(CORSE MATIN) La liste nationaliste a rassemblé hier soir plus de 350 personnes dans la salle Sampiero Corso du palais des congrès. Pour rappeler son projet pour la ville et marteler que rien ne se fera sans elle, demain.
Hier soir dans la salle Sampiero corso du palais des congrès, avant même que ses représentants ne prennent la parole, Aiacciu cità corsa avait réalisé une belle performance : attirer plus de 350 personnes au meeting d’avant premier tour.
Les nationalistes, menés par Paul Leonetti ont réussi à faire aussi bien au même endroit que la liste unie Aiacciu cità nova à laquelle ils ont participé l’année dernière. C’était le 24 janvier 2014. Avec un plus significatif : bandere et tubes du répertoire nustrale étaient de sortie.
Pas de leaders emblématiques venus de l’En-deçà-des-monts pour s’exprimer au micro. Jean-Guy Talamoni, présent en soutien a laissé ses amis se débrouiller. Ce qu’ils ont fait avec l’élan patriotique que chacun leur connaît.
Paul Quastana, en voisin bienveillant, a déroulé la frise chronologique des « années de lutte » pour rafraîchir la mémoire de ceux qui contestent encore la légitimité du mouvement.
Depuis la création de la Somivac « au bénéfice des rapatriés d’Algérie et au détriment des Corses », en passant par l’Argentella, les boues rouges, Aleria et le FLNC. « Une lutte émaillée de dizaines d’années de prison, de morts. Mais également de réalisations importantes pour le peuple. Nous avons été à la base de tout. Et il serait inconcevable aujourd’hui de ne pas prendre notre place dans le paysage politique. Nos idées ont gagné et nous comptons bien jouer au moins le rôle de contre-pouvoir dans les institutions. »
« Un projet pour notre pays et son peuple »
La jeunesse, toujours bien représentée dans les rangs indépendantistes, s’est exprimée par les voix de Laura Maria Poli et François Santoni, colistiers d’Aiacciu cità corsa. « Le flambeau a bien été passé », a lancé la première.
La liste n’aurait que des visées territoriales ? « Nous ne nous en cachons pas : nous avons un projet pour notre pays et son peuple. Nous avons beau être jeunes, nous ne sommes pas naïfs ni ignorants de l’histoire de notre pays. »C’est le cheval de bataille de la « corsisation des emplois » que le jeune syndicaliste a tout d’abord évoqué. « Pour que les cadres et les jeunes diplômés de l’université de Corse soient prioritaires à la mairie, la Capa, dans l’administration et demain, dans le secteur privé. »La jeunesse du mouvement ? « Ce n’est pas une marionnette que l’on agite dans les meetings. Cette jeunesse est entendue et prend sa part dans les orientations.Pà custruì una Corsica libera, avemu bisognu di tutti ! »
Délégués dans les quartiers
La corde sociale, c’est Katty Bartoli, présidente de l’association U Vazziu, qui l’a faite vibrer. Elle a déploré « ces quartiers laissés à l’abandon, coupés les uns des autres avec leur jeunesse en perte de repères et de valeurs ».
La solution ? « Des délégués chargés de recueillir les préoccupations des habitants », courroies de transmission avec la maison carrée. Ou encore « la généralisation des jardins familiaux, là où ce sera possible. »
Celle qui est également vice-présidente de l’associu Sulidarità a tenu à saluer «i nostri fratelli incarcerati, ricercati da u statu francese o quelli chì hannu datu a so vita per u nostru avvene ».Martelant ceci : « Les seuls et uniques opposants à la répression se trouvent dans cette salle ce soir ! »
« Nous ne nous vendrons pas pour quelques places »
Jean-Paul Carrolaggi, ex soutien de Simon Renucci mais acteur d’une alliance de second tour pressentie avec l’ancien maire, n’a pas donné dans la circonvolution.« Il y a un an, j’étais ici aux côtés de Simon Renucci car nous pensions qu’il était temps pour lui de partager le pouvoir. Les conséquences de sa défaite furent la fraude, les faux stages, les fausses procurations. Sans compter les policiers coupables qui n’ont pas été sanctionnés. Il est impensable aujourd’hui de laisser les responsables de tout cela s’installer à la mairie », lance-t-il.
Rebondissant sur l’actualité dramatique, il a évoqué le « communautarisme qui ne pourrait mener qu’à des affrontements. Et de préciser : « Il ne s’agit pas de racisme, mais pas d’angélisme non plus. Une seule communauté est appelée à vivre sur cette terre, c’est celle du peuple corse. »
Anticipant sur le second tour, le médecin lâche : « Même si Simon Renucci est le seul avec lequel nous pouvons gagner, nous ne nous vendrons pas pour quelques places. Si dimanche est accord est conclu, nous en serons les seuls vainqueurs car nous sommes des militants et rien n’y personne ne pourra nous faire dévier de notre route. »
« Ne pas livrer Aspretto et la citadelle aux promoteurs »
C’est en fustigeant les « méthodes clientélistes basées sur l’assistanat comme mode de gestion »que Josepha Giacometti a débuté son intervention. La deuxième de la liste a évoqué la précarité et « la première urgence en la matière : le logement ». En évoquant la citadelle et Aspretto, il s’agira également de « rendre aux Ajacciens ce qui leur a été confisqué mais pas pour les livrer aux mains des promoteurs ».
La langue et la culture ? « Elles devront irriguer les politiques municipales », insiste-t-elle, rappelant qu’« Aiacciu cità corsa n’est pas qu’un slogan, c’est un projet global cohérent ».Non sans ajouter :« Les votes du Padduc, de la coofficialité, du statut de résident ont été actés. Nous avons gagné la bataille des idées, alors comportons-nous en vainqueurs !Hè suminata a rivolta, hè ora di a racolta !».
« Programme désintéressé »
Enfin, c’est bien un « programme généreux et désintéressé »qu’a vanté Paul Leonetti, le leader, soulignant qu’il n’y avait pas de « professionnels de la politique »au sein d’Aiacciu cità corsa : « Les calculs et les manœuvres en 40 ans n’ont pas eu raison de notre lutte ».
Car pour le chef d’entreprise, « Corsica libera a eu raison avant tout le monde. Pour un rapport de force qui, finalement, n’a pas tellement changé depuis les années soixante-dix. »Sur le commerce, secteur qu’il connaît bien, il a fustigé « un centre-ville moribond alors que les grands ensembles, pourvoyeurs d’emplois précaires, fleurissent en périphérie avec la bénédiction de l’UMP. »
Le colosse, voûté pour s’approcher des micros a fini par lancer à la foule : « le nationalisme est la dernière révolte du peuple. À vous de le faire entrer à la mairie ! »
Ghjilormu Padovani (TDR avec son aimable autorisation)