« La crise, la Corse…et le monde » Par Eric Simoni

La crise économique et financière actuelle a permis de mettre en lumière deux aspects essentiels du système qui nous est aujourd’hui imposé au niveau planétaire : sa fragilité et sa duplicité.

Sa fragilité vient sans doute du fait que sa légitimation est avant tout basée sur des considérations d’ordre virtuel, pourtant présentées comme des règles de fonctionnement incontournables.

On s’aperçoit dès lors que la peur des petits épargnants, et la défiance à l’égard du système bancaire qui en découlerait, pourraient à elles seules mettre en péril tout l’édifice ; par contre l’effet d’annonce d’un possible renflouement avec de l’argent dont la disponibilité est plus ou moins avérée suffirait à « rassurer » les principaux acteurs, et à remettre en route la machine.

Les doutes, les craintes, les sentiments les plus variés, auraient donc un tel impact sur des mécanismes économiques dont on nous assure pourtant depuis des années qu’ils répondent à des lois immuables censées définir à elles seules le champ du réel, c’est à dire de ce que l’on peut faire ou ne pas faire, de ce qu’on est en droit d’espérer ou non ?

A ce stade on peut parler d’imposture, d’autant que les maîtres du jeu sont aujourd’hui des consortiums supranationaux qui parviennent à faire et défaire les gouvernements et à présider aux destinées des nations en orientant les lois et règlements en leur faveur. Cela se traduit à l’échelle des pays par une déstructuration du vrai tissu économique, celui qui répond réellement aux exigences d’un développement durable, dont, du reste, tout le monde continue à se réclamer.

PerIcorsi-Corsicalibera-AiacciucitaCorsa-terracorsaSi l’on rajoute à cela une sur administration développée à l’ombre d’Etats qui, au lieu d’être de simples instruments au service des peuples et des nations, deviennent les relais dociles de cette logique et de ce « patriotisme de firmes », alors on ne peut que constater à quel point le système est verrouillé. On comprend mieux la crise du service public, et les restrictions qui touchent les secteurs fondamentaux, comme l’éducation et la santé, alors que la gabegie continue ou s’installe dans des domaines d’activités ne répondant pas aux besoins réels, ou en tout cas prioritaires, des populations.

Les contraintes fiscales ou réglementaires imposées aux véritables acteurs économiques par ces structures administratives kafkaïennes, auront bientôt fini par avoir raison de toute dynamique de développement interdisant ainsi la répartition équitable, non seulement de la richesse produite, mais surtout de l’activité permettant de créer de la richesse et de vivre, pour tout un chacun, dignement, du fruit de son travail. Les manœuvres purement spéculatives, elles, continuent à se développer et à vampiriser, même en période de crise annoncée, l’économie ; jusqu’à quand ?

Ici on se rend bien compte de l’erreur fondamentale qui consiste à dissocier artificiellement les questions sociale et économique. Le développement économique ne renvoie pas à une notion abstraite basée sur des indicateurs de plus en plus controversés. Le vrai développement crée avant tout du bien être social, ou alors il s’agit de tout autre chose ; dans cette configuration ceux qui, se réclamant d’une certaine philosophie « libérale », estiment qu’il convient de récompenser l’esprit d’initiative, le travail individuel, la prise de risques, comme autant de boosters de l’économie, sont les premiers floués.

La situation de monopole et l’omnipotence actuelle de certains groupes, confortés par la chape de plomb qui pèse sur les petites entreprises et le monde du travail en général, consacrent cette « soviétisation » de la société au service des forces de l’argent.

Ceux qui, dans le cadre d’options plus « socialistes » optent pour donner la priorité au partage des richesses, sans remettre en question le fait que ces richesses soient produites par de moins en moins d’actifs, avec en corollaire l’augmentation vertigineuse de l’assistanat et de l’exclusion, ne font que renforcer ce système pervers qui s’accommode de toutes les revendications immédiates et sectorielles, et campe sur la division du corps social des nations. Dès lors les clivages idéologiques habituels ne semblent plus avoir de prise sur la réalité que nous vivons quotidiennement, et n’être que des prétextes pour diviser afin de continuer à mieux régner, tout en permettant à quelques marionnettes d’occuper les créneaux d’une pseudo représentativité politique. Ainsi va le monde…

Forger de nouvelles armes idéologiques

Mais d’autres schémas sont encore possibles ; les vieux dogmes, on le voit bien, ont vécu. A l’orée d’un nouveau monde, il convient de forger de nouvelles armes idéologiques qui prennent en compte les identités culturelles et les réalités humaines.

Les endroits qui auront su résister à l’uniformisation programmée du paysage économique et humain, seront les seuls à avoir de vraies perspectives de développement et à assurer aux générations futures un avenir digne.
A partir de ces petites entités, un modèle alternatif se développera qui apportera la preuve définitive qu’un autre monde est possible et nécessaire.

La Corse a tout à gagner à participer à cet élan , voire à l’impulser en montrant la voie.

Mais cela n’est envisageable que si nous sortons du cadre français actuel ; de ce point de vue aussi, l’indépendance devient donc la condition sine qua non de notre ouverture au monde.

Eric Simoni (29/01/09)

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