voudrait interdire, sa langue à qui on ferme les possibilités de survie et d’épanouissement, sa terre qu’on livre aux appétits spéculateurs, sa représentation élue qu’on méprise par le non-respect de ses délibérations, et jusqu’à ses victimes qu’on ignore de la plus grande catastrophe sportive qu’ait eu à connaître la France… la Corse dans toute sa singularité est toujours là ! Et voilà qu’elle s’exprime d’une façon plus inattendue, au travers d’un club qu’on ne cesse de vouloir enfoncer à coup de sanctions injustes et de mépris réguliers frisant le racisme !
Après un début de championnat difficile pour cause de mauvais casting de son entraîneur (épisode Makélélé), les bleus ont retrouvé tout leur caractère aux côtés du miraculeux Ghislain Printant qui a su raviver en ses joueurs la fougue et le talent pour les mettre au service de la grande famille du Sporting. Le nouveau coach sait trouver les mots pour les y intégrer totalement, tout comme avant lui Frédéric Hantz leur parlait avec le cœur de ce club en communion avec sa Terre. Bastia, invaincue en championnat depuis plusieurs semaines et finaliste de la coupe de la Ligue, qui l’aurait cru il y a seulement trois mois ? Alors, pourquoi ne pas imaginer un petit miracle en plus ?…
Mais qu’importe le résultat ! Le Sporting a déjà gagné en se hissant à un tel niveau : jouer au stade de France, sur la pelouse qui a été foulée par les plus grandes stars du football mondial, face au club de la capitale avec, comme un clin d’œil aux événements de Nice, des milliers de drapeaux corses qui viendront narguer les interdits…, chaque Corse ne peut ressentir qu’une belle fierté et comme un parfum de revanche !
Le 11 avril prochain, le peuple corse sera à Paris. Quelle victoire !
Cet article est paru dans Arritti du 12/02/2015. Soutenez le plus vieux journal de l’île (premier numéro paru : le 8 décembre 1966 !), abonnez-vous !
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