Ce 20 juin 2006, un amphithéâtre de l’université de Corte a reçu le nom de Dominique Lucchini « Ribeddu » en hommage à ce grand résistant Corse.
Le Général de Gaulle, chef de la France Libre, avait salué et décoré Dominique Lucchini dès 1944: «patriote magnifique de vigueur physique, de calme, de courage, d’énergie, dont les exploits surprenants ne se comptent plus, a été durant l’occupation étrangère la terreur des troupes italiennes auxquelles il infligera de lourdes pertes et qu’il ridiculisera en maintes occasions. Est sans doute le plus héroïque et le plus glorieux des patriotes corses de 1943».
Le sous-marin Casabianca que Dominique Lucchini s’apprêtait à réceptionner à Travu le 8 juin 1943 en compagnie de Paulin Colonna d’Istria, Jean Nicoli, André Giusti, Jules Mondoloni, Bébé Arrighi, Dominique Vincetti et Dominique Poli. La mission fut annulée, car l’on craignait une embuscade. Ribeddu, retourné sur place le lendemain pour récupérer des armes entreposées, tomba effectivement dans un guet-apens, auquel il échappa les armes à la main, abattant deux de ses agresseurs. Il put ainsi retourner au maquis et à la guerre de chaque instant à l’ennemi.
A ci ramenta Ghjuvan Paulu Poletti, in a so bellissima canzona « Tù Dumenicu », è a ci cantarà da quì à una stonda :
« D’ottobre in Zerubia, a luna hè cusì bella
è u ventu in furesta viulineghja in li pini
A notte di vaghjime aspetta un’ antra stella
Da i Martini à Siò marchjanu clandestini »
Dominique Lucchini est né en 1919 à Cargiaca (Corse-du-Sud). Pour rompre la monotonie de sa vie de berger, en 1937, il s’engage pour cinq ans dans la marine et fait la guerre en Extrême-Orient. Après l’armistice de juin 1940, pour le maintenir dans son arme, « …on lui présente deux questionnaires à remplir. L’un lui demandant d’attester qu’il n’a pas d’ascendance juive, l’autre qu’il n’appartient à aucune société secrète et s’engage à ne pas en faire partie au cas où les sociétés secrètes viendraient à se reconstituer ». Il remplit le premier mais refuse l’engagement qu’on lui demande. Cela lui vaudra 52 jours de prison et l’exclusion de La Royale.
Il retourne à Cargiaca dans la maison paternelle s’occuper de la bergerie et du jardin. En novembre 1942, les Italiens occupent la Corse. En janvier 1943, suite à une altercation avec un soldat italien, il s’enfuit mais est contraint de se constituer prisonnier pour que son père, pris en otage, soit libéré. Il restera 38 jours en prison ; l’occasion de se lier avec des résistants codétenus. Il s’évade et rejoint le hameau des Martini (commune de Fozzano), où il est accueilli par les résistants Jules Mondoloni et Charlot Giacomini.
Sa résistance commence à Serra di Scopamena, Saint-Lucie-de-Tallano et toute la région alentour. Il organise la réception des parachutages au plateau de Sio (nom de code « Fouine »). Le 8 juin 1943, il se rend à Travo (Plaine orientale) pour réceptionner le sous-marin Casabianca. Il est accompagné de Paulin Colonna d’Istria, Jean Nicoli, André Giusti, Jules Mondoloni, Bébé Arrighi, Dominique Vincetti et Dominique Poli. Surpris par les Italiens, le groupe doit interrompre sa mission nocturne. « Ribellu », avec un meunier de la région, retourne le lendemain sur les lieux où étaient cachées les armes. Ils sont surpris par les Italiens qui les font prisonniers. Au moment de la fouille, Ribellu fait feu contre les trois soldats qui l’encadrent et s’enfuit. « Quelques minutes plus tard, toute l’équipe, sauf le meunier (il s’était constitué prisonnier une deuxième fois) se retrouve, sans s’être donné le mot, au troisième dépôt, au-dessus de la ligne de chemin de fer. » Quelques jours plus tard, Jules Mondoloni tombe les armes à la main. « Ribellu » le vengera de ses mains. Il lui succède à la tête de la région qui va du Bas-Taravo et de Petreto-Bicchisano jusqu’à Tallano.
En février 1944, le général de Gaulle, Président du Gouvernement Provisoire de la République, lui attribue la Médaille militaire et la Croix de guerre avec palme, accompagnée de la citation suivante : « Patriote magnifique de vigueur physique, de calme, de courage, d’énergie, dont les exploîts surprenants ne se comptent plus, a été durant l’occupation étrangère la terreur des troupes italiennes auxquelles il infligera de lourdes pertes et qu’il ridiculisera en maintes occasions. Est sans doute le plus héroïque et le plus glorieux des patriotes corses de 1943 ».
Dominique Lucchini est décédé le 10 septembre 2002 à Aullène (Corse-du-Sud).
Dominique Lucchini was born in 1919 in Cargiaca (Corse-du-Sud). To break up the monotony of his life as a shepherd, in 1937, he enlisted in the navy for five years and fought in the Far East. After the armistice of 1940, to keep his position in the army, “…he was presented with two questionnaires to fill out. The first to confirm that he had no Jewish ancestry. The other demanded that he confirmed that he was not affiliated with any secret societies and would commit to not joining any in the event that these secret societies would reform. He filled out the first, but refused the second commitment demanded of him. This would cost him 52 days in prison and exclusion from the navy.”
His activity in the Resistance began in Serra di Scopamena, Saint-Lucie de Tallano, and the entire surrounding region. He organized the reception of parachute deliveries on the Sio plateau (code name for “Fouine”). On June 8th, 1943, he returned to Travo (eastern plain) to receive the submarine, Casabianca. He was accompanied by Paulin Colonna d’Istria, Jean Nicoli, André Guisti, Jules Mondoloni, Bébé Arrighi, Dominique Vincetti and Dominique Poli. Ambushed by the Italians, the group was forced to suspend their nigh-time mission. “Ribellu”, with a miller from the region, returned the next day to the locations where he had hidden weapons. They were also ambushed by the Italians and taken prisoner. During the search, Ribellu fired at three soldiers flanking them and fled. “A few minutes after, the whole team, with the exception of the miller (who was taken prisoner for the second time), instinctively regrouped at the third hiding spot above the railway line.” Several days later, Jules Mondoloni died in combat. “Ribellu” sought to personally avenge him. Lucchini succeeded him as head of the region, which extended from Lower-Taravo to Petreto-Bicchisano, up to Tallano.
In February of 1944, General De Gaulle, the president of the provisional government of the Republic, awarded Lucchini the Médaille militaireand the Croix de guerre, accompanied by the following message “A magnificent patriot of great physical vigor, energy, courage, and calmness, whose surprising achievements are innumerable, he became, during foreign occupation, “la terreur” for Italian troops, as a result of inflicting upon them heavy losses and ridiculing them on several occasions. He is without a doubt the most heroic and glorious of Corsican patriots of 1943.”
Dominique Lucchini died on December 10th, 2002 in Aullène (Lower Corsica).
D’après Maurice Choury, Tous bandits d’honneur, Editions sociales, 1958