« Chaque élection est une heure de vérité. Dans cette élection partielle d’Aiacciu, que le débat politique avait déserté au profit d’une empoignade entre sortants et sortis, Femu a Corsica doit faire le constat d’un score de 6,5% très inférieur à son potentiel.
Cet échec est bien sûr le résultat d’un parcours local mal engagé dès mars 2014, il y a un an, quand « l’union des nationalistes », au score déjà peu porteur de 11%, avait échoué à réaliser l’union des listes qui lui aurait permis d’être associée à une large victoire qu’aucune fraude n’aurait pu alors compromettre. Il en a été autrement, et la victoire à l’arraché de la droite grâce à un raz de marée de procurations entre les deux tours, a été annulée par les tribunaux.
Dix mois plus tard, le score cumulé des deux listes nationalistes, séparées cette fois, est un peu amélioré, mais il reste, avec 13%, à un niveau très bas. Et des deux composantes, c’est la liste Femu a Corsica qui fait la plus sévère contre-performance en ne regroupant qu’un électeur sur trois par rapport au premier tour des territoriales de 2010.
Cet échec répété à un an d’intervalle interroge d’abord Femu A Corsica sur Aiacciu. De facto, l’absence d’une structure performante sur la ville a généré une absence politique sur le terrain, et, alors que la perspective de l’annulation du scrutin de mars 2014 devenait de plus en plus précise, cette absence ne pouvait plus être compensée en trois semaines de campagne à cheval sur les fêtes de fin d’année. On ne peut pas construire une force de terrain sans la cohérence d’une structure fonctionnelle. Depuis 2010, ce rappel est fait sans relâche dans les colonnes d’Arritti, un éditorial après l’autre. Max Simeoni en a fait un leitmotiv. Mais rien n’y fait. Femu a Corsica doit comprendre qu’il surfera pas indéfiniment sur la vague de 2010, et qu’une élection territoriale ne peut se gagner uniquement à Bastia.
Le signal d’alarme tiré à Aiacciu doit être entendu, même si le calendrier électoral, qui enchaîne dès le mois prochain par des cantonales où nous n’aurons pas grand chose à faire, ne donne guère d’espace dans l’immédiat. Sauf situation locale particulière, notamment sur le territoire de l’agglomération bastiaise en lien avec les enjeux municipaux, les nationalistes seront loin de ces joutes d’un autre temps pour des assemblées départementales dont on débat, depuis le vote de la Collectivité Territoriale de Corse en faveur dune Collectivité Unique, de la disparition à court terme. Le plus court terme sera d’ailleurs le meilleur pour la Corse.
Mais le gouvernement a pris appui sur les événements terroristes parisiens et a repoussé tous les contacts avec l’Assemblée de Corse. Ils ne reprendront que cette semaine avec Bernard Cazeneuve et Marylise Lebranchu. Aussi, tous les espoirs d’une réforme rapide pour aller vers la Collectivité Unique semblent devoir s’envoler, malgré les plaidoyers de Pierre Chaubon. Et, semble-t-il, il n’existe pas actuellement un rapport de forces suffisant pour qu’il en soit autrement, Femu a Corsica doit reconstruire son image d’une force territoriale maître de ses choix et sûre de sa cohérence. Pour cela, il lui faut engager la campagne de décembre prochain sans tarder, mobiliser la réflexion collective pour aboutir avant l’été à la rédaction d’un programme qui sera capital pour en appeler à nouveau à la confiance du peuple corse et ré-installer Femu a Corsica au rang de favori indiscutable de la prochaine échéance.
C’est par le travail et la mise en commun que l’on surmontera le passage à vide constaté ces dernières semaines à Aiacciu. La réussite de décembre 2015 passe par notre capacité à nous mettre en ordre de bataille.
Femu a Corsica a relativement peu de temps désormais pour démontrer qu’il pourra assumer les grands défis d’une Corse autonome. »