#Corse – « Ne peut être nationaliste corse qui seulement… se prétend » Pierre Poggioli

M’intéressant aux réseaux sociaux, j’ai pu constater ainsi que nombre de personnes se revendiquent du nationalisme corse dans leurs propos, mais aussi que nombre d’entre-eux identifient leur nationalisme à « un peu tout et n’importe quoi », utilisant souvent pour leur argumentation les stéréotypes, voire les clichés du type  « français de base » qu’ils sont pourtant censés combattre en tant que nationalistes corses, du fait d’une culture spécifique contestée et niée par la société française et ses gouvernants….

Cela surtout au gré des évènements en Corse ou ailleurs répercutés et « expliqués » par les « chiens de garde » de l’information française…

Et même à l’occasion d’élections (Conseils généraux, Législatives, sénatoriales) ou même  municipales comme actuellement à Aiacciu..

Au sujet des élections 

Au-delà du fait que nombre d’entre-eux (pseudonymes ou non) me sont inconnus (au moins comme militants), je suis un peu sidéré d’en voir certains faire ouvertement campagne pour la droite (voire pour la première fois  à Aiacciu pour Marine Le Pen).

Si je peux comprendre que des nationalistes sincères soient dégoûtés par les pratiques politiciennes qui se développent dans notre société, et ce malgré quarante ans de condamnation du clanisme et du clientélisme….

Si je peux comprendre aussi celles et ceux qui ont toujours refusé ou refusent toute démarche institutionnelle ou électorale…

Si je peux comprendre encore que certains nationalistes renvoient dos à dos tous les candidats, droite et gauche, Marcangeli et Renucci…. les critiques et griefs vis-à-vis de chacun pouvant être nombreuses, et à géométrie variable, selon celle ou celui qui les formule….

Je ne peux en revanche comprendre que certains d’entre-eux puissent appeler à voter ou faire campagne pour la droite, notamment à Aiacciu (la situation étant autre dans les villages et petites communes où les unions s’imposent) et cela même en échange de certains avantages ou services, mais alors il vaudrait mieux avoir la pudeur de se taire. Et cela surtout après une élection où la droite a été invalidée pour fraudes organisées, cheval de bataille des nationalistes depuis les années 70.

Une telle attitude révèle une vision sélective de l’histoire du Nationalisme Corse moderne et de la notion d’engagement au sein du mouvement nationaliste corse.

Vous avez dit « fondamentaux » !

Depuis sa version moderne des années 70, le Nationalisme corse a eu à pâtir les multiples facettes de la répression. Et la droite a toujours été en face, s’opposant à ses idées et ses revendications  (SAC-Francia, Cour de Sûreté de l’Etat, Le Pen demandant la peine de mort contre les nationalistes terroristes corses). Dans les années 80, alors que le nationalisme n’avait pas encore acquis droit de cité et qu’il ne faisait pas bon de s’afficher ou d’afficher certaines idées, il était en butte à l’hostilité et à la répression menée par les forces de droite et d’extrême droite (avec leurs élus à l’Assemblée ou avec la Corse Républicaine et Française, CFR…) toujours côte à côte y compris dans les institutions pour s’opposer aux revendications nationalistes sur la langue, la culture, les institutions, la libération des emprisonnés.

Certes aussi le clan de gauche (Radicaux de gauche) allié à cette droite et le Parti communiste étaient aussi opposés aux idées et revendications  nationalistes. Mais il faut se souvenir qu’après les années de plomb (années 70- 80), c’est l’arrivée de la gauche au pouvoir à Paris (années 80) qui a permis d’arracher certaines revendications portées par les nationalistes corses (amnisties, langue, université, statuts particuliers, médias..).

Et cela n’a été possible que grâce à la gauche française et à quelques relais de gauche dans l’île.

Certes cela ne signifie pas pour autant qu’il faille se déterminer par rapport à elle en s’alignant sur les choix (ou « non-choix ») de cette gauche française par rapport à la Corse… tout comme cela ne signifie en rien qu’en Corse, toute la gauche « républicaine, jacobine » qui depuis les années 90 est devenue majoritaire au sein de cette gauche française est naturellement fréquentable pour les Nationalistes.

Mais il faut avoir ces faits à l’esprit et par honnêteté intellectuelle, il faut arrêter de se revendiquer des fondements et de  l’historicité du nationalisme moderne corse, oubliant les références de cette lutte depuis les années 70, et occultant le fait que nous nous réclamions des idéaux de la gauche « universelle » (droit des peuples, justice sociale, répartition des richesses, lutte contre les puissances de l’argent et de la finance internationale,..), idéaux que nous ne retrouvons jamais à droite.

Même si comparaison n’est pas toujours raison, viendrait-il à l’idée un seul instant aux patriotes basques auxquels beaucoup de nationalistes se réfèrent de voter à droite ? Ce serait considéré au pays basque comme pure hérésie.. et chez nous ?

Même ces derniers mois, la droite, à quelques rares exceptions, a-t-elle fait, un seul instant, preuve d’esprit constructif lors des récentes discussions à l’Assemblée de Corse, certains de ses porte-paroles multipliant les propos anti-évolutionnistes…  Et les revendications adoptées par une majorité d’élus, toutes tendances, n’ont pas trop reçu de soutiens de cette droite.

Certes l’élection d’Aiacciu ne changera pas la société corse en profondeur, et au lendemain de ces élections, quels que soient les vainqueurs, même s’il serait plus intéressant d’avoir une majorité d’élus au sein de l’institution municipale qui ne soient pas opposés aux évolutions statutaires ou autres en Corse, au-delà de l’amélioration des conditions de vie des habitants de cette ville (école, logement, culture, circulation, logement…)  la vie continuera et l’essentiel des problèmes que connait notre île seront toujours là, mais il faut quand même de temps en temps se rappeler ses fondamentaux et le Nationalisme  corse a plus que jamais besoin de ses références car pour savoir où l’on va, il faut savoir d’où l’on vient.  Ne fusse aussi, au-delà de cette élection, que pour participer de la politisation d’une jeunesse se disant volontiers nationaliste mais ne sachant pas toujours ce qu’être nationaliste corse veut dire et implique dans la vie de tous les jours. Surtout lorsque l’on sait que si la droite est réélue à Aiacciu, elle disposera des grandes villes, du Conseil général et des députés dans leur totalité en Corse du Sud.

Alors difficile de comprendre qu’on soutienne cette droite peu encline à soutenir les évolutions demandées par les nationalistes corses.

De nouveaux défis

Après quarante ans de luttes et de sacrifices, il nous faut admettre aujourd’hui que malgré toute notre combativité, malgré l‘avancée de nos idées, nous ne pouvons espérer représenter qu’un tiers de l’électorat, la droite et la gauche en représentant chacun un tiers, et ce alors que les évolutions démographiques jouent contre le nationalisme corse. D’où deux solutions :

La première est la voie électorale avec ses obligations (et conséquences !) parmi, lesquelles la nécessité de se chercher des alliés. Et si l’on accepte ce jeu électoral, on ne peut échapper à une alliance avec un autre tiers…. pour accéder à certaines responsabilités dans l’île, sur des bases programmatiques claires, sans que cela puisse signifier pour autant que nous abandonnons nos revendications à moyen et long terme !!  Et selon moi, au vu de ses prises de positions passées et actuelles sur les évolutions dans l’île, ce tiers ne peut être la droite.

La deuxième est le refus de toute alliance avec quiconque. Dans ce cas, il faut avoir le courage d’en appeler à de nouvelles formes de luttes, de les imaginer et de les  proposer (de masse ou « autre »…). Et alors si je peux comprendre celles qui critiquent selon eux « l’impasse électorale et institutionnelle », que faire ?

Ce n’est pas la seule mise en place hypothétique d’institutions parallèles (type Cunsulta naziunale) qui apportera la réponse… sauf à remettre en question les « bases fondamentales théoriques et idéologiques » qui ont donné sa dimension actuelle au nationalisme corse, voire à les jeter aux orties, pour repartir sur de nouvelles bases avec « un nouveau ou autre nationalisme corse» à inventer et à structurer en lui donnant une nouvelle stratégie et de nouvelles orientations…

Les nouvelles donnes 

Mais quelles que soient les solutions envisagées il faudra  nécessairement tenir compte des évolutions de ces dernières années (sources INSEE sur l’installation des jeunes couples non corses avec enfants et progression démographique minorisant les Corses sur leur terre devenue terre d’immigration de masse).

Et ce d’autant plus que, malgré les dénis, force est de reconnaître que les récents graves événements en France pèseront désormais y compris en Corse pour son avenir, la menace djihadiste y étant bien présente. Aussi, même si la ou les solutions à envisager sont loin d’être évidentes ou faciles à trouver, il faut au moins réfléchir, au-delà des fantasmes, des dogmes et des mythes, aux orientations à prendre,  d’autant que notre peuple et la société corse n’ont plus ni les ressorts, ni la force, ni la dynamique des années 70-80, avant que les nationalistes ou certains d’entre-eux ne s’engagent dans des stratégies suicidaires ne pouvant que conduire à des impasses dont ils ne pourront se sortir..

PIERRE POGGIOLI

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